Mercredi, au petit matin, un groupe de 40 étudiants libanais ayant fui l’Ukraine, est arrivé à l’aéroport international de Beyrouth.

Mercredi, 2h. Des familles de plusieurs régions libanaises attendant  à l’aéroport le retour des étudiants libanais en Ukraine, prévu à 3h.
Hommes, femmes et enfants sont impatients de voir arriver leurs proches, sains et saufs. L’attente est longue. Et le désir des uns et des autres de partager leurs expériences fait qu’un brouhaha remplit la salle où la colère se mêle à l’espoir.
" Ils n’avaient rien à manger ni à boire, raconte une maman. Personne ne s’est occupé de nos enfants. Ils n’ont que 20 ans et ils sont tous traumatisés. Les jeunes étudiantes, elles, ont eu peur de prendre des risques et sont encore là-bas, il faut les aider. "
Le secrétaire général du Haut comité de secours, Mohammad Kheir, présent à l’aéroport estime que le " passage par la Roumanie est la route la plus simple ". Avançant quelques chiffres concernant l’enregistrement des Libanais auprès de l’ambassade libanaise de Kiev, il affirme être en contact continu avec l’ambassadeur du Liban en Ukraine, Ali Daher. Ensemble, " nous essayons, en coopération avec la Croix-Rouge, de mettre en place des couloirs de sécurité pour escorter les ressortissants Libanais dans des régions sûres ", précise-t-il

Appel à la prudence
Le discours du général Kheir suscite l’indignation des familles présentes à l’aéroport. Mohammad Kamal tourne en rond en répétant : " L’ambassade a juste invité les ressortissants à prendre leurs précautions et à rester prudents, dans un message sur son site Web. " Un avis partagé par les autres parents. " Ils n’ont même pas répondu au téléphone ! " affirment-ils à l’unisson.
4h. L’avion atterrit avec une heure de retard. Les 40 étudiants commencent à sortir juste avant que les éclats de voix ne fusent. Tout le monde est ému : applaudissements, cris… On porte les nouveaux arrivants. On les embrasse. On leur pose des questions.
" Nous étions entre la vie et la mort, raconte Hadi Kamal. Mais le plus frustrant c’est d’avoir fait tout ce périple semé d’embûches et d’être arrivé au Liban, alors que jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu un simple coup de fil de notre ambassade en Ukraine. Heureusement que nous avons été pris en charge par l’homme d’affaires Mohammad Mourad qui nous a aussi offert les billets d’avion. "
Ils sont émus, fatigués. Si le cauchemar est fini pour eux, nombre de leurs amis et proches sont encore en Ukraine. Il reste beaucoup à faire. " Nous, étudiants, nous sommes entraidés. Nous avons pu prendre des risques. Nous sommes partis. Ce n’est pas le cas de familles libanaises et amis ukrainiens et autres, qui sont toujours coincés dans les abris, sous les bombes ", raconte Mohammad Hammoud d’une voix tremblotante, des larmes aux yeux. " C’est bien plus difficile, voire impossible, pour eux de sortir, poursuit-il. Ils ont des enfants en bas-âge. Ils ne peuvent pas prendre les risques que nous avons pris. Va-t-on les revoir ? "
Une question qui reste en suspens, comme un écho qui retentit dans la salle d’arrivée de l’aéroport soudain froide et vide. On ne s’y attarde pas trop, puisque " dans les prochaines 48 heures, annonce le général Kheir, d’autres étudiants devraient arriver au Liban en provenance de Varsovie. "