La vie. Un vague thème. Un thème vague de celle que la mer engendre pour nous engloutir, nous happer, nous faire avaler la tasse de la vie, la vie qu’on interprète par le petit bout de notre lorgnette, sans se soucier de celle des autres car nous sommes narcissiques et égoïstes par essence. On passe notre vie à regarder l’assiette du voisin, qu’il soit à notre gauche ou à notre droite, jusqu’à en oublier celle posée sous notre nez. Se comparer aux autres c’est très toxique pour l’estime de soi. Soit! Mais pourquoi se comparer aux autres? Parce qu’ils ont ceci et cela que nous ne possédons pas, ce qui nous atteint au point d’oublier la joie d’exister et de cohabiter intelligemment avec soi et avec les autres; ces mêmes autres qui ont un avantage flagrant sur nous. Notre vie est construite sur le réflexe comparatif. "Regarde ton frère qui est plus intelligent que toi, plus perspicace, plus alerte, alors que toi…" Notre image de soi reste à soigner. Elle est un miroir sans tain sévèrement fêlé. Nous passons l’ensemble de notre vie, non à nous dépasser, mais à dépasser ceux que nous considérons avoir un train d’avance sur nous, à telle enseigne que nous ratons notre propre gare. Comparaison n’est pas raison. Or il nous faut constamment des modèles et cela depuis notre naissance jusqu’à notre trépas – le modèle du père ou celui du frère aîné qui se transforment invariablement en rivaux à écraser, à écrabouiller par tous les moyens mis à notre disposition. Nous jalousons les autres. Nous nous projetons sur eux. Nous nous déshabillons de ce que nous sommes pour nous attifer de narcissisme. Nous sommes hypnotisés par "l’effet gros poisson dans une petite mare" qui nous fait éviter l’océan où nous ne serions qu’une petite sardine. Il faut œuvrer à s’apprécier, à aimer ce que nous sommes; surtout ce que nous sommes devenus après avoir été affinés par les expériences qui nous ont traversés telle une flèche. Il faut être à la hauteur de nos valeurs et de nos principes, poser nos jalons pour gouverner nos instincts, nos jalousies, nos envies. Se comparer à autrui devrait servir notre progression et non pas notre régression. Ne chercher surtout pas le sommet, car il est vertigineux. Chercher une plateforme à la fois. Et se contenter de déposer les armes quand l’effort manque ou fait défaut. Cela ne fera pas de vous un échec, car le mat n’existe que dans le jeu du même nom. Longtemps, je me suis comparé aux autres. Longtemps, je me suis intoxiqué volontairement du parallélisme que les autres m’imposaient. Longtemps, je ne regardais plus mon assiette. Longtemps, j’ai délaissé mes valeurs pour épouser celles des autres. Longtemps, j’étais malheureux comme les pierres jusqu’au jour je me comparai à ce que j’étais et à ce que je suis aujourd’hui. Moi.

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Samira

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