Aux côtés des derniers vice-champions du monde 2018, une nouvelle génération croate se révèle au Mondial-2022, à l’image du défenseur central Josko Gvardiol, rempart essentiel pour les siens face au Brésil de Neymar en quarts de finale vendredi (17h00). À 20 ans seulement et avec 16 petites sélections à son compteur, le joueur du RB Leipzig (transféré pour 19 millions d’euros à l’été 2021) crève l’écran, comme face au Belge Romelu Lukaku dans le temps additionnel du match décisif de la phase de groupes (0-0).

Depuis le coup d’envoi du tournoi, il multiplie les Unes dans la presse croate, le nombre de ses abonnés sur Instagram a plus que doublé (de 114.000 à 265.000) et l’Anglais Rio Ferdinand en a fait son " défenseur favori " au micro de la BBC. " Il est déjà une des stars de l’équipe, fait remarquer à l’AFP Sasa Lugonjic, de la chaîne croate Nova TV. On s’attendait à ce qu’il soit aussi important. Je pense que c’est surtout une surprise pour la presse internationale car il joue dans un bon club, mais pas au Real Madrid ou à Manchester City. "

Preuve de ce statut, après Luka Modric, Ivan Perisic et Mateo Kovacic, Gvardiol -qui joue caché derrière un masque noir pour cause de nez cassé – a assuré la conférence de presse officielle avant le huitième de finale contre le Japon (1-1, 3 t.a.b. à 1) aux côtés du sélectionneur Zlatko Dalic.

" Un des meilleurs, sinon le meilleur "

Retenu pour le dernier Euro alors qu’il n’avait jamais joué avec l’équipe première, le jeune homme est désormais installé en défense centrale, préféré au vétéran Domagoj Vida, et a attiré l’attention de plusieurs grands clubs, à commencer par Chelsea, le Real Madrid et Manchester United, qu’on dit sur les rangs pour le débaucher.

Dalic ne veut " pas parler des joueurs individuellement, seulement de l’équipe ". Interrogé par l’AFP, il lâche tout de même qu' "à 20 ans, c’est un des meilleurs, sinon le meilleur défenseur central au monde actuellement ". " Je souhaite qu’il continue à faire exactement ce qu’il fait, poursuit le technicien. C’est un jeune homme très malin, très intelligent, il faut qu’il continue à travailler là-dessus. "

Dani Olmo, qui l’a côtoyé au sein du Dinamo Zagreb (son club formateur) et à Leipzig, décrit son coéquipier comme " courageux, voulant toujours gagner et s’améliorer. "

L’intéressé se dit " ambitieux, souriant et sociable ". C’est aussi un jeune homme " simple ", ajoute Lugonjic, rappelant que Gvardiol (à prononcer comme Guardiola sans le A final) se rendait encore en tramway à l’entraînement il y a quelques années.

" Protéger mes gars "

On serait tenté d’ajouter dévoué à son rôle sur le terrain, parfois au-delà des limites du raisonnable. En témoigne le match de Ligue des Champions à Bruges où il a tenté de repousser de la tête un gobelet de bière lancé en direction de ses coéquipiers célébrant un but. " Je devais protéger mes gars donc j’ai essayé de dégager la bière de la tête mais j’ai raté et je l’ai touchée avec l’épaule ou le bras, je ne sais plus ", s’est-il amusé dans une interview diffusée par son club.

Gvardiol inclus, dix-huit des hommes retenus par Dalic pour se rendre au Qatar n’étaient pas présents en Russie en 2018. Et, avec six joueurs évoluant en première division croate et moins de stars issues des grands clubs européens, l’équipe n’a pas le même profil, pointe le sélectionneur. " C’est excellent pour eux d’avoir la chance de jouer avec des milieux comme Modric (37 ans, ndlr), Perisic (33 ans), Kovacic (28 ans) ou Marcelo Brozovic (30 ans) car ils peuvent apprendre beaucoup de ces joueurs ", se félicite le technicien croate, qui " tire son chapeau à cette nouvelle génération car ils jouent très bien. " " Leur heure arrive et cet excellent résultat en Coupe du monde va leur servir d’inspiration dans l’avenir, anticipe Dalic. Après l’argent en 2018 et le bronze en 1998, c’est déjà notre troisième meilleur résultat dans un Mondial et nous sommes encore dans la course. Nous voulons et nous pouvons aller plus loin. "

AFP