Seize mois après avoir décidé de quitter la Chine en raison de l’affaire Peng Shuai, le circuit féminin WTA a décidé de faire son retour dans un pays devenu rapidement essentiel pour son financement.

La WTA n’a pas obtenu toutes les garanties sur le sort de Peng Shuai qui s’est retrouvée au coeur d’une affaire d’Etat et d’une crise mondiale après avoir accusé un haut-dirigeant communiste de son pays de lui avoir imposé un rapport sexuel.

Mais les dirigeants du circuit professionnel féminin n’ont, à les entendre, pas eu d’autre choix que d’acter le retour des tournois estampillés WTA à partir de septembre.

" Nous en avons conclu que nous ne parviendrions jamais complètement à nos objectifs et qu’au bout du compte, ce sont nos joueuses et nos tournois qui paieront le prix fort pour leur sacrifice ", a expliqué l’instance dans un communiqué publié jeudi.

Dans la version chinoise de ce communiqué, beaucoup plus courte que la version anglaise, aucune mention n’est faite de Peng Shuai, ancienne N.1 mondiale en double, qui avait disparu quelques jours en novembre 2021 après avoir publié sur le réseau social chinois Weibo un long message dans lequel elle accusait l’ex-vice Premier ministre Zhang Gaoli, de 40 ans son aîné, de l’avoir agressée sexuellement avant d’en faire sa maîtresse.

Enorme déception

Depuis, elle est réapparue en public à plusieurs reprises, notamment à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février 2022. A chacune de ses apparitions, Peng Shuai était accompagnée par des officiels du régime. La WTA assure avoir obtenu " des assurances " de la part de proches de la joueuse qu’elle " vivait en sécurité avec sa famille à Pékin ".

La décision de la WTA a été critiquée par des associations de défense des droits humains: " C’est une énorme déception pour tous ceux qui défendent les droits humains en Chine ", a ainsi estimé Human Rights Watch.

Avant de poursuivre: " Ce n’est pas surprenant, au regard des sommes d’argent qui sont en jeu et du bilan d’autres entreprises de dimension mondiale en Chine ".

En ne s’en tenant qu’au sport, après deux années où la Chine a été rayée du calendrier mondial en raison du covid et des restrictions de voyage, le pays est redevenu une destination cette année pour le circuit masculin de tennis ATP (4 tournois, dont le Masters 1000 de Shanghaï en octobre) et pour l’athlétisme avec une étape du circuit mondial Diamond League.

10 tournois en 2019

Pour la WTA, la Chine est depuis 2015 sa principale source de financement dans la foulée des succès de Li Na, première (et seule) Chinoise à avoir remporté un titre du Grand Chelem en simple (Roland-Garros 2011 et Open d’Australie 2014).

En 2019, dernière saison au déroulement normal avant le covid, pas moins de dix tournois avaient été organisés en Chine par la WTA, dont les Masters féminin de fin d’année qui, avec 14 millions de dollars, avaient été mieux dotés financièrement que leurs équivalents masculins.

A titre de comparaison, la dotation des Masters féminins de fin d’année qui ont lieu en 2021 à Guadalajara (Mexique) et en 2022 à Fort Worth (Etats-Unis) avait chuté à cinq millions de dollars.

Le marché chinois est le plus dynamique au monde, avec pas moins de vingt millions de joueurs et joueuses selon des chiffres de la Fédération internationale de tennis (ITF).

" Il y a cinq Chinoises parmi les 60 meilleures mondiales (…) avec une ou deux qui peuvent viser une victoire dans un tournoi du Grand Chelem ", note Mark Dreyer, analyste spécialisé dans le sport, basé en Chine. " La Chine pourrait très bien se retrouver rapidement en première ligne du tennis féminin ".

En sortant d’un court de Shanghai, une joueuse prénommée Sue salue le retour du circuit WTA dans son pays: " Il n’y a jamais eu autant de gens qui jouent au tennis, en particulier chez les femmes, tout le monde est impatient de revoir dfu tennis professionnel ", assure-t-elle.

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