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Durant plusieurs décennies, l’image de Gaston Boiteux sautant tout habillé et coiffé d’un béret dans la piscine pour célébrer la victoire de son fils Jean sur 400 m nage libre aux jeux Olympiques (JO) de Helsinki, en 1952, représentait à elle seule la natation française. Cette photo du premier champion olympique français de l’histoire des courses de natation en bassin de 50 m a fait le tour du monde. Mais, depuis cette victoire, plus rien, sinon quelques breloques en argent ou en bronze, lesquelles ne représentent que quelques gouttes d’eau dans l’océan, à comparer aux grandes nations de la natation.

Il a fallu attendre plus de cinquante ans pour entendre à nouveau La Marseillaise sur les bassins olympiques. Sur la plus haute marche du podium, Laure va marquer les esprits et révolutionner complètement le monde de la natation en devenant la première championne olympique féminine de la natation française, aux JO d’Athènes en 2004. Ce triomphe marquera un déclic, ouvrant la voie à une série de victoires en natation pour la France et entraînant dans son sillage une génération dorée.

Cette génération, comprenant des nageurs d’exception, a fait vibrer la France durant une bonne dizaine d’années. Alain Bernard, Camille Muffat, Yannick Agnel, Fabien Gillot, Jeremy Stravius, Camille Lacourt et le frère de Laure, Florent Manaudou, ont tous été champions olympiques ou champions du monde durant la décennie 2007-2016 – une force collective qui a placé la France dans le gratin mondial et qui était dotée d’une approche mentale qui a incité les nageurs à se battre avec les meilleurs. Pourtant, aucun de ces nageurs n’a réussi à se positionner parmi les meilleurs sportifs français. Aucun nageur ou nageuse n’a réussi à atteindre le statut d’un Prost, d’un Fourcade, d’une Perec, d’un Loeb ou d’un Riner. En natation, il faut gagner beaucoup, souvent et longtemps. Les Mark Spitz, Ian Thorpe, Ryan Lochte, Michael Phelps ou Katie Ledecky ont placé la barre haut, voire très haut. Pour faire partie du gotha mondial, les victoires mondiales doivent se compter par dizaines.

Après cet épisode glorieux et la retraite de ses champions, les Bleus ont clairement réduit la voilure, marquant un retour à la case zéro. À Rio, en 2016, les Bleus repartent de la Quinzaine olympique sans aucune médaille d’or. Un an plus tard, la délégation tricolore aux Mondiaux de Budapest est la plus petite depuis 2001.

Mais voilà qu’un nouveau phénomène pointe le bout du nez, Léon Marchand. En deux ans, Marchand a mis le monde de la natation à ses pieds. Le natif de Toulouse s’est expatrié aux États-Unis pour se faire entraîner par Bob Bowman, l’homme derrière le succès de Michael Phelps.  Les résultats ne se sont pas fait attendre: 2 médailles d’or en 2022 aux Championnats du monde à Budapest et 4 médailles en 2023 aux Championnats du monde à Fukuoka, au Japon, où il a battu de plus d’une seconde le plus ancien record du monde encore actif, celui du 400 m quatre nages établi par Phelps en 2008.

À Fukuoka, ce n’est pas le père de Léon qui a sauté dans la piscine mais Michael Phelps en personne qui lui est tombé dans les bras. "Adoubé" a titré le journal L’Équipe avec, à la Une, le géant Phelps soulevant le bras du jeune Marchand. "Je suis heureux de ne pas avoir à nager aujourd’hui, je n’aimerais pas l’avoir comme rival."

Il est incontestable qu’à seulement 21 ans, Marchand est d’ores et déjà le meilleur nageur de l’histoire de la natation française. Désormais habitué à la ligne 4, celle des favoris, il a déjà battu le record de médailles d’or individuelles aux Championnats du monde. Il complètera son palmarès l’an prochain aux JO de Paris.

Il lui reste toutefois à se lancer des défis immenses: être le meilleur sportif français, tous sports confondus, et titiller la hiérarchie mondiale en natation. Il est déjà rentré dans le top 12 mondial et pourra rentrer dans le top 5 à Singapour en 2025. Son physique, son esprit de gagneur et l’environnement dans lequel il évolue sont autant d’atouts pour son développement personnel et l’amélioration de ses performances. Son seul désavantage: il semble un peu solitaire au sein de l’équipe de France et a peu de chance de glaner des médailles dans les relais pour l’instant (2 quatrièmes places à Fukuoka).

Les records à battre:

À sa portée: les cinq médailles d’Or olympiques de Martin Fourcade.

Inaccessible: les 26 titres aux Championnats du monde de Michaël Phelps (33 médailles au total) et les 23 médailles d’or aux JO de ce même Phelps (28 médailles au total). Mais Marchand peut aisément viser le Top 3 du classement mondial.

Vivement Paris 2024 et Singapour 2025!

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