Les derniers championnats du Liban individuels et par clubs d’athlétisme ont été marqués par la pulvérisation de plusieurs records personnels et nationaux dans un quasi-anonymat médiatique. Les performances des athlètes sont d’autant plus à saluer que le Liban manque d’infrastructures adéquates, en quantité et en qualité, pour la pratique de l’athlétisme.

Les derniers championnats du Liban d’athlétisme individuel et par clubs ont été un succès sur le plan sportif, avec pour ombre au tableau, le peu de couverture médiatique. En effet, plusieurs records du Liban ont été battus et plusieurs athlètes ont battu leur "personal best".

Un des facteurs qui ont contribué à la plus forte concurrence entre les clubs est l’amélioration des performances de Let’s Run, qui depuis son alliance avec Performance First, bataille pour la victoire dans le classement final femmes et hommes. Ainsi, le club dirigé par Marie-Thérèse Saba a fini premier du classement femmes et troisième du classement hommes. En plus de Let’s Run, deux clubs, moins jeunes, celui de l’Armée libanaise et Inter-Lebanon, ont bataillé pour le titre de champion du Liban des clubs. Si Let’s Run a remporté le classement dames, l’Armée Libanaise, elle, a gagné le titre chez les hommes. Inter-Lebanon s’est classé deuxième chez les hommes et les femmes. Ainsi le Liban peut se targuer aujourd’hui d’avoir des athlètes comme Aziza Sbeity (Let’s Run), Mohamad Mortada (Inter-Lebanon), Nour Hadid (Armée Libanaise), Haya Kobrosly (Let’s Run), Maysa Mouawad (Jamhour), Marc-Anthony Ibrahim (Let’s Run), Peter Khoury (Inter-Lebanon) et Omar Arnaout (Let’s Run) qui rendent les compétitions attrayantes, sans que cela ne soit transmis au grand public. Une illustration parfaite de ce manque d’exposition est la neuvième place de Marc-Anthony Ibrahim aux championnats du monde U20 à Nairobi, en 2021, qui n’a pas été assez relayée par les médias locaux.

L’absence de médias rend plus difficile de trouver des annonceurs   

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, la présidente de Let’s Run, Marie-Thérèse Saba déplore que "les médias n’accordent pas assez d’importance à l’athlétisme, en dépit du fait que nous avons beaucoup de champions qui peuvent aller loin. Le premier facteur déclenchant pour trouver des sponsors est la présence des médias pour couverir des épreuves. Je considère que les médias sont totalement absents de l’athlétisme."

Roger Bejjani (à gauche) et Mohamad Mortada (à droite) au cours de la remise des trophées, au cours des derniers championnats du Liban par clubs. Photo Lebanese Athletics Federation

Son de cloche encore plus critique pour Roger Bejjani qui, dans un entretien avec Ici Beyrouth, souligne que le peu de couverture médiatique de l’athlétisme libanais est de surcroît de mauvaise qualité. "Les médias ne comprennent pas assez l’athlétisme. Ainsi, récemment, un commentateur de OTV a affirmé que Mayssa Mouawad avait battu le record du Liban U20 sur 100 mètres aux championnats du monde de la catégorie, alors qu’elle n’avait en fait que pulvérisé son record personnel. Un effort de promotion et d’incitation à la médiatisation doit être fait par la fédération d’athlétisme pour créer de l’intérêt auprès du grand public. Il faudrait que les médias suscitent l’attentisme sur des rivalités, comme celle entre Mohamad Mortada et Marc Anthony Ibrahim sur 400 mètres."

Marc Anthony Ibrahim a pulvérisé le record du Liban du 400 mètres haies au cours des derniers championnats du Liban des clubs. Photo Lebanese Athletics Federation

Ce manque de médiatisation, qui entraîne donc une difficulté à trouver des sponsors, est un frein au développement de l’athlétisme libanais qui n’a pas assez d’infrastructures de qualité. Les deux stades les plus utilisés pour les compétitions sont ceux de "Madine Riyadiye" et, à un degré moindre, le stade de Jamhour, qui avait notamment accueilli les derniers championnats d’Asie de l’Ouest U20. L’absence d’infrastructures de qualité est un frein au développement de talents sur tout le territoire libanais. Ainsi, pour s’entraîner, Roger Bejjani souligne qu’Inter-Lebanon ne possède pas de stade et "finance pour les 30 ou 40 athlètes d’élite l’accès à Madine Riyadiye". De son côté, Marie-Thérèse Saba souligne que Let’s Run ne dispose pas non plus de son propre stade et utilise aussi "Madine Riyadiye pour que nos athlètes puissent s’entraîner. De plus, suite à notre accord de coopération avec Performance First, nous pouvons utiliser leurs infrastructures à l’Université Antonine à Baabda. Et nous avons la salle de gym S Club, qui est au groupe Saradar, propriétaire de Let’s Run".