Ce n’est pas une explosion, mais une éclosion: annoncé comme l’un des futurs grands depuis plusieurs années, Félix Auger-Aliassime est devenu le joueur à battre de cette fin de saison 2022.

Vendredi, il a enchaîné une seizième victoire consécutive en se qualifiant pour les demi-finales du Masters 1000 de Paris où il vise un quatrième titre en quatre semaines après Florence, Anvers et Bâle.

Classé 8e mondial à Paris, son meilleur classement, il est déjà assuré d’atteindre au moins le 6e rang lundi. " Félix a de plus en plus les outils pour performer, explique son entraîneur Frédéric Fontang. Chaque année, on essaye de les affûter un peu plus et là, sur l’indoor où le réglage est un peu plus facile, son puzzle de jeu se met en place ".

Le Canadien de 22 ans avait atteint les demi-finales de l’US Open en 2021 et enchaîné sur des quarts à l’Open d’Australie en 2022. Les deux fois, il avait été battu par Daniil Madvedev, futur lauréat à New York et finaliste à Melbourne où le Russe avait sauvé une balle de match contre FAA.

Mais après huit finales perdues depuis Rio en 2019, et alors que Toni Nadal, l’oncle et ex-entraîneur de Rafa, a rejoint son staff en avril 2021 pour qu’il progresse sur terre battue, 2022 a marqué un tournant. Il a en enfin décroché son premier titre en février à Rotterdam en ayant battu notamment Andy Murray (95e), Cameron Norrie (13e), Andrey Rublev (7e) et Stefanos Tsitsipas (4e en finale).

Déclic

Pourtant, selon Fontang, ce n’est pas ce premier titre qui a servi de déclic à FAA, mais sa défaite au 2e tour du dernier US Open contre Jack Draper (53e). " C’était un mal pour un bien. Felix n’a pas fait un très bon match, mais ça nous a donné trois semaines pour travailler " avant la suite de la saison, analyse Fontang. Ce travail a consisté à développer son jeu vers l’avant ainsi que son revers, tant techniquement que tactiquement.

Et depuis octobre, le Québécois est irrésistible. Même Carlos Alcaraz, devenu le plus jeune N.1 de l’histoire de l’ATP après son titre à Flushing Meadows, a fait les frais de l’éclosion d’Auger-Aliassime, en demi-finales à Bâle. " Son tennis est en place. Avec les victoires, la confiance augmente, donc on joue mieux les points importants ", explique Fontang. Et si ses adversaires comptent sur une baisse physique de FAA, ils ont jusque-là déchanté. Y compris Frances Tiafoe (21e), demi-finaliste de l’US Open, qui a encaissé un cinglant 6-1, 6-4 en quarts de finale à Paris.

" J’ai l’énergie pour finir "

" Le physique, ça se travaille tout au long de l’année, dans le sens où il faut maintenir, développer quand on a le temps, et bien récupérer ", relève Fontang en soulignant que " le meilleur travail physique, c’est sur le terrain ".

En outre, " la confiance lui permet d’effacer les petits signes de fatigue ", souligne le coach. " Hier matin (jeudi), avant de jouer Gilles (Simon en 8es de finale, ndlr), je ne me sentais pas au mieux (…) et finalement j’ai trouvé l’énergie qu’il fallait pour bien jouer. A partir d’aujourd’hui, je me sens très bien, je pense que j’aurai l’énergie pour finir ce tournoi ", confirme le joueur quelques minutes après sa qualification pour le dernier carré parisien.

Force est de constater que l’alchimie opère et que, si le travail commence à payer, il " payera peut-être encore plus après ", relève Fontang. " Chaque fois qu’il va gagner, il va progresser. A chaque fois, c’est une marche de plus. C’est un processus non-stop, et Félix est en train d’attraper ça ", savoure son coach.

Quel que soit son résultat à Paris, le Canadien jouera pour la première fois de sa carrière le Masters (13-20 novembre à Turin), le dernier tournoi de la saison qui réunit les huit meilleurs joueurs de l’année. Félix Auger-Aliassime fait enfin partie du gratin.

AFP