Un retour attendu et un constat d’impuissance: la WTA a annoncé jeudi relancer les tournois du circuit professionnel féminin de tennis en Chine dès cette année, sans avoir réglé l’affaire Peng Shuai comme elle l’espérait. " Après seize mois de suspension des compétitions de tennis en Chine et d’efforts continus pour atteindre notre objectif, aucun signe de changement n’est apparu. Nous en avons conclu que nous ne parviendrions jamais complètement à nos objectifs et qu’au bout du compte, ce sont nos joueuses et nos tournois qui paieront le prix fort pour leur sacrifice ", explique la WTA dans un communiqué.

Dans ces conditions, l’instance annonce la " levée de la suspension " de ses tournois en Chine et " la reprise des tournois en septembre prochain ". A ce jour, le calendrier 2023 de la WTA se termine par le tournoi de Bari (Italie) du 4 au 10 septembre. La suite doit encore être publiée. Le 1er décembre 2021, la WTA avait annoncé suspendre ses tournois en Chine " quelles qu’en soient les conséquences financières ", en soutien à Peng Shuai qui avait osé accuser un haut dirigeant communiste de son pays de lui avoir imposé un rapport sexuel contraint. " Nous ne regrettons pas notre décision de suspension, mais la WTA et ses membres considèrent qu’il est temps de reprendre nos missions en Chine ", annonce l’instance.

Suite logique

Elle assure également qu’elle " continuera à soutenir Peng et à oeuvrer pour la promotion des femmes dans le monde ". L’annonce officielle de la reprise des tournois WTA en Chine suit logiquement celle de septembre dernier lorsque l’instance avait dit que " conformément à un contrat de long terme ", le circuit était susceptible de revenir en Chine en 2023.

Lors de la saison 2019, la dernière à ne pas avoir été impactée par le Covid-19, dix tournois avaient été organisés en Chine, dont les Masters féminin de fin d’année qui, avec 14 millions de dollars, avaient été mieux dotés financièrement que leurs équivalents masculins.

Peng Shuai, aujourd’hui âgée de 38 ans et lauréate de Wimbledon et Roland-Garros en double, avait disparu quelques jours en novembre 2021 après avoir publié sur le réseau social chinois Weibo un long message dans lequel elle accusait l’ex-vice Premier ministre Zhang Gaoli, de 40 ans son aîné et retraité depuis, de l’avoir agressée sexuellement avant d’en faire sa maîtresse.

Depuis, elle est réapparue à plusieurs reprises, notamment à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février 2022 où avaient été organisés un entretien avec le quotidien sportif français L’Equipe et une rencontre avec le président du CIO Thomas Bach. Mais à chacune de ces apparitions, Peng Shuai était accompagnée par des officiels du régime et n’a donc pas rassuré, notamment la WTA, sur sa situation réelle.

Manque de soutien

Pas plus que n’ont rassuré sur sa sécurité et ses libertés de mouvement et d’expression, ses apparitions publiques en Chine, dont les images ont été savamment montrées. C’est pourquoi la WTA a maintenu son boycott jusqu’à l’annonce de ce jeudi dans laquelle elle regrette de n’avoir " pas obtenu tout ce qu’elle avait espéré " mais explique avoir toutefois reçu " des assurances " de la part de proches de la joueuse que Peng " vivait en sécurité avec sa famille à Pékin ". " Nous avons également reçu des assurances quant à la sécurité des joueuses et du staff de la WTA lorsqu’ils seront en Chine ", ajoute l’instance dans son communiqué en affirmant " tenir toutes les parties pour responsables de leur engagement ".

Et si elle admet céder à la pression financière représentée par les très lucratifs tournois chinois, la WTA regrette de ne pas avoir été suffisamment suivie dans son action. " Nous avons reçu de nombreuses louanges pour notre position de principe et nous pensons avoir lancé un message fort au monde. Mais les louanges seules sont insuffisantes à faire changer les choses ", souligne l’instance.

Les Jeux olympiques de Pékin s’étaient notamment déroulés en 2022 et l’ATP, équivalent de la WTA pour le circuit masculin, a suspendu ses tournois en Chine pour cause de covid, mais quatre tournois y étaient déjà programmés cette année, à Chengdu, Zhuhai, Pékin et Shanghai de septembre à octobre.

AFP

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