Joyce Azzam, première aventurière libanaise à avoir gravi le point culminant de chacun des sept continents. Son prochain défi est la traversée de l’Antarctique, dans des conditions climatiques très difficiles. Elle partage avec Ici Beyrouth l’expérience de ses différentes aventures

L’aventurière et alpiniste Joyce Azzam ne se lasse pas de se fixer de nouveaux défis. Azzam est la première libanaise à avoir gravi les sept sommets les plus élevés de la terre. Les exploits de Joyce ne s’arrêteront pas aux sept sommets, car elle est déterminée à poursuivre son rêve de réaliser le Grand Chelem des explorateurs, qui la verra couronner le défi des Sept Sommets en atteignant les deux pôles, devenant ainsi la deuxième femme au monde à réaliser cet exploit. Les sept sommets (Seven Summits en anglais) sont les montagnes les plus élevées de chacun des sept continents. En atteindre le sommet est considéré comme un défi de l’alpinisme; c’est à l’origine une idée de l’Américain Richard Bass datant des années 1980.

L’ingénieure civile, originaire de Dekouaneh (Metn Nord), détentrice d’un doctorat de l’université italienne Sapienza, ne recule devant aucune difficulté, financière ou autre, pour réussir ses différents défis.

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Azzam indique que "mon prochain défi débutera le 11 novembre prochain dans une aventure qui commencera au Chili, dans l’hémisphère sud, plus précisément dans une région qui s’appelle Puntas Arenas, avant de mettre le cap sur le camp principal de l’Antarctique, où la température sera de moins 20 degrés. La superficie de l’Antarctique est de 13,6 millions de kilomètres et la neige recouvre 98 % de ce continent. Il s’agit du cinquième continent le plus grand et il ne comporte que 5.000 habitants."

Azzam poursuit en soulignant que "nous serons une équipe de quatre personnes dans cette aventure, et notre guide sera une femme. Deux jours seront nécessaires pour la préparation (assurer les médicaments, les aliments… toute cela pèsera près de 100 kilos), puis nous nous envolerons vers la mer glacée. Notre aventure durera deux mois et chacun de nous quatre sera en mode autonome pour parcourir la distance avec  son sac à dos. La distance totale du parcours est de 1.000 kilomètres, et nous couvrirons 20 à 30 kilomètres par jour, en bravant les orages, le vent et le froid."

Quant à la méthode adoptée pour sélectionner les membes de l’équipe, Azzam précise qu’"il y a une série de tests et d’examens à passer pour faire partie de l’équipe. Le contact avec le monde extérieur se fait via un téléphone satellite et des messages vocaux. Le but est d’arriver à l’extrémité du pôle Sud."

Concernant le budget de cette aventure, Azzam ajoute en souriant qu’il "avoisine les 100.000 dollars, et j’ai pour l’instant pu rassembler une petite partie de ce montant. Mais je ne perds pas l’espoir de pouvoir trouver la totalité du financement, afin de hisser le drapeau du Liban au point d’arrivée. Un de mes premiers parraineurs a été l’homme d’affaires libano-australien Fadi Zouki. Les frais d’inscription s’élevaient à 5.000 dollars et ils ont été payés par le groupe Abou Adal, que je remercie. J’espère que je trouverai le financement nécessaire, ce qui est plus difficile dans le contexte économique qui est celui du Liban depuis près de trois ans."

Interrogée par Ici Beyrouth sur le soutien de ses parents dans ses différentes aventures, Azzam souligne qu’ "au début, mes parents n’étaient pas très emballés par ces défis, mais aujourd’hui, ils me soutiennent totalement. Je suis la première femme libanaise à avoir escaladé les sept monts les plus hauts sur terre, et j’ai réussi cette prouesse entre 2012 et 2019. Les sept monts étant l’Everest en Asie, l’Aconcagua en Amérique du Sud, le Denali en Amérique du Nord, le Kilimandjaro en Afrique, l’Elbrouz en Europe, le massif Vinson en Antarctique et le mont le Puncak Jaya (ou le mont Kosciuszko) en Australie."

Azzam est maintenant axée sur son futur objectif, et les préparatifs vont bon train. "Je m’entraîne depuis mars dernier dans les montagnes libanaises, sous la houlette du coach Peter Abou Farah, qui m’entraîne depuis que j’ai 16 ans. Mon frère, Georges Azzam, qui vit au Canada, m’assiste également dans mes préparatifs. Cet hiver j’ai fait l’exercice de traîner un pneu de Andaket au nord jusqu’à Marjaayoun au sud, sur une distance totale de 470 kilomètres."

Concernant sa passion pour les sports d’endurance, Azzam conclut en soulignant qu’elle "adore ces sports et j’ai participé au Marathon de Beyrouth en 2006, avant de me lancer dans l’escalade de sommets il y a dix ans. J’espère que pour mes prochaines aventures j’aurai le soutien de l’Etat libanais et de parrainages individuels".