Dans un entretien exclusif avec Ici Beyrouth, le président d’Ansar, Nabil Badr, qui est également député de Beyrouth, tire à boulets rouges sur la fédération libanaise de football tout en fustigeant les décisions arbitrales en sa défaveur au cours de matchs décisifs du Championnat du Liban de football 2022/2023 et même lors de saisons précédentes.

Quel bilan sportif dressez-vous de la saison 2022-2023? Êtes-vous satisfait de la deuxième place?

Ansar a habitué son public aux succès sportifs. Cette année, nous étions sur le point de remporter le championnat. Plusieurs facteurs nous ont empêchés de décrocher le titre. Je ne suis pas satisfait de la deuxième place au classement général, mais je suis satisfait du jeu et de l’attitude de l’équipe. Nous étions l’équipe la plus stable au niveau technique sur l’ensemble du championnat. Je m’attendais à ce que nous remportions le titre, mais il y a eu des erreurs d’arbitrage, notamment au cours du match contre Nejmeh, où un penalty ne nous a pas été sifflé. La fédération s’est excusée auprès du club pour cette erreur. Certains disent qu’il s’agit d’erreurs humaines d’arbitrage, mais c’est Ansar qui est en est la plus grande victime. Il arrive évidemment qu’un arbitre commette des erreurs, mais celles-ci sont aussi bien en votre faveur qu’en votre défaveur. C’est le bon sens. Mais dans tous les matchs décisifs, et cela au cours de mes dix années dans le football, jamais l’arbitre n’a fait une erreur en notre faveur aux dépens de nos deux principaux rivaux (Nejmeh et Ahed). Et les erreurs en notre défaveur sont flagrantes et se sont produites dans différentes situations de jeu (penalty imaginaire, expulsion…).

L’introduction de l’assistance vidéo aux arbitres (VAR) ne pourrait-elle pas être salutaire dans ce contexte, avec la diminution des erreurs d’arbitrage?

NB: Au Liban, les erreurs d’arbitrage sont tellement nombreuses que la VAR ne pourra pas y remédier. La VAR ne suffit pas. Nous voulons des experts pour diriger la VAR. Au Liban, tout est politisé et confessionnalisé, et le sport ne déroge pas à la règle. L’introduction de la VAR ne règlera pas le problème des erreurs d’arbitrage du fait de la politisation du football libanais. Il nous faut des experts internationaux pour déployer la VAR. J’attire votre attention sur le fait que les erreurs ne sont pas effectuées uniquement par des arbitres libanais mais aussi par des arbitres étrangers. Je suis très gêné de décrier en permanence ces attitudes sans que cela n’ait un écho. Et ces erreurs à répétition ont entraîné la réaction excessive du public au cours du dernier match de championnat face à Ahed.

En plus des erreurs d’arbitrage, que reprochez-vous à la Fédération libanaise de foot?

Au sujet du format d’organisation de la compétition, les choses se passent toujours à l’envers au Liban. La fédération doit annoncer à l’avance le format de la compétition. Ces dernières années, nous avions fait une certaine planification sur toute la saison et, au final, la fédération nous a informés qu’elle allait faire un championnat avec uniquement une phase aller, sans phase retour, suivie d’un Final 6 pour les 6 meilleures équipes et d’un "championnat de relégation" pour les 6 moins bonnes. À la fin de la phase aller, les points ont été divisés par deux. Nous avions 6 points d’avance à la fin de cette phase, qui ont été divisés par deux avant le début du "Final 6". Ainsi, nous n’avions plus que trois points d’avance avant la phase finale. Sans ce système, Ahed n’aurait probablement pas pu nous rattraper au classement. La saison ne dure qu’une vingtaine de matchs, cela est très peu. La saison finit trop tôt. Nous avons organisé récemment une réunion entre tous les clubs de l’élite pour que le format de la compétition soit plus adapté. Je souhaite que nous jouions un championnat complet, avec une phase aller et une phase retour complètes. Le format actuel n’est pas le bon. La saison s’est terminée en mars, alors que je continue à payer des salaires en dépit de la fin de la compétition. Finalement, ce sont nous, les clubs, qui finançons l’écosystème de ce sport. La fédération ne fait que du management. Un autre aspect que nous critiquons vivement est l’instauration de quotas pour imposer aux équipes d’avoir des jeunes joueurs d’une certaine catégorie d’âge avec du temps de jeu. La fédération n’a pas de vision. Si elle est incapable de faire son travail correctement, qu’elle démissionne. La fédération actuelle a une rancœur envers Ansar en raison du précédent secrétaire général de la fédération Rahif Alameh, qui aurait favorisé Ansar. Mais cela s’est passé il y a longtemps, l’équipe actuelle n’en est en aucun cas responsable.

Quel était le budget d’Ansar pour la saison 2022/2023? Quel sera le budget pour la saison 2023/2024?

Notre budget était d’1,7 millions de dollars pour la saison 2022/2023. Nous allons tenter de réduire le budget en 2023/2024. Cependant, la réduction du budget sera difficile car l’objectif reste le même: remporter le Championnat du Liban. Nous allons essayer de faire passer le budget à 1.5 millions de dollars pour la saison prochaine.

Quelle est la fourchette des salaires des joueurs?

Les salaires varient en fonction de l’importance du joueur. Nos joueurs gagnent entre 3000 et 12.000 dollars par mois.

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