Personnalité forte et abrupte, passionné au risque de l’intransigeance, figure de la talentueuse nouvelle génération d’entraîneurs allemands, Thomas Tuchel collectionne les titres mais commence aussi à accumuler les licenciements sans cérémonie, évincé mercredi par Chelsea comme il l’avait été par le PSG en 2020.

Ses compétences de technicien ne sont clairement pas en cause: partout où Tuchel (49 ans) a entraîné, il a obtenu des résultats probants et appliqué à ses équipes un jeu séduisant. Mais il est à chaque fois parti au bout d’une rupture avec sa direction, que ce soit à Dortmund (2015-2017), au Paris SG (2018-2020) et à Chelsea, où il sera resté à peine un an et demi (janvier 2021-septembre 2022), le temps d’offrir aux Blues la deuxième Ligue des champions de leur histoire en mai 2021.

C’est le signe d’un caractère entier, plus passionné par le terrain que par les soubresauts médiatiques de la vie d’un club. " Tuchel ne s’intéresse pas au marketing, à son image. Il est intéressé par son travail, il veut être jugé pour son travail et seulement ça ", décrypte Daniel Meuren, auteur d’une biographie sur l’Allemand.

Tableau noir et câlinothérapie

Thomas Tuchel, à la carrière de défenseur rapidement interrompue par les blessures, est un adepte du tableau noir et de la câlinothérapie avec ses joueurs, qui a appris son métier sur le tas, en partant des équipes de jeunes de Stuttgart.

Révélé en Bundesliga à Mayence (2009-2014), puis à Dortmund, sa trajectoire stellaire rappelle celle de Jürgen Klopp, passé par les mêmes clubs avant d’atterrir à Liverpool et de gagner, lui aussi, la Ligue des champions en 2019.

A Chelsea, Tuchel laissera l’image d’un gagneur, laissant éclater sa joie en finale à Porto le jour de son sacre européen contre le Manchester City de Pep Guardiola (1-0).

Un trophée mémorable, suivi de deux autres, la Supercoupe d’Europe et la Coupe du monde des clubs, pour faire oublier ses déceptions dans les compétitions anglaises, que ce soit les coupes nationales (trois finales perdues) ou la Premier League (4e en 2021, 3e en 2022).

Mais " TT " laissera aussi le souvenir d’un technicien caractériel, suspendu un match le mois dernier après une altercation avec son homologue de Tottenham Antonio Conte, après une poignée de main musclée entre les deux entraîneurs.

L’Allemand à la silhouette filiforme, au crâne dégarni et au large sourire séduit néanmoins par sa franchise désarmante et son ironie mordante.  Comme quand il s’était dit " prêt à conduire un minibus " lui-même pour contourner les restrictions budgétaires imposées aux déplacements de Chelsea par le gouvernement britannique, après les sanctions visant son propriétaire d’alors, le Russe Roman Abramovitch, à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Désamour

La rupture avec l’homme d’affaires américain Todd Boehly, copropriétaire de Chelsea et nouvel homme fort du club, n’aura mis que trois mois à se concrétiser. Tuchel avait déjà vécu ce genre de désamour à Dortmund, après l’attentat contre le bus de l’équipe avant un quart de finale de Ligue des champions contre Monaco: le technicien souabe n’avait pas du tout apprécié que ses dirigeants acceptent de reprogrammer le match le lendemain même de l’attaque.

Au PSG, ses relations avec Leonardo, alors directeur sportif, étaient devenues conflictuelles, notamment au sujet du mercato, en dépit des trophées remportés (deux titres de champion de France) et de la finale de Ligue des champions atteinte en 2020, meilleur résultat de l’histoire du club parisien dans la compétition.

Quelques mois plus tard, Tuchel était débarqué du PSG sans ménagement après une victoire 4-0 contre Strasbourg, le 24 décembre 2020. " J’ai passé un Noël de merde ", avait-il résumé. Tuchel avait cru que ses trophées accumulés à Paris allaient le protéger, mais dans la capitale, direction et supporters lui reprochaient des coups de gueule de plus en plus fréquents qui menaçaient l’équilibre du club.

A Chelsea, où le natif de Krumbach avait aussitôt rebondi, il aura su renouer avec le fameux " spirit " (état d’esprit), ce mantra qu’il répétait à Paris, pour revigorer un club 7e de Premier League à son arrivée. Mais un mercato très dispendieux (300 M EUR investis), puis un début de saison mitigé et une défaite inaugurale en Ligue des champions contre le Dinamo Zagreb (1-0) ont eu raison du sort de Thomas Tuchel, à nouveau évincé.

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