La présence excessive de méduses sur les côtes libanaises est tout à fait normale en cette période de l’année. Les baigneurs doivent être prudents pour éviter les piqûres.

Depuis le début du mois de juillet, le littoral libanais connaît un énorme flux de méduses qui blanchissent ses plages. Un phénomène tout à fait normal en cette période de l’année, selon Milad Fakhri, directeur du Centre national des sciences marines qui relève du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) au Liban. "Ces méduses ne sont que de simples visiteurs de nos plages, d’ici quinze à quarante-cinq jours elles devraient avoir quitté les côtes libanaises", poursuit l’expert, qui précise que ces invertébrés gélatineux ne présentent aucun risque pour la biodiversité marine. "Les méduses n’étant présentes que pour une période limitée et uniquement sur la couche superficielle de l’eau, la vie aquatique qui se trouve majoritairement dans les fonds marins est épargnée", explique M. Fakhri. Il appelle toutefois les nageurs à faire preuve de prudence pour éviter "la piqûre des méduses, qui n’est pas toxique mais très irritante".

L’océanographe ajoute que ce sont les conditions biotiques (abondance de nourriture, pression sociale…) et abiotiques (températures, salinité de l’eau, force et direction des courants…) qui déterminent leur concentration. "Cela fait quelques années que leur présence est discrète, constate M. Fakhri. Mais cette année les conditions sont favorables à leur reproduction et ensuite à leur regroupement sur les côtes libanaises."

Depuis le début du mois de juillet, le littoral libanais connaît un énorme flux de méduses. ©AFP/Joseph Eid

La méduse désigne la forme mobile d’animaux appartenant à l’embranchement des cnidaires. Ces derniers se caractérisent par la présence de cellules urticantes, appelées cnidocytes ou cnidoblastes. Celles-ci sont très sensibles et libèrent leur venin au moindre contact. Le corps, très riche en eau, correspond à un sac au creux duquel se trouve une cavité gastrique, avec un seul orifice faisant à la fois office de bouche et d’anus, entouré d’une rangée de tentacules venimeux. Ces invertébrés se présentent sous deux formes: lorsqu’ils sont fixés sur le sol, on parle de polypes, comme le corail ou les anémones par exemple. Lorsqu’ils sont nageurs, on parle alors de méduses. Certaines espèces alternent les deux formes. Les méduses se nourrissent de zooplancton et de phytoplancton (êtres unicellulaires qui sont à la frontière du monde animal et végétal), ainsi que de petits animaux.

Nombre de poissons développent une couche protectrice contre le venin des cnidaires et cohabitent en symbiose avec eux. C’est notamment le cas du poisson clown, comme dans le film Finding Nemo, dont la maison est une anémone.


Uriner sur une piqûre, un mythe

En cas de piqûre de méduse, il faut surtout éviter les remèdes de grand-mère comme le fait d’uriner sur la zone affectée ou y appliquer du vinaigre blanc. Boutros Soutou, dermatologue, chargé d’enseignement à la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, explique que "l’urine est un agent qui favorise l’inflammation". "Uriner sur une piqûre de méduse ne ferait donc qu’empirer la situation", met-il en garde. La piqûre de Ropilema Nomadica, l’espèce de méduse présente dans les eaux libanaises, "n’est pas toxique, mais elle est urticante", affirme le Dr Soutou. "Le liquide urticant de la méduse cause simplement une urticaire de contact, explique-t-il. Elle est traitée avec un dermocorticoïde, qui est un anti-inflammatoire, et un antihistaminique oral. Au cas où l’atteinte est grave, une courte corticothérapie (à base de cortisone) orale peut être prescrite sur avis médical."