Le basket libanais se porte bien. La Fédération libanaise de basket a une vision claire qui l’a notamment poussée à faire les bons choix dans son staff technique et à mettre en avant les jeunes. Le Liban s’appuie sur une génération hors-norme de basketteurs locaux, qui laisse présager de belles performances à la prochaine Coupe du monde (25 août au 10 septembre 2023).

À l’antipode de la majorité des secteurs libanais qui ont été touchés de plein fouet par les crises économique et sanitaire ces dernières années, le basket au Liban se porte bien. La fédération actuelle, en place depuis 2018, est une partie prenante importante du succès du basket libanais, notamment en ce qui concerne la réussite des équipes nationales.

Haidar et Arakji sont les capitaine et vice-capitaine de la sélection. Photo Sarkis Yeretsian

En février 2022, l’équipe première a en effet réussi l’exploit de ramener pour la première fois le titre de champion arabe des nations. En juillet, les Cèdres ont été sacrés vice-champions d’Asie pour la quatrième fois de leur histoire, sachant que les trois premières fois, l’Australie et la Nouvelle-Zélande n’étaient pas encore inclus dans le continent pour les compétitions FIBA. Et pour couronner le tout, le Liban s’est qualifié en août pour disputer la quatrième Coupe du monde de son histoire (qui se tiendra aux Philippines, au Japon et en Indonésie du 25 août au 10 septembre 2023), après celles de 2002, 2006 et 2010. Le Liban avait obtenu une invitation pour participer au Mondial 2010. La dernière qualification sur le terrain du Liban datait donc de 2006, soit 17 ans sans pouvoir gagner sa place dans l’épreuve reine de ce sport.

Si ces succès s’expliquent avant tout par le talent sportif d’une génération hors-norme, la fédération en place a certainement joué un rôle catalyseur pour redynamiser le basket libanais. Dans un entretien avec Ici Beyrouth, le secrétaire général de la fédération, Charbel Rizk, souligne que "notre réussite s’explique par le fait que nous avons une vision claire que nous avons appliquée au moindre détail durant les différentes compétitions qui ont eu lieu ces dernières années. Nous avons d’abord amélioré le staff technique, ce qui a eu un impact positif sur la performance des joueurs. Nous avons prôné de donner la chance à des joueurs plus jeunes. Ainsi, nous devrions disputer la Coupe du monde avec une sélection jeune, dynamique, qui a un caractère marqué par l’esprit de défense et de combat. Nous avons travaillé de fond en comble, en insistant notamment sur les catégories de jeunes. Nous avons mis la sélection au centre de notre vision et stratégie. Nous avons réglé plusieurs obstacles qui entravaient le succès des équipes nationales auparavant. Ainsi, nous nous sommes imposé beaucoup de discipline dans notre travail, et la fédération en place est très homogène avec une bonne alchimie d’équipe. Ces facteurs ont donné ces bons résultats. Ce travail a pris des mois et des années. L’équipe nationale est aujourd’hui unie. Même quand la sélection souffre d’absences pour blessures, elle continue de produire le même résultat. Ceci est une preuve que le travail de l’ensemble de la structure est bien huilé."

Des équipes de jeunes plutôt prometteuses

En plus de l’équipe première, le Liban s’est qualifié pour les coupes du monde U17 et U19, après avoir fini quatrième en Asie des catégories U16 et U18. Rizk explique que "le travail minutieux de la fédération a fait qu’en parallèle à l’équipe première, les sélections U16 et U18 se sont elles aussi qualifiées pour la Coupe du monde. Le processus mis en place et la stratégie dans leur ensemble sont en train de produire d’excellents résultats. Les résultats de l’équipe première avec de jeunes joueurs, et des catégories U16 et U18, sont les prémices de bons résultats pour la prochaine décennie."

Sans faire la fine bouche sur les succès des équipes de jeunes, on peut noter que ces deux sélections ont fini au pied du podium des championnats d’Asie de leurs catégories cette année, soit une performance moins bonne que l’équipe première. Il existe donc encore une marge de progression importante pour ces jeunes. De surcroît, les bonnes performances en catégories de jeunes ne sont pas nécessairement synonymes de titres ultérieurs en équipe première. Les meilleurs exemples sont, en football, les générations de jeunes du Portugal des années 80 (Figo, Rui Costa…) et de l’Argentine des années 2000 (Messi, Agüero…), qui ont raflé les principaux titres chez les jeunes, sans jamais concrétiser avec une victoire en coupe du monde. La transition des jeunes joueurs vers le basket professionnel est en soi un chantier que les différentes organisations du secteur (clubs, académies, fédération…) doivent continuer à développer, pour accompagner l’évolution et la progression des jeunes jusqu’à l’équipe première.

Karim Zeinoun est un jeune joueur libanais très prometteur. Photo Sarkis Yeretsian

La qualification pour les JO 2024 en ligne de mire  

La fédération est ambitieuse pour le Mondial 2023. Sans vouloir fixer de stade de compétition à atteindre comme objectif, Rizk explique que la fédération va "tout donner pour réussir le meilleur résultat possible. Nous voulons donner une bonne image du Liban au cours du Mondial 2023. Nous allons à cette compétition avec un esprit combatif. Nous préparons actuellement en amont les stages de préparation à la Coupe du monde, et notre objectif sportif est de terminer cette compétition au moins comme la meilleure nation asiatique, ce qui nous qualifierait pour les JO de Paris en 2024". Cet objectif est d’autant plus rationnel et atteignable que, contrairement aux championnats d’Asie des nations, où l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont désormais de solides concurrents, le classement asiatique du Mondial ne prend en compte que les nations qui sont géographiquement en Asie. Le Liban a donc une bonne carte à jouer pour disputer sa première olympiade en basket.

Sur le plan purement sportif, on peut déplorer une récurrence du Liban à mal débuter les matches. Les deux phases d’un match de basket nécessitant le plus de solidité psychologique et mentale pour gérer la pression sont les entames et les dernières minutes. Si les fins de match du Liban sont généralement bonnes, l’équipe a malheureusement pris l’habitude d’accumuler un retard en début de partie. Dans une compétition comme la Coupe du monde, où la pression sera énorme et à laquelle aucun joueur de l’équipe n’aura déjà une expérience préalable, il est impératif que la fédération prépare les joueurs sur ce plan de la meilleure façon, en incluant dans le staff technique les meilleurs experts libanais en la matière.

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