L’établissement hospitalier craint, avec la recrudescence des cas, de ne plus pouvoir mener le combat avec la même intensité, dans un contexte de crise économique aiguë.

En première ligne de la lutte contre le Covid-19 depuis le début de la pandémie en février 2020, l’hôpital universitaire Rafic Hariri craint de ne pas pouvoir offrir les soins nécessaires à tous les patients au cas où les contaminations au coronavirus continuent de grimper, comme c’est le cas depuis quelques semaines. En cause, la crise économique qui pèse lourd sur le pays et qui n’a pas épargné l’hôpital, mais aussi l’émigration de plusieurs membres du corps médical et infirmiers de l’établissement. "En 2021, cinquante infirmier(ère)s et 25 médecins ont quitté l’hôpital", déplore Wahida Ghalayini, directrice générale de l’hôpital. "Ce qui a empêché l’établissement de développer son unité de Covid-19, précise-t-elle à Ici Beyrouth. Cela restreint également le nombre d’admissions de patients ayant contracté le coronavirus, parce que nous n’avons plus les ressources humaines nécessaires pour prendre en charge un plus grand nombre."

Importante hausse des cas
Le nombre quotidien de personnes contaminées au coronavirus ne cesse d’augmenter – près de 1.500 cas sont enregistrés chaque jour – et les hôpitaux craignent une hausse des cas nécessitant une hospitalisation avec l’approche des fêtes de fin d’année. Ce qui a d’ailleurs poussé la commission nationale chargée de suivre le Covid-19 d’émettre récemment une série de mesures restrictives dans l’espoir de freiner la propagation rapide de la pandémie.
L’établissement, dont l’unité de Covid-19 recevait en moyenne 150 patients dont 50 à 60 en soins intensifs, n’est plus aujourd’hui en mesure d’accueillir ce même nombre. En cause, le départ d’un grand nombre d’infirmier(ère)s, mais aussi la fermeture de plusieurs unités de Covid-19 dans plusieurs établissements. Par conséquent, les patients sont dirigés vers l’hôpital Rafic Hariri.
Se voulant rassurante, Mme Ghalayini a expliqué que l’établissement est en train d’étudier un plan lui permettant d’accueillir davantage de patients du Covid-19, en tenant compte des ressources humaines et matérielles disponibles.

La vaccination, un geste important
Certes, se faire vacciner contre le Covid-19 reste un choix personnel. Il s’agit aussi d’une responsabilité envers les autres, dans un contexte de pandémie. "Or malgré les multiples campagnes de sensibilisation, la population libanaise n’est pas encore consciente du danger que représente le coronavirus", regrette Mme Ghalayini. En cause, "une certaine négligence, de l’ignorance et parfois un manque des informations nécessaires sur l’importance de la vaccination", estime-t-elle. Ce qui, à son avis, retarde le processus d’immunisation. Selon les chiffres du ministère de la Santé, près de 39% des personnes éligibles à la vaccination (âgées de 12 ans et plus) ont déjà reçu une première dose du vaccin contre le Covid-19 depuis le début de la campagne de vaccination en février 2020 et près de 33% les deux doses.
Au problème du Covid-19, vient s’ajouter celui de la crise économique et de la hausse du prix des médicaments, avec la levée partielle des subventions sur ces produits. Mme Ghalayini souligne dans ce cadre que de "plus en plus de patients n’arrivent pas à se procurer les médicaments nécessaires et finissent à l’hôpital". "Cela constitue un poids supplémentaire pour les établissements hospitaliers qui fonctionnent difficilement, en ces temps de crise", constate-t-elle.
À l’approche des fêtes de fin d’année, Mme Ghalayini qui a longtemps été en charge de l’unité Covid-19 à l’hôpital universitaire Rafic Hariri met l’accent sur la nécessité de respecter les gestes barrières pour lutter contre le Covid-19. Et de conclure, en insistant sur le rôle du corps infirmier dans la lutte contre cette pandémie, appelant les responsables et les directeurs des hôpitaux à leur rendre justice.