Co-leader de Bundesliga aux côtés des deux mastodontes, le Bayern et Dortmund, toujours en course en Ligue Europa et en Coupe d’Allemagne: pour l’Union Berlin, qui cultive sa différence, " la folie se poursuit " cette saison, avant de défier le géant bavarois dimanche.

Jeudi, dans la fraîcheur d’une soirée d’hiver berlinoise, l’entraîneur de l’Union Urs Fischer avait le sourire, après la qualification de ses joueurs pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa, aux dépens de l’Ajax Amsterdam, ancien grand d’Europe.

" La folie se poursuit ", a tout simplement lâché le tacticien suisse, alors que son équipe, qui aura une carte à jouer contre les Belges de l’Union Saint-Gilloise en huitième de C3, n’en finit plus de surprendre Outre-Rhin et au-delà.

Chaque week-end, le quartier de Köpenick dans l’est de la capitale allemande vit, cette saison encore plus, au rythme des notes de " Eisern Union ", l’hymne du club interprété sur des airs punk par Nina Hagen, chanteuse phare des années 1970 et 1980, native de Berlin Est.

" Immer weiter, ganz nach vorne! " (" Toujours plus loin, vers les sommets ") entonnent avant chaque match les quelques 22.000 spectateurs que peut accueillir l’Alte Försterei, la Vieille maison forestière, stade de l’Union loin des gigantesques Allianz Arena du Bayern (75.000 places) ou Westfalenstadion de Dortmund (81.000 places).

Aux deux tiers de la saison de Bundesliga, l’Union partage le haut de l’affiche du championnat, à égalité de points (43) avec le Bayern Munich et le Borussia Dortmund, les deux plus puissants clubs d’Allemagne aux palmarès longs comme le bras, quand les Berlinois n’ont qu’une finale de Coupe d’Allemagne (perdue en 2001 contre Schalke) à offrir, et qu’ils ne disputent que leur quatrième saison dans l’élite.

Une " Fankultur " pure

Le match de barrage contre Stuttgart à l’Alte Försterei qui assura la promotion du club en première division allemande à la fin du printemps 2019, est encore gravée dans la mémoire de John Richter, Anglais de 58 ans qui a décidé de s’installer dans la capitale allemande ce soir-là. " A partir de ce moment, je me suis dit que je devais aller à plus de matches et que je devais être à Berlin plus souvent ", poursuit cet ancien supporter de Liverpool pour qui l’Union permet de se retrouver dans un jeu moins commercial, avec une " Fankultur " plus pure.

" Faire une Leicester ", en référence au titre de champion d’Angleterre remporté à la surprise générale par Leicester en 2016, traverse parfois l’esprit de certains fans de l’Union, comme Oliver Jauer, qui participe à un podcast et à un blog des fans de l’Union, " Textilvergehen ".

Âgé de 41 ans, il a découvert le club dès son enfance en allant au stade avec son père, du temps où le club évoluait encore en ex-RDA. " Heureusement, je ne me suis pas rebellé contre mon père ", sourit le supporter des " Köpenickers ".

" Les supporters sont incroyables, ils n’en ont rien à faire du résultat. Ils sont dans le stade une heure avant le coup d’envoi, ils sont debout et le stade est toujours plein ", souligne l’attaquant international américain Jordan Siebatcheu.

" Peu importe que ce soit en Coupe, en Bundesliga ou en amical, ils sont toujours là ", ajoute le buteur berlinois. Le prochain défi sur la route de l’Union est de taille: le Bayern Munich, décuple champion d’Allemagne en titre, qui reste sur une défaite sur la pelouse du Borussia Mönchengladbach la semaine dernière et que l’Union n’a jamais battu.

AFP