Symbole de l’émergence du foot féminin en Espagne, la double Ballon d’Or Alexia Putellas a retrouvé les terrains à temps pour la Coupe du monde, mais son état de forme, après quasiment un an sans jouer, jette une ombre sur les ambitions de la Roja.

La milieu de terrain du FC Barcelone incarne les forces et les faiblesses de sa sélection, avant son entrée en lice, vendredi (10h30, Beyrouth) contre le Costa Rica, à Wellington.

D’un côté, sa trajectoire stellaire, avec deux Ligues des champions remportées ces trois dernières années, épouse les aspirations grandissantes de la Roja, venue en Océanie pour bousculer l’ordre établi.

Première Espagnole à avoir atteint les 100 sélections, la joueuse de 29 ans, aux talents de créatrice qui évoquent ses idoles Xavi et Iniesta, a porté le Barça vers les sommets, au détriment de ses rivales anglaises, allemandes ou françaises.

Mais son absence de rythme, après neuf mois sans compétition suite à la rupture d’un ligament croisé du genou gauche, pourrait limiter son rayonnement, dans un système déjà amputé de plusieurs éléments en rébellion contre la Fédération.

Blessée en juillet avant l’Euro-2022, Putellas a retrouvé les terrains le 30 avril en Championnat. Remplaçante, elle n’a joué que le temps additionnel de la finale de C1 remportée contre Wolfsburg (3-2), le 3 juin.

Précautions

La meneuse de jeu a ravivé les doutes autour de son état de forme, lundi, en quittant l’entraînement au bout de vingt minutes, à la stupéfaction des 200 supporters venus encourager la sélection.

Des sources au sein de la Roja ont déclaré que ce départ prématuré avait été planifié.

" Nous faisons très attention, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour qu’Alexia soit dans les meilleures conditions pour pouvoir jouer demain (vendredi) ", a assuré jeudi le sélectionneur Jorge Vilda.

" Nous optimisons toutes nos sessions pour qu’elle soit avec nous ", a-t-il insisté.

L’entraîneur mesure sa chance : de nombreuses vedettes ont déclaré forfait pour le Mondial en raison de graves blessures aux genoux, de la Française Marie-Antoinette Katoto à la championne d’Europe anglaise Beth Mead.

La double lauréate en titre du Ballon d’Or est une rescapée, dont l’influence dans l’entrejeu pourrait faire la différence pour l’Espagne.

Son absence avait pesé lors du quart perdu à l’Euro-2022 face aux futures vainqueures anglaises (2-1 après prolongation).

Bien que sixième nation mondiale, la Roja n’a jamais fait mieux que les huitièmes de finale lors d’une Coupe d’une monde (en 2019).

Unité

Elle part largement favorite de son groupe, face au Costa Rica, à la Zambie et au Japon, en forme de rampe de lancement pour la phase finale.

Avant le coup d’envoi, l’optimisme est de mise dans les rangs de la sélection espagnole qui affiche son unité, quelques mois après l’épisode de rébellion fomenté par plusieurs joueuses qui menaçait son envol.

La polémique a éclaté en septembre dernier lorsque 15 joueuses ont annoncé qu’elles ne voulaient plus porter le maillot de la Roja, en raison de désaccords autour des méthodes du sélectionneur Vilda.

" C’est ridicule à un niveau mondial ", avait alors pesté le technicien, qui a gardé le soutien de sa Fédération.

Depuis, certaines des frondeuses ont manifesté leur volonté de revenir jouer pour l’Espagne, et trois d’entre elles, dont la Barcelonaise Aitana Bonmati, ont été rappelées pour le Mondial.

Alexia Putellas, elle, n’avait pas envoyé de courrier aux dirigeants, mais avait soutenu ses coéquipières sur les réseaux sociaux.

" Les 23 joueuses sont toutes différentes et nous pouvons contribuer de différentes manières dans différents matches. Nous sommes fortes, unies et avec un objectif en commun ", a assuré jeudi Esther Gonzalez, l’attaquante du Real Madrid.