En visite à Beyrouth, les journalistes français Bernard de la Villardière et Jean-Marie Tricaud se sont penchés sur les coulisses des investigations en zones dangereuses, lors d’une rencontre organisée à l’Université Saint-Joseph.

journalisme métier

Les coulisses des enquêtes exclusives et des investigations en zones dangereuses ont été au cœur d’une rencontre avec Bernard de la Villardière, journaliste français, Jean-Marie Tricaud, producteur, qui s’est tenue mercredi soir à l’amphithéâtre Pierre Abou Khater au Campus des sciences Humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ).

Ayant plusieurs cordes à son arc, Bernard de la Villardière est reporter, animateur de radio et de télévision. Il présente sur le magazine d’investigation " Enquête exclusive ", dont Jean-Marie Tricaud est le producteur. " Enquête exclusive " est une émission phare de la chaîne française M6 qui comptabilise seize saisons et plus de cinq cents épisodes, avec en moyenne 1,3 million de téléspectateurs.

" Le métier de journaliste consiste à aller chercher les informations, y compris dans les terrains dangereux, explique Jean-Marie Tricaud aux étudiants. Dans ces zones, les reportages sont un travail collectif, dont il y a toujours une part de responsabilité partagée. La confrontation au danger est toujours un choix personnel. Comme rédacteur en chef et producteur, je ne dirais jamais à un journaliste, il faut que tu ailles à cet endroit ou que tu fasses cette interview. On va en fait dire le contraire. "

" En prenant des risques, les journalistes trichent toujours un peu et ne révèlent souvent pas tout aux rédacteurs ", a renchéri Bernard de la Villardière. Interrogé sur l’éthique journalistique lors de témoignages, il souligne que " le journaliste sent qu’il est un cambrioleur de vie qui surgit à un moment donné dans la vie des autres et repart ". " Ce qui est rassurant c’est le fait qu’un témoignage soulage les personnes interrogées, constate Bernard de la Villardière. Elles sont contentes de nouer, l’espace d’un temps déterminé, un lien avec un individu qui va être à leur écoute avant de disparaitre. "

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Le plus jeune métier

Se penchant sur le métier, Bernard de la Villardière souligne : " Décrire le journalisme comme le plus jeune métier du monde est une bonne formule, parce que le métier est en perpétuel renouvellement, notamment en raison de la technologie. Faire du journalisme aujourd’hui à l’ère des réseaux sociaux et de l’Internet est complètement différent de l’époque où on utilisait le stylo et le papier.

La guerre civile au Liban a été déterminante dans le parcours de vie de Bernard de la Villardière, qui a grandi à Beyrouth. " La guerre civile au Liban et les événements qui ont suivi m’ont donné l’envie de faire ce métier ", a-t-il précisé, ajoutant: " Je ne comprenais pas comment ce pays puisse basculer ainsi dans la violence. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai fait ce métier, pour essayer de résoudre cette énigme. "

Bernard de la Villardière a réalisé notamment en mai 2007 une enquête sur la guerre civile au Darfour. Il est aussi l’un des premiers journalistes à avoir enquêté sur les salafistes et la montée de l’islamisme radical.

Jean-Marie Tricaud et Bernard de la Villardière, étaient de passage au Liban pour un reportage spécial. Intitulé " Entre renaissance et chaos ", il sera diffusé sur M6 dans une dizaine de jours.

La conférence était organisée par le département d’histoire-relations Internationales (HRI) à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’USJ, à l’invitation de Christian Taoutel, directeur du HRI, et le Master Infocom dirigé par Nasri Messarra, en collaboration avec l’Institut Francais du Liban.