Le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, au sud de l’Ukraine, serait utilisée à des fins militaires par la Russie, selon les autorités ukrainiennes. La plus grande centrale d’Europe était tombée aux mains des Russes début mars. La Russie aurait déployé des lanceurs de missiles afin de pouvoir lancer ses engins sans risquer une riposte visant le lieu.

Le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia comporte six réacteurs, ce qui en fait le plus grand d’Europe.

La Russie a été qualifiée samedi de " pyromane " par le Canada au G20, au moment où elle est accusée sur le terrain d’avoir déployé des lanceurs pour tirer des missiles depuis la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine, et de chercher à relancer son offensive meurtrière dans l’est.

Signe de la volonté du Kremlin de poursuivre la guerre quoi qu’il en coûte, l’armée russe a perdu selon les experts occidentaux 15 à 20.000 hommes en quatre mois, ses représentants se sont rendus sur une base militaire au sud de Téhéran à deux reprises dernièrement pour se faire présenter des drones de combat iraniens, a affirmé samedi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, images satellites à l’appui.

La Russie a aussi lancé en juin une campagne de recrutement de volontaires qui s’est intensifiée en juillet, chacune de ses 85 régions devant réunir au moins 400 hommes, soit plus de 30.000 soldats, selon l’Institut américain d’étude de la guerre (ISW).

" Pyromane "

Le coût de la guerre est aussi économique, au premier chef pour la Russie, prise à la gorge par les sanctions, mais aussi pour le reste du monde, ont fait valoir les pays occidentaux au G20 de Bali, qui s’est cependant achevé samedi sans communiqué conjoint, faute de consensus sur ce point.

La participation de la Russie était " absurde " et " équivalait à inviter un pyromane à une réunion de pompiers ", a fustigé la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland.

Les accusations sont du même ordre en Ukraine, où l’opérateur national de l’énergie nucléaire a accusé l’armée russe d’avoir installé des lanceurs de missiles sur le site même de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans une zone qui est sous son contrôle depuis mars.

" La situation est extrêmement tendue et la tension s’accroît de jour en jour. Les occupants y amènent (…) y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l’autre côté " du fleuve Dniepr " et sur le territoire de Nikopol ", à 80 kilomètres au sud-ouest de Zaporijjia, a affirmé Petro Kotin, président d’Energoatom, sur Telegram.

Selon lui, environ 500 militaires russes se trouvent sur le site de cette centrale ukrainienne, la plus grande d’Europe.

" Déluge de feu " sur Dnipro

Le gouverneur de la région de Dnipro, Valentyn Reznichenko, a dénoncé samedi " un déluge de feu dans la matinée " sur le territoire de Nikopol, avec des tirs " de missiles Grad sur des quartiers résidentiels ", et 12 bâtiments, une école et une université endommagés.

A Nikopol, " les sauveteurs ont trouvé deux personnes mortes dans les ruines ", a-t-il annoncé. Vendredi soir, l’armée de l’air ukrainienne avait indiqué que des missiles russes Kh-101 avaient été tirés vers 22H00 de la mer Caspienne sur Dnipro, dont quatre ont été détruits.

Le centre de commandement de la région sud a indiqué samedi à l’aube que la situation était " tendue mais sous contrôle ".

" L’ennemi continue de mener des offensives (…) mais, faute de succès sur le terrain, il intensifie les frappes de missiles et aériennes ", a-t-il affirmé sur Facebook.

Plus au nord, près de Kharkiv, la deuxième ville du pays, la ville de Tchouguiv a été touchée vendredi soir par des missiles russes qui ont fait trois morts, a annoncé Oleg Sinegoubov, le gouverneur de la région.

Choïgou au Donbass

Dans le Donbass, les forces séparatistes et l’armée russe ont affirmé continuer à progresser et être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk, plus à l’est, au début du mois.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, avec les officiers russes au Donbass.

" La Russie a déjà fait des déclarations de succès prématurées et fausses ", qui visent à " démontrer le succès de l’opération à l’opinion publique " russe et renforcer le moral des troupes, a cependant observé le ministère britannique de la Défense. Il a souligné que les offensives russes dans le Donbass restaient " réduites " face à la résistance des Ukrainiens.

Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que le ministre, Sergueï Choïgou, s’était rendu auprès des soldats impliqués dans l’offensive en Ukraine, sans préciser la date de cette visite, la deuxième après une première en juin, ni si elle avait eu lieu en Ukraine ou en Russie. Il a " donné les instructions nécessaires pour accroître encore " la pression militaire, a ajouté le ministère.

Avec AFP