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La Lebanese Flying Disc Association (LFDA) a organisé un tournoi international d’ultimate à Sandy Beach, à Chekka, le week-end dernier. La discipline, non professionnelle au Liban, ne possède encore ni fédération ni championnat national et souffre du manque de financement et d’aides étatiques.

L’ultimate, originellement appelé ultimate frisbee, est un sport collectif mixte qui a fait son apparition en 1967 dans le monde. Il fut développé par les élèves de la Columbia High School à Maplewood, dans le New Jersey, aux États-Unis. L’objectif était de créer un sport nouveau se référant aux valeurs originelles de l’olympisme. Ainsi, dans la pratique, il n’y a pas d’arbitre: chaque joueur a la responsabilité de veiller au respect des règles. Les contacts physiques ne sont pas autorisés.

L’ultimate oppose 2 équipes de 7 joueurs chacune utilisant un disque ou frisbee. Pour marquer des points, les joueurs doivent progresser sur le terrain par passes successives vers la zone d’en-but adverse, un peu comme au rugby. Ce sport se pratique dans sa version la plus courante (7 contre 7), dite "classique", à l’extérieur, sur terrain en herbe. Mais, il peut aussi être joué sur un terrain de handball en salle ou sur la plage (2 équipes de 5 joueurs chacune). Selon les variantes – plage ou en salle –, la taille du terrain peut changer et les règles sont légèrement aménagées.

L’ultimate intègre plusieurs catégories de jeu: la division Open, souvent assimilée à la catégorie masculine – qui n’existe toutefois pas officiellement; la division féminine et celle mixte (4 hommes/3 femmes ou 4 femmes/3 hommes par équipe). Et, comme dans tous les sports, il y a des catégories d’âge: junior, adulte, Master et Grand Master. Par ailleurs, il existe une version adaptée aux personnes en fauteuil roulant: l’ultimate fauteuil. Une partie dure 100 minutes. Toutefois, le premier à 15 points gagne, même avant la fin du temps réglementaire. Il existe des variantes à 13 points, selon le type de compétition ou la catégorie. Si à la fin du temps réglementaire aucune équipe n’a marqué 15 points, le score à atteindre est le plus haut +1 point: ce qu’on appelle le "cap à un", dans la limite des 15 points.

Depuis 2015 au Liban

Cette discipline a été introduite en mars 2015 au Liban, importée par des expatriés. Depuis, elle s’est très peu développée malgré l’intérêt et l’engouement qu’elle suscite – notamment auprès des jeunes –, restant au stade amateur, vu les conditions difficiles que connaît le Liban entre crise politique et marasme économique. Quoiqu’officiellement enregistré comme sport auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports, l’ultimate n’est pas fédéré au Liban, car il n’y a pas de clubs qui intègrent la discipline à leurs activités.

Toutefois, en 2015, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a créé une équipe avec l’aide des expatriés qui ont introduit ce sport au pays du Cèdre. D’autres équipes ont suivi, trop peu nombreuses malheureusement, notamment à l’Académie libanaise des beaux-arts de Balamand (ALBA) et à la Lebanese American University (LAU). Pour tenter de canaliser et promouvoir l’ultimate dans le pays, la Lebanese Flying Disc Association (LFDA) a vu le jour en 2017, s’affiliant aussitôt à la Fédération internationale du Flying Disc (WFDF, World Flying Disc Federation, en anglais).

Depuis, la LFDA – qui n’est donc pas une fédération; juste une association –, avec à sa tête Roudy Mallah (président) et Rayan Saadé (vice-président), n’a eu de cesse de tenter de développer sa discipline. Mais sans grande réussite toutefois, car elle ne bénéficie d’aucun soutien financier de la part de l’État ou des autorités compétentes. "Le financement des joueurs et des équipes (pour acheter des équipements et du matériel d’entraînement) se fait à titre personnel, chacun paie pour soi, relate Rayan Saadé. Nous ne recevons aucune aide de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports." Toutefois, "en 2022, des équipes du Koweït ont eu l’amabilité de nous envoyer des aides matérielles", poursuit le vice-président de la LFDA.


