Le Comité exécutif de la Fédération française de football se réunit de nouveau jeudi au moment où la pression se fait de plus en plus forte sur Noël Le Graët, président mis en retrait et proche de la sortie.  Cette réunion du " gouvernement " de la FFF intervient trois jours après l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête pour harcèlement moral et sexuel à la suite du signalement effectué par les auditeurs de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) chargés par le ministère des Sports d’éclaircir les dysfonctionnements au sein de l’instance.

L’ordre du jour du Comex, qui se déroulera en visioconférence à partir de 11h, ne mentionne pas explicitement l’avenir de Le Graët mais la situation du dirigeant de 81 ans, en poste depuis 2011, sera forcément au menu des discussions.

Actuellement aux Antilles, le Breton ne devrait d’ailleurs pas assister à la séance, selon plusieurs sources internes, ce qui pourrait peut-être permettre de délier les langues. Déjà fragilisé par de nombreuses polémiques et petites phrases ainsi que des comportements supposés sexistes vis-à-vis d’anciennes salariées, l’ancien maire socialiste de Guingamp a été obligé de se mettre en retrait la semaine dernière lors d’un Comité exécutif extraordinaire convoqué juste après des déclarations à l’emporte-pièces concernant l’icône du football et du sport français Zinédine Zidane.

Ce Comex avait décidé d’introniser Philippe Diallo en tant que président par intérim en attendant les conclusions de l’audit, prévues pour la fin du mois de janvier.  Mais le développement judiciaire du début de semaine, avec l’enquête confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) a assombri encore un peu plus l’avenir de Le Graët et ses chances de retrouver ses prérogatives.

Le patron du football français a démenti les accusations, s’en prenant, dans un communiqué transmis mardi à l’AFP, aux fuites organisées " par voie de presse " et fustigeant une " enquête administrative, manifestement à charge ", pour laquelle il n’a pas eu " l’occasion de faire valoir ses observations en défense ". Il a également égratigné les " interférences et pressions politiques " du gouvernement.

Appels à la démission

Mais il semble cette fois bel et bien acculé et les appels à sa démission se multiplient, que ce soit en interne ou à l’extérieur de la FFF. Une démission de Le Graët " serait un signal extrêmement positif envoyé à l’ensemble des victimes ", a ainsi lancé la ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, Isabelle Rome, lundi sur la chaîne Public Sénat.

Si l’ex-président de l’En Avant Guingamp ne se résout pas à passer la main de sa propre initiative, le Comex pourrait lancer un appel en ce sens, selon une source proche du dossier. Mais la marge de manœuvre du Comité exécutif, dont la grande majorité des membres est issue de la liste que Le Graët a présentée avant sa dernière réélection en mars 2021, reste réduite.

Dans les faits, le gouvernement de la FFF ne peut en effet " qu’inciter " le président à rendre son tablier, explique un des membres, et ne peut pas l’obliger à quitte la scène. En cas de refus de Le Graët de s’écarter, la grande crainte des élus est surtout de voir l’Assemblée fédérale être convoquée par le quart de ses membres afin de destituer le Comex dans son ensemble.

Une démission de Le Graët maintiendrait le Comex en place et le vice-président Philippe Diallo aux commandes jusqu’à l’Assemblée fédérale prévue en juin. Une destitution du Comex entraînerait de nouvelles élections dans un délai maximum de deux mois.

AFP