Les changements politiques majeurs qu’Israël vit sont exceptionnels. Frôler le seuil de la guerre civile pour l’État hébreu n’est pas un détail dans l’histoire de ce pays qui n’a jamais été confronté à des défis de ce genre depuis la proclamation de la création de l’État d’Israël en mai 1948.

Même au plus fort des divisions internes entre la droite et la gauche, les différends n’ont jamais atteint ce niveau de conflit. Pendant des décennies, la politique intérieure israélienne a évolué sur base d’une compréhension totale et tacite entre les composantes de l’échiquier politique israélien au sujet du déplacement des Palestiniens et la démolition de leurs maisons, du refus de leur faire des concessions, notamment sur les grandes questions contestées, telles que Jérusalem, le retour des réfugiés et la délimitation des frontières, ou sur la réussite de ce qui était appelé le processus de paix.

L’initiative de paix arabe, adoptée à l’unanimité par les pays arabes lors du sommet de Beyrouth en 2002 et établissant le principe de la terre contre la paix (qui est une continuation de la conférence de Madrid de 1991), n’a guère été prise en compte par Israël qui s’est contenté d’exprimer son accord verbal sans s’engager dans une action politique concrète sur le terrain. En effet, Israël préfère traiter avec les pays arabes de manière individuelle plutôt que collective. Cela a d’ailleurs été facilité après de nombreuses années grâce aux accords d’Abraham, parrainés par l’ancien président américain Donald Trump, et qui ont permis à Tel-Aviv de normaliser ses relations avec le Maroc, le Soudan, Bahreïn et les Émirats arabes unis.

Les conflits au sein de la société israélienne ont toujours opposé l’extrême droite à une droite encore plus radicale. En réalité, il n’y a pas d’aile modérée dans l’équation politique israélienne, même si la gauche israélienne a tenté à l’époque des anciens Premiers ministres Yitzhak Rabin et Shimon Peres de se présenter comme plus modérée sous la bannière du parti travailliste. Pourtant, la majorité des guerres israéliennes à l’étranger ont été lancées par les gouvernements du parti travailliste.

Par ailleurs, Israël tente souvent, en particulier dans les médias occidentaux, de se faire passer pour la seule démocratie au Moyen-Orient. Cette approche est fondée sur une vision altérée de la réalité et des pratiques mises en œuvre par ce dernier. En ce sens, comment l’État hébreu peut-il prétendre être démocratique alors qu’il pratique la colonisation, l’occupation de territoires arabes et l’expulsion des autochtones? Ainsi, comment justifier les actes de violences quotidiens de l’occupation israélienne, tels que le meurtre d’innocents et l’appel des colons à raser le village palestinien de Hawara?

Toutefois, le plus grand problème reste la confusion délibérée entre l’antisionisme et l’antisémitisme véhiculée à dessein par les gouvernements israéliens, les médias et les activistes sur les réseaux sociaux. Bien qu’il y ait une grande différence entre les deux questions, Tel Aviv ne manque pas d’exploiter cette confusion pour servir ses intérêts, attirer la sympathie internationale, politique et populaire et se positionner comme la victime en permanence.

En tout état de cause, il semble évident que les efforts déployés par Israël pour éluder la question de la Palestine et de son occupation, en approfondissant ses relations avec certaines capitales arabes dans le but d’occulter sa position sur cette question centrale, ne seront pas couronnés de succès. La Coupe du monde de football au Qatar est un excellent exemple à cet égard.

Il est inconcevable d’accepter de banaliser ou de dénigrer la question palestinienne, parfois en passant outre les Palestiniens, et parfois en essayant de la transformer en une simple question de sécurité que l’on résout par des mesures d’ordre sécuritaire. La question est bien plus profonde que cela. Il s’agit du droit d’un peuple à vivre et à pratiquer l’auto-détermination.