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Les effets à long terme du Covid-19 continuent de susciter l’intérêt des chercheurs. Une étude récente se penche sur la persistance de la perte de l’odorat et du goût, un an après l’exposition au SARS-CoV-2.

Le Covid-19 n’est pas encore derrière nous, et il semble que cette réalité ne changera pas de sitôt. Les résultats des études scientifiques continuent d’affluer, fournissant de nouvelles informations quant à l’origine du virus, ses variantes et surtout ses effets à long terme. À cet égard, la perte soudaine de l’odorat (ou anosmie) et du goût (ou agueusie) avait été identifiée, dès la première année de la pandémie, comme un symptôme significatif, même en l’absence d’autres manifestations cliniques plus typiques, notamment la fièvre, la toux, voire l’insuffisance respiratoire.

Alors que les premiers rapports se contentaient d’évoquer ce symptôme parmi d’autres, sans toutefois étayer ces observations de données quantitatives, une étude, menée par Parma et al. en 2020, a corroboré cette constatation. Les résultats de cette étude, portant sur environ 4.000 participants atteints du Covid-19 provenant de plus de 40 pays, ont permis d’établir une corrélation entre les déficiences chimiosensorielles, à savoir olfactives et gustatives, et la maladie.

Données peu fiables

L’anosmie et l’agueusie ont été fréquemment signalées comme des symptômes majeurs pendant la phase aiguë de l’infection au SARS-CoV-2. Cependant, peu d’études se sont penchées sur les fonctions gustative et olfactive chez les patients atteints du Covid-19, sur une période plus étendue, soit un an ou plus après l’infection. En outre, de nombreuses études se sont basées sur des autodéclarations subjectives plutôt que sur des tests empiriques, lesquels permettent une évaluation objective des fonctions chimiosensorielles.

Une méta-analyse, parue en 2023 dans une revue éditée par l’Oxford University Press, a démontré que la perte du goût était un symptôme distinct du Covid-19, avec une prévalence globale de 36,62%. Toutefois, uniquement 3,4% des études incluses dans cette analyse ont utilisé dans leur protocole des tests gustatifs empiriques.

Nouvel éclairage

Une récente étude transversale, parue le 23 avril dans JAMA Network Open, vient éclairer davantage cette problématique. Ses objectifs principaux étaient d’évaluer la fonction gustative à l’aide d’un test validé comprenant 53 éléments et de comparer les résultats à ceux d’un test olfactif bien établi contenant 40 éléments. L’étude visait également à déterminer la proportion de personnes présentant encore différents degrés de dysfonctionnement gustatif ou olfactif un an après leur infection initiale, ainsi qu’à explorer toute association entre la variante virale prédominante au moment du diagnostic initial et les résultats des tests. Pour cela, 774 individus ont été sélectionnés pour participer à l’étude, parmi lesquels 340 avaient un antécédent de Covid-19 et 434 n’en avaient pas.

Le recrutement s’est fait par le biais d’annonces placées sur un site web ou des panneaux d’affichage locaux aux États-Unis. Il a eu lieu entre février 2020 et août 2023. Le délai moyen entre les tests effectués et le diagnostic du Covid-19 était de 395 jours. Selon les résultats, publiés par Sharetts et al., la fonction gustative ne différait pas entre les individus ayant contracté l’infection un an plus tôt et ceux qui ne l’avaient pas contractée. En revanche, une altération de l’odorat était observée chez 30,3% des individus qui ont été atteints du SARS-CoV-2, tandis que seuls 21% des individus sans antécédents d’infection présentaient ce dysfonctionnement olfactif. Bien que les femmes aient obtenu des scores plus élevés que les hommes, cette différence n’était pas statistiquement significative.

Souches et altérations

Toujours selon la même étude, les patients atteints par la souche originale non typée et la variante Alpha ont montré une plus grande incidence de perte olfactive que ceux atteints par d’autres variantes. Parmi les 42 individus ayant été affectés par la variante Alpha, les tests ont révélé que dix d’entre eux (soit 23,8%) ont présenté une anosmie sévère à totale, tandis que parmi les 52 individus ayant contracté la souche originale non typée, sept (soit 13,5%) ont montré une perte similaire. Cependant, parmi les 214 personnes ayant été affectées par la variante Omicron, seules dix, soit 4,7%, souffraient d’une perte olfactive totale à sévère. En comparaison, 2,8% des 434 individus sans antécédent de Covid-19 présentaient ce symptôme. Les auteurs ont conclu que les variantes plus récentes du SARS-CoV-2, notamment Omicron, étaient associés à une diminution moins fréquente de l’odorat.

Trouble olfacto-gustatif

"Les rapports indiquant que la perte de goût persiste longtemps après l’infection initiale sont probablement dus en grande partie à la confusion entre la saveur des aliments dépendant du goût et de l’olfaction", expliquent les auteurs de ladite publication. En fait, le goût est bien différé de la gustation: il représente une information sensorielle plus complexe, fournie, en grande partie, par des molécules atteignant les récepteurs olfactifs depuis la cavité buccale via le nasopharynx. Les papilles gustatives ne médiatisent que les sensations orales sucrées, acides, amères, salées et umami (celui du glutamate). "La perte de l’odorat est restée chez près d’un tiers des individus exposés (au virus), expliquant probablement les plaintes de (perte de) goût de nombreux individus atteints du syndrome post-Covid-19", concluent les chercheurs.

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