Le fondeur Yann Schrub, étudiant en 8e année de médecine, a apporté un sourire et une médaille de bronze surprise sur le 10.000 m de l’Euro d’athlétisme de Munich dimanche à une équipe de France en grande difficulté à deux ans des Jeux de Paris.

Avec l’argent du relais 4×100 m hommes (Meba-Mickael Zeze, Pablo Mateo, Ryan Zeze et Jimmy Vicaut), les Bleus terminent cet Euro à la 22e place du classement par pays avec neuf médailles et surtout aucun titre, ce qui n’était plus arrivé depuis 40 ans et l’Euro d’Athènes en 1982.

Le maigre total, malgré l’absence des athlètes russes et biélorusses, est le plus mauvais depuis 2006. Des statistiques accablantes à deux ans des Jeux olympiques de Paris, où les Bleus tenteront d’exister face à une concurrence internationale redoutable, comme ils ont pu le constater aux Mondiaux de Eugene en juillet (une seule médaille, le titre de Kevin Mayer au décathlon).

" La satisfaction, c’est l’équipe de France dans son ensemble. Je suis hyper fier des athlètes, de l’image qu’ils ont montrée. On voulait se servir de ces Championnats d’Europe comme une sorte de socle, une base pour Paris-2024, pour pouvoir aguerrir certains jeunes ", a lancé le directeur de la haute performance Romain Barras, en écartant le bilan chiffré.

Schrub surprenant

En ce dimanche ensoleillé de fin de mois d’août, les Munichois ont doucement lézardé sur les bords de l’Isar ou dans le " jardin anglais ", une bière à la main, leur vélo non attaché un peu plus loin. Sans doute histoire de se réserver pour offrir une magnifique dernière soirée d’athlétisme.

Dans la fureur d’un stade olympique plein à craquer pour saluer la victoire de la Mannschaft sur le relais 4×100 m féminin, Munich a terminé en apothéose un Euro multisports réussi, à l’ambiance bon enfant où les problématiques sanitaires et sécuritaires ont été gérées avec discrétion.

Présent comme tous les athlètes depuis 10 jours à la demande de l’encadrement, Yann Schrub a profité à fond du spectacle, au triathlon, au VTT, au volley -" je suis sorti tous les jours "- plutôt que de s’enfermer dans sa chambre.

Dans l’ombre de son coéquipier et favori Jimmy Gressier, qui a animé les 25 tours de piste mais buté au pied du podium (4e), Schrub a réussi un énorme finish pour décrocher sa première médaille internationale à 26 ans, malgré un emploi du temps dantesque.

Étudiant en 8e année de médecine à Metz, le talentueux athlète de Sarreguemines ne s’entraîne que six fois par semaine, environ deux fois moins que ses concurrents.

" Augmenter ma charge "

" Quand ça a attaqué, je me suis dit +vas-y fonce+. Le but, c’était de n’avoir aucun regret. J’arrive au finish à avoir cette médaille de bronze inespérée ", a-t-il apprécié, chapeau en forme de coq sur la tête, épaules enroulées dans le drapeau tricolore.

" J’espère que dans le dans le futur, ça se passera bien, avec la grosse échéance dans deux ans (Paris-2024). Je m’entraîne souvent le soir. Je m’adapte en fonction de la fatigue. Le but, c’est de ne pas tomber dans le surentraînement. Mais j’espère augmenter ma charge car je pense qu’au niveau mondial ça passera par là ", a-t-il ajouté.

Autre satisfaction, le relais 4×100 m hommes a validé une année de travail pleine, avec de nombreux stages d’équipes, pour s’emparer de l’argent, une première médaille internationale depuis l’Euro 2016.

" Ça fait vraiment du bien, on ne voulait pas partir sans médaille. Ça s’est mal passé en individuel pour nous, donc on voulait se rattraper en relais. Le chrono (37.94) est aussi là, ça nous donne de bonnes perspectives pour Budapest et Paris ", a expliqué le taulier Jimmy Vicaut.

Tous les Bleus visent bien Paris en 2024 mais le chantier, express, s’annonce immense pour espérer briller sur la plus grande scène du monde.