Des chirurgiens ont transplanté le rein d’un porc génétiquement modifié sur un patient vivant, une première qui représente un nouveau pas vers une potentielle solution à la pénurie chronique de dons d’organes, a annoncé jeudi un hôpital américain.

Le patient, âgé de 62 ans, souffrait d’insuffisance rénale chronique. Il "se remet bien" de l’opération de quatre heures qui a eu lieu il y a moins d’une semaine, le 16 mars, a déclaré dans un communiqué le Massachusetts General Hospital, à Boston.

Des reins de porcs génétiquement modifiés avaient déjà été transplantés sur des humains en état de mort cérébrale et ont fonctionné.

Des patients vivants ont également déjà reçu une greffe de cœur d’un porc génétiquement modifié, mais ils sont ensuite décédés.

Les médecins "m’ont minutieusement expliqué les pour et les contre de la procédure", a déclaré le patient Richard Slayman, de la ville de Weymouth dans le Massachusetts (nord-est).

"J’ai perçu cela comme un moyen non seulement de m’aider personnellement, mais aussi de donner de l’espoir à des milliers de personnes qui ont besoin d’une greffe pour survivre", a-t-il ajouté, lit-on dans le communiqué.

Il devrait pouvoir quitter l’hôpital "bientôt".  Il avait par le passé déjà reçu une greffe de rein humain, mais avait dû reprendre la dialyse depuis mai 2023.

Plus de 100.000 personnes attendent une greffe d’organe aux États-Unis. Le rein est l’organe le plus communément demandé.

 "Nouvelle frontière en médecine"

Le domaine des xénogreffes – transplantations d’organes d’animaux sur des humains – avance à grande vitesse ces dernières années.

La première mondiale d’une transplantation de rein de porc sur un humain en état de mort cérébrale avait été réalisée en septembre 2021, par des chirurgiens de l’hôpital NYU Langone de New York. Le rein a été fourni par l’entreprise eGenesis.

Cette opération "représente une nouvelle frontière en médecine et démontre le potentiel de la modification du génome pour changer la vie de millions de patients dans le monde qui souffrent d’insuffisance rénale", a déclaré Mike Curtis, patron d’eGenesis.

Les xénogreffes représentent un défi car le système immunitaire du receveur a tendance à attaquer l’organe étranger.

Les modifications génétiques sont réalisées afin d’amoindrir le risque de rejet: certains gènes de porc ont été enlevés et des gènes humains ajoutés, à l’aide de la technologie CRISPR.

Les scientifiques ont également procédé à l’"inactivation de rétrovirus" du porc pour éliminer le risque d’infection après la greffe, explique le communiqué.

"Le succès de cette greffe est l’aboutissement des efforts de milliers de scientifiques et médecins depuis plusieurs décennies", a souligné Tatsuo Kawai, chirurgien au Massachusetts General Hospital.

Par Lucie Aubourg, AFP