Écoutez l’article


Un parti ne s’achète jamais. Il pourrait mourir si sa assabiya n’est pas respectée et protégée. Ce serait un arbre qu’on déracine et qui perd rapidement une à une ses feuilles, ensuite ses branches se dessèchent et il meurt. 

Un parti politique peut naître dans des circonstances exceptionnelles, sous la foulée d’événements majeurs appelant à la mobilisation populaire autour d’un leader charismatique, prônant quelques valeurs, positions ou principes. Mais le parti ne se stabilise qu’en s’institutionnalisant dans la durée.

En même temps que l’action politique elle-même et l’entrée dans la compétition, il se tisse des liens parmi les " camarades " et se construit ainsi une assabiya, sorte de lien spontané, surtout affectif et qui fonde lui-même une mémoire propre au parti, voire son identité.

En s’adressant au soleil, Zarathoustra lui dit: " Que serrais-tu, grand astre, si tu n’avais pas tous ceux que tu éclaires?! "

Cette réflexion nous amène à décoder les relations intimes qui se créent entre un leader, au Liban un zaïm, et ses supporters, ses fans.

Les supporters, qui sont principalement les cadres et sympathisants, finissent par former avec leur zaïm un bloc… historique – avec la permission de Gramsci à qui on emprunte l’expression. Mais ici, il ne s’agit pas de la culture, mais de la mémoire.

Dans cet ordre d’idées, il est impensable de dissocier les composantes de ce bloc. Le seul moyen de protéger le parti dans la durée, serait de respecter surtout sa assabiya qui se nourrit de son histoire et de tenter progressivement d’avancer dans le temps en s’adaptant aux nouvelles réalités.

Il y a lieu de parler ici de transfert de légitimité au sein du bloc lui-même. Cela exclut naturellement le clivage entre anciens et nouveaux et en particulier l’acquisition du nom, de la réputation d’un parti comme on achète des titres à la bourse.

Le seul piège dans lequel tombe beaucoup de gens est d’accepter des relations contractuelles avec les acheteurs des titres, à la manière de nombreuses ONGs de notre temps.

La première et à notre avis la seule valeur à préserver dans l’adhésion partisane devrait être la conviction – mi cérébrale/ mi affective – portée spontanément par un volontariat qui se veut bénévole au service d’un projet.

Un parti ne s’achète jamais. Ce serait un arbre qu’on déracine et qui perd rapidement une à une ses feuilles, ensuite ses branches se dessèchent et il meurt. Un parti pourrait donc mourir si sa assabiya n’est pas respectée et protégée.

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !