Omnipotente en Coupe du monde cette saison, l’Américaine Mikaela Shiffrin aborde les Mondiaux de ski alpin à Méribel (5-19 février) revancharde après être passée à côté du dernier rendez-vous planétaire: les Jeux olympiques de Pékin en 2022.

Il y a un an presque jour pour jour, Shiffrin vivait une quinzaine cauchemardesque. Sortie de piste lors du combiné, du slalom et du géant, seulement neuvième du super-G, 18e de la descente et quatrième du parallèle par équipe, la skieuse de 27 ans ratait complètement ses JO, chose rarissime dans sa carrière faite de victoires et de records.

" Ma performance aux JO est toujours un peu dans ma tête, j’étais très déçue, admet-elle en amont des Mondiaux. Participer à des Championnats du monde après, ça arrive dans une carrière, je suis prête pour donner mon meilleur. Un échec peut arriver, mais je n’attends ni l’un, ni l’autre. " Depuis cette sortie de route, la skieuse du Colorado s’est idéalement reprise en Coupe du monde.

Ses onze victoires cette saison (85 au total) lui ont permis de dépasser sa compatriote Lindsey Vonn au classement des succès dans cette compétition et d’entrevoir le record absolu établi par le Suédois Ingemar Stenmark (86).

" Je n’ai aucune attente "

Dans cette course à la gloire suprême, Shiffrin bénéficie toutefois d’une pause de deux semaines, puisque les courses des Mondiaux ne comptent pas pour le circuit de la Coupe du monde. Mais un autre record prestigieux est à la portée de ses skis: celui de l’Allemande Christl Cranz, qui a glané quinze médailles mondiales dans les années 1930.

Shiffrin en a obtenues onze, dont six en or (slalom en 2013, 2015, 2017 et 2019, super-G en 2019, combiné en 2021). Son armoire à médailles mondiales étant déjà bien garnie, l’Américaine semble sereine.

" J’ai déjà rempli tous mes objectifs aux Mondiaux en matière de médailles. Le but aux Mondiaux est de viser l’or, il n’y a pas de classement à protéger ou de points à marquer. Mais je n’ai aucune attente. " Un programme dense l’attend: le combiné dès lundi, puis le super-G mercredi, le géant (jeudi 16) et enfin le slalom (samedi 18).

Favorite dans les épreuves techniques, Shifrin se " sen(t) bien dans chaque discipline " après des " bons entraînements " dernièrement.

Kilde, soutien de luxe

Outre sa forme éclatante, elle peut compter sur une autre référence mondiale du ski alpin pour la soutenir, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, N°2 du classement de la Coupe du monde, avec qui elle forme un couple de champions. " M’entraîner avec lui, c’est ce que je préfère, c’est tellement motivant, dévoile-t-elle. Il a un si bon regard sur le ski, on parle des virages, de la technique, des tactiques, des sensations, tout. "

En amont de son duel de haute volée avec le Suisse Marco Odermatt en Coupe du monde, Kilde s’est entraîné l’été dernier au Chili avec Shiffrin, avant que les deux sportifs soient " sur des autoroutes ", comme le décrit l’Américaine.

" C’est l’influence la plus positive que l’on puisse avoir autour de soi, affirme-t-elle. J’ai toujours hâte de m’entraîner avec lui, sur la neige et en salle de gym, c’est incroyable. "

Kilde a notamment soutenu Shiffrin lors d’un des rares échecs de sa carrière, pendant l’olympiade pékinoise. " Il m’a donné des conseils pendant les JO, je pense souvent à nos conversations. Il me rappelait tout le temps à quel point les marges sont minces dans ce sport (…) et que le fait d’être du mauvais côté peut arriver. Je dois essayer de trouver quelque chose que je peux apprécier parce que je ne peux pas me rabaisser constamment et espérer survivre à cela. " " Si j’échoue à nouveau, ce sera dommage mais je survivrai, souffle-t-elle. C’est le meilleur conseil qu’il ma donné, il marche systématiquement. " Sur la piste du Roc de Fer, c’est bien sur la plus haute marche du podium que Shiffrin sera attendue.

AFP