Crédit video : Yara Abou Chedid

Quatre équipes seulement

"Quatre équipes participant à des tournois internationaux existent au pays du Cèdre: deux universitaires et deux non-universitaires", explique Rayan Saadé. Cependant, de nouvelles équipes viennent tout juste de se créer entre amis passionnés d’ultimate, telle les Mawj Riders, qui pratiquent ce sport à titre de loisir en attendant de pouvoir s’engager dans des tournois internationaux. Les quatre équipes citées par Rayan Saadé comprennent chacune une vingtaine de joueurs dans leurs rangs, donc 80 joueurs au total. Mais, plus globalement, il y a au Liban environ 200 joueurs (garçons et filles confondus) à titre ludique, les garçons étant généralement plus nombreux.

"Comme il n’existe pas de clubs officiellement enregistrés, ces équipes s’entraînent à titre personnel pour participer à des tournois internationaux", dit encore Rayan Saadé, poursuivant: "Par conséquent, sans clubs, nous ne possédons pas de terrains dédiés à l’entraînement des joueurs. Ce qui rend nos préparations très difficiles. Même si n’importe quel terrain de football peut faire l’affaire, l’accès y est toutefois payant et nous ne pouvons pas toujours nous le permettre."

Sans fédération ni ligue par conséquent, il n’y a pas de Championnat du Liban d’ultimate ni même de classement des équipes. "Vu le petit nombre des équipes (quatre), nous n’avons pas l’opportunité de créer un championnat libanais ni d’avoir un classement officiel selon les résultats", explique Rayan Saadé.  Mais cela ne nous empêche pas d’organiser des tournois amicaux – deux fois par semaine – et internationaux", ajoute-t-il. Internationaux à l’instar de celui organisé par la Lebanese Flying Disc Association les samedi 10 et dimanche 11 juin à Sandy Beach, à Chekka, au Liban-Nord. Une compétition remportée par l’équipe chypriote Elia, dont voici par ailleurs le classement final:

1- Elia (Chypre)

2- Surfing Cedars

3- Floppy Disc (Jordanie)

4- Sandy Cedars

5- AUB 1

6- Beirut Blitz

7- Bobcats

8- LAU

9- AUB 2

10- Mawj Riders.

"Les tournois au Liban sont des compétitions non professionnelles, qui se jouent à titre amateur. Tout comme le dernier tournoi de Chekka, indique Rayan Saadé. Nous avons également chaque année un tournoi hivernal et un autre printanier."

"Nous ne représentons pas le pays"

Les quatre équipes libanaises qui prennent part à des tournois internationaux, dont notamment les Beirut Blitz et les Flying Cedars, s’engagent plus particulièrement dans le MENA Tournament – championnat des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Elles n’ont toujours pas participé à un championnat du monde, uniquement à des tournois régionaux comme le MENA ou encore en Europe. En outre, elles ne représentent pas le Liban, mais jouent à titre de simples équipes. "Nous ne représentons pas le pays, nous n’avons pas de sélection nationale ni de sélectionneur. Nous jouons dans des championnats nationaux étrangers en tant qu’équipes indépendantes – Flying Cedars, Beirut Blitz ou AUB", insiste Rayan Saadé.

Dans une compétition d’ultimate, il existe deux types de victoire: le gain du match à proprement parler et le trophée du meilleur esprit sportif. À l’issue d’un tournoi, les équipes votent les unes pour les autres et celle qui remporte le plus de voix se voit décerner le trophée de l’esprit sportif. "Les équipes libanaises ont remporté deux fois le trophée de l’esprit sportif dans des tournois régionaux: la première, en 2019, en Égypte et la seconde, en 2023, également en Égypte", s’enorgueillit Rayan Saadé.

Quant aux victoires de matches, "vu que nous n’avons pas suffisamment d’équipes et connaissant les difficultés que nous rencontrons à nous entraîner, par manque de continuité et de suivi, nous avons de la difficulté quand nous jouons contre des équipes mieux formées et qui s’entraînent plus régulièrement (deux à trois fois par semaine) grâce à leur fédération et leur pays qui les soutiennent. Nos meilleurs classements sont 5es/10 ou 7es/14 dans la plupart des tournois auxquels nous participons, donc, en milieu de tableau généralement", se désole le vice-président de la LFDA, en guise de conclusion.

Sans fédération ni ligue il n’y a pas de Championnat du Liban d’ultimate. Photo Paul el-Khoury

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