La transition écologique oui, mais sans oublier les hydrocarbures, demandent les Émirats arabes unis par le biais de leur ministre de l’Environnement. Ce riche état pétrolier arabe a récemment diversifié son économie et accélère sa transition écologique, mais les énergies fossiles représentent toujours 30% de son PIB.

La transition vers des sources d’énergie propres doit être " juste ", et financée par le commerce actuel des hydrocarbures, a déclaré à l’AFP la ministre du Changement climatique et de l’Environnement des Émirats arabes unis, l’un des plus importants exportateurs de pétrole.

" Ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie. Nous ne sommes pas encore prêts ", a déclaré Mariam Almheiri, dans une interview à l’AFP, en marge de la visite en France depuis lundi 18 juillet du président de ce riche État du Golfe, Mohammed ben Zayed, au moment où l’Europe connaît une vague de chaleur exceptionnelle que nombreux experts attribuent notamment au changement climatique.

Nécessité d’une " transition juste "

Selon la ministre émiratie, " le pétrole et le gaz feront encore partie du mix énergétique pendant un certain temps ", les experts estimant que les hydrocarbures sont en partie responsables du réchauffement de la planète.

Émirats arabes unis

Pour sa première visite d’État à l’étranger en tant que président, Mohammed ben Zayed a rencontré son homologue français Emmanuel Macron, notamment pour parler d’énergie, alors que Paris cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement dans le contexte de la guerre en Ukraine.

" Nous avons besoin (…) d’une transition juste parce que chaque pays n’est pas au même niveau ", a expliqué Mariam Almheiri, assurant que le sien utilise " la richesse du pétrole et du gaz pour accélérer (la transition vers) les énergies renouvelables " : " l’énergie propre et renouvelable coûte de l’argent ".

Selon les Nations unies, plus de 130 pays, dont les Émirats, se sont fixé ou envisagent de se fixer pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre à un niveau net de zéro d’ici à 2050, un objectif que l’ONU juge " impératif " pour préserver un climat vivable.

Augmenter la production

Les experts estiment que seule une transformation en profondeur de notre façon de produire, distribuer et consommer, pourrait changer la donne, l’industrie des hydrocarbures étant particulièrement visée.

Mais sur fond d’inflation globale, les États-Unis et l’Europe tentent de persuader les pays exportateurs de pétrole, notamment ceux du Golfe, d’augmenter leur production de pétrole afin de calmer les marchés et contenir la volatilité des prix de l’or noir.

" Il y a quelques mois, les gens nous montraient du doigt en disant : +pourquoi continuez-vous à produire (du pétrole) ?+. Aujourd’hui, ils nous supplient de produire plus ", a fait remarquer Mariam Almheiri.

Émirats arabes unis France
" MBZ " a été reçu à Paris par Emmanuel Macron le 18 juillet (AFP)

Si les Émirats arabes unis, dont font partie Abou Dhabi et Dubaï, ont connu, grâce au pétrole, une croissance fulgurante depuis les années 1970, l’économie s’est récemment diversifiée, l’or noir ne représentant plus que 30% du PIB.

Mais avec un marché à son avantage, l’industrie pétrolière et gazière devrait y investir plus de 600 milliards de dollars chaque année jusqu’en 2030, ne serait-ce que pour répondre à la demande.

" Nous possédons le pétrole et le gaz comme ressource naturelle. Nous n’avons pas d’eau, (…) donc tant que le monde aura besoin de pétrole et de gaz, nous en fournirons ", a fait valoir la ministre émiratie.

Un pays de plus en plus chaud

Les Émirats arabes unis assurent dépenser des milliards pour développer les énergies renouvelables afin de couvrir la moitié de leurs besoins d’ici à 2050.

Premier pays arabe doté d’une centrale nucléaire, nommée Barakah, les Émirats ont par ailleurs construit deux des plus grands parcs solaires du monde à Abou Dhabi, la capitale, et Dubaï, hub financier, immobilier et touristique de la région.

Les experts prévoient des épisodes plus fréquents et plus intenses de phénomènes météorologiques extrêmes dans les années à venir. Et la région du Golfe sera elle-même particulièrement affectée, avec des risques pour la santé des habitants, alors que les températures frôlent déjà les 50 degrés en été.

Selon une étude publiée dans la revue Nature Climate Change, certaines parties du Golfe pourraient être frappées par " des épisodes sans précédent de chaleur mortelle en raison du changement climatique ".

Les Émirats arabes unis, qui accueillent l’année prochaine la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28), poursuivront leur " approche à deux volets ", en investissant à la fois dans les hydrocarbures et les énergies renouvelables, assure leur ministre du Changement climatique et de l’Environnement : " nous avons des objectifs à atteindre ".

Avec AFP