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À la lumière des derniers troubles urbains dont la France a été le théâtre, force est de constater que la "tendre mère" du Liban et "seconde patrie" des Libanais ne se porte pas bien. La mort du jeune Nahel, abattu à bout portant le 27 juin à Nanterre par un policier pour refus d’obtempérer et qui a déclenché les émeutes dévastatrices dans plusieurs villes a, une fois de plus, et plus que jamais, révélé le clivage, voire la déchirure dans la société française entre l’extrême gauche, incluant les immigrants, qui considère que "la police tue" (alors que c’est un policier qui a tué) et l’extrême droite qui va jusqu’à défendre le policier présumé coupable.

Et pour bien illustrer cette montée aux extrêmes à la faveur de la faiblesse du "Centre" qui se contente de suivre le match (et même pas de l’arbitrer) entre les deux camps aux antipodes l’un de l’autre, deux "cagnottes" de levée de fonds se sont mesurées : l’une en soutien à la mère de Nahel et l’autre à l’épouse du policier mis en examen et faisant face à une accusation d’homicide volontaire. Si la première était motivée par la compassion et la solidarité, force est d’admettre que la seconde, réactionnaire, organisée par un extrémiste de droite, était plus motivée par la provocation que par la compassion, et ce, à en juger par l’attitude de l’organisateur qui s’est félicité (ainsi que son clan) – en toute indécence – du score supérieur réalisé par sa levée de fonds.  

Cette " guerre des cagnottes " en dit long sur l’état d’esprit de millions de Français, surtout celui des donateurs de la cagnotte opposée qui ont, de toute évidence, apporté leur soutien au "suspect" et à son acte, plus qu’à son épouse, et dans l’intention de faire un pied de nez aux proches et au camp de la victime. Et dire que ces extrémistes de droite se réclament des valeurs chrétiennes ! Lesquelles commandent d’aimer son prochain comme soi-même (Mt. 22:39), voire d’aimer ses ennemis (Mt. 5:44), si tant est que les Français (de souche ou non) du camp opposé soient des ennemis. Mais tout porte à croire, hélas, qu’ils sont perçus ainsi… et vice versa. D’où le spectre lexical de la "guerre civile" qui a circulé dans les discours et les médias, et la nécessité de le conjurer.

Afin de mieux évaluer les risques réels d’une telle guerre qui pourrait éclater à la moindre étincelle ou à un prochain "refus d’obtempérer", il convient de connaître la proportion des émeutiers issus de l’immigration qui ont participé à la guérilla urbaine. Parmi les centaines de jeunes interpellés par les forces de l’ordre, quelle était la proportion réelle de ceux que l’extrême droite veut "bouter dehors", priver de la nationalité française, des allocations d’aide sociale, du droit du sol, etc. ? Ces "parias" et "islamistes" aux yeux des extrémistes "pure laine" et des chrétiens bon teint, étaient-ils exclusivement à l’œuvre dans toutes les villes embrasées de France durant les émeutes? Sont-ils si bien implantés dans tous les espaces urbains de l’Hexagone pour y avoir si bien semé le chaos ? N’y avait-il pas une proportion de Français "de souche" et de gauche parmi eux? Les immigrants étaient-ils les seuls responsables de la chienlit ? Pour être le "punching-ball" privilégié des racistes de l’extrême droite ? 

Mais indépendamment des statistiques, et compte tenu que la France a frôlé la catastrophe, et afin de la prévenir, il est impératif que le "Centre", surtout présidentiel, se réveille de sa torpeur et organise un Dialogue national qui réunirait les dirigeants des partis politiques et les représentants des différentes composantes de la société française, écartelée de toutes parts, afin d’aménager un terrain d’entente sur les divers enjeux sociétaux en privilégiant la question migratoire. Pour conjurer la guerre civile sur leur sol, les gouvernants français auraient intérêt à considérer l’exemple de la guerre civile libanaise qui avait éclaté suite au ralliement de Libanais de gauche, musulmans, aux réfugiés palestiniens contre leurs compatriotes chrétiens, de droite.

Sur la question migratoire, les participants à la table de dialogue national devraient plancher sur les politiques et les stratégies d’immigration – terriblement absentes  – à mettre en œuvre, telles que "l’immigration dispersée" en régions et non "concentrée" dans les villes et leurs banlieues pour ne pas former des ghettos ; "l’immigration économique", à taux migratoire réduit, en fonction des besoins réels de la société, et "l’immigration sélective" visant en particulier les citoyens des pays francophones qui partagent les mêmes valeurs que celles du pays d’accueil. À ces politiques et stratégies migratoires, il faudra ajouter les stratégies d’acculturation appropriées qui devront mobiliser les mécanismes et les procédés socioculturels d’intégration et d’éducation (et non d’assimilation) de manière à incorporer harmonieusement les nouveaux arrivants, ainsi que les résidents déjà établis, tout en se laissant enrichir de leur apport culturel.

 C’est par le dialogue national, et non par la véhémence nationaliste extrémiste, que la France pourra connaître la paix civile et redevenir la France.

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