Le Qatar peut " créer la surprise " au Mondial-2022 de football mais il sera " compliqué " de réitérer l’exploit des Qataris vice-champions du monde de handball à domicile en 2015, estime l’ancien handballeur franco-qatari Bertrand Roiné, interrogé par l’AFP.

Q: On reproche souvent au Qatar de ne pas avoir de culture sportive. Après 10 ans dans l’émirat, qu’en pensez-vous?

R: " Quand ils ont eu le championnat du monde (de handball de 2015), le Qatar, on ne savait pas où c’était sur la carte. On se disait: c’est quoi ce pays et tout ça… Puis je suis arrivé ici (à l’été 2012), donc j’ai vu l’autre côté du pays. Le Qatar, c’est un jeune pays et ils essaient de rattraper le retard, mais on ne peut pas rattraper 200 ans de sport en dix ans. Ils sont tournés vers le sport, les dirigeants veulent faire des choses, mais ils partent de loin. Et on parle d’un tout petit pays, donc je comprends les critiques. Les championnats du monde de handball, c’est plus facile à organiser. Le football, c’est un des événements sportifs les plus suivis et je pense que c’est compliqué pour un petit pays d’organiser un événement de cette ampleur. "

Q: Le Mondial de 2015 avait tout de même fini par mobiliser le public local ?

R: " Au début, en semaine, c’était un peu compliqué, comme partout. Petit à petit, on gagne notre premier match, le deuxième et on sent que les gens commencent à arriver parce que ça fait un peu de bruit (dans les salles). Plus ça allait, plus les salles étaient pleines. Et j’ai vu des Qataris passionnés comme jamais, alors que d’habitude ce sont des personnes assez posées. (…) Je pense que, pour le foot aussi, ils vont aller dans les stades. C’est un événement d’un autre ordre que le handball. Les Qataris vont venir mais, si le Qatar passe les poules, il y aura un engouement encore un peu plus grand derrière l’équipe. "

Q: A l’instar les footballeurs qatariens depuis juin, vous participiez à de longs camps d’entraînement annuels. Quel en est l’intérêt ?

R: " On a un fonctionnement de club parce qu’on s’entraîne cinq mois ensemble tous les jours ou presque. Donc on a beaucoup plus de temps pour se préparer que les équipes européennes. (…) La différence est énorme, on a pu le voir à chaque compétition. Au début, on a dit: ils ont pris des joueurs extérieurs (étrangers, NDLR), des choses comme ça. Mais, mine de rien, on a joué contre des équipes où tous les joueurs jouent dans les plus grands clubs européens et on a pu rivaliser ou gagner. C’est grâce aussi à ces entraînements journaliers. "

Q: Pensez-vous que le Qatar puisse surprendre au Mondial-2022, comme vous en 2015 ?

R: " Au hand, souvent, la meilleure équipe gagne. (…) Au foot, l’autre équipe peut être bien au-dessus mais ne jamais marquer et, toi, tu as un corner et tu marques. Donc ils peuvent créer la surprise. (…) Il n’y a que des joueurs qataris, nés au Qatar ou arrivés très jeunes. Il y a des très bons mais, quand tu passes sur un niveau mondial, la différence est là. Ils jouent à la maison, il faut qu’ils profitent aussi de ce moment-là. Il ne faut pas qu’ils se crispent. C’est ce qu’on a fait au handball, on a adoré ça. S’ils prennent du plaisir, je pense qu’ils vont être combatifs. (…) Et, si l’autre équipe ne les prend pas au sérieux, c’est là aussi que tu peux créer la surprise. Comme nous au début. Je pense que les gens se sont dit: c’est bon, c’est le Qatar, ça va aller. Et, mine de rien, on jouait plutôt bien et ils ont été surpris. "

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