Rivaux à l’année, Wout van Aert et Remco Evenepoel, demi-dieux du cyclisme en Belgique, doivent trouver un terrain d’entente sous le maillot national dimanche aux Mondiaux à Wollongong pour ne pas revivre le fiasco de l’année dernière.

Avec Evenepoel, tout frais vainqueur du Tour d’Espagne, et Van Aert, grand chasseur de classiques, la Belgique dispose de deux champions d’exception. Une abondance de biens qui met le pays en ébullition, mais qui peut poser problème lorsqu’il s’agit pour les deux Flamands de faire cause commune le temps d’une course, comme ce sera le cas dimanche sur l’épreuve en ligne des Championnats du monde en Australie.

Rien d’évident pour ces deux ambitieux au caractère bien trempé qui, selon la formule consacrée, ne passeront pas leurs vacances ensemble.

Surtout depuis l’expérience de l’année dernière lors des Mondiaux à domicile, à Louvain, qui ont viré au désastre. Ultra favoris, les Belges, qui avaient désigné Van Aert comme leader, ont couru à l’envers pour au final ne placer aucun coureur sur le podium et laisser le Français Julian Alaphilippe filer vers un deuxième sacre consécutif.

Prise de bec

S’en est suivi une prise de bec par médias interposés qui a encore envenimé les choses. Evenepoel, qui avait dû se sacrifier pour son leader, a critiqué, dans une interview à la télévision flamande, la stratégie adoptée, assurant qu’il avait, lui, les jambes pour devenir champion du monde. " Décevant ", a aussitôt jugé Van Aert, affirmant qu’Evenepoel avait été d’accord avec la tactique définie avant la course. " Il a plus parlé à la télé que dans le bus ", a-t-il cinglé, amer.

L’affaire a fait grand bruit en Belgique où le légendaire Eddy Merckx avait égratigné, avant même les Mondiaux, le jeune Evenepoel qui " court principalement pour lui-même ".

Un an plus tard, les voilà de nouveau ensemble avec le maillot de la sélection belge qui, cette fois encore, a fière allure.

Van Aert, 28 ans, et Evenepoel, de six ans son cadet, assurent avoir tourné la page et disent vouloir tout faire pour ramener le maillot arc-en-ciel au pays, où on attend cela depuis le triomphe de Philippe Gilbert en 2012.

Au Canada, où il disputait les Grands Prix du Québec et de Montréal juste avant de venir en Australie, Van Aert a raconté aux journalistes à quel point il avait vibré devant les exploits de son jeune compatriote à la Vuelta.

" On a appris de nos erreurs "

" On a appris de nos erreurs de l’année dernière. C’est mieux d’avoir Remco comme co-leader. Cette année, nos adversaires auront à surveiller deux Belges et non un seul ", a-t-il ajouté.

" Les deux sont au même niveau et s’ils veulent devenir champions du monde ils auront besoin l’un de l’autre. Pour moi, c’est un duo parfaitement complémentaire, vu leur qualités respectives ", assure le sélectionneur Sven Vanthourenhout.

" Remco n’est pas très rapide au sprint mais peut attaquer de loin. Moi je peux attendre un peu plus et tenter ma chance dans un petit groupe ", acquiesce Van Aert qui a fait l’impasse sur le contre-la-montre, où il était double vice-champion du monde sortant, pour tout miser sur l’épreuve en ligne.

Evenepoel, lui, espère d’abord retrouver de la fraîcheur après sa troisième place dans le chrono dimanche dernier où il est apparu fatigué. " Je pourrais m’endormir sur cette table ", a-t-il déclaré en conférence de presse, avouant que la saison avait été longue.

S’il retrouve ses jambes de la Vuelta, il compte néanmoins bien se mêler à la lutte pour le titre, qui serait le 27e pour la Belgique, un record. Dans le cas contraire, il a promis de se mettre sans sourciller au service de Van Aert. Chiche ?