Désavoué il y a un an par une partie des joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda s’est accroché à ses méthodes jugées clivantes pour conduire l’Espagne en demi-finale d’un Mondial féminin pour la première fois, contre la Suède, mardi (11h00, Beyrouth) à Auckland.

La Roja présente le profil le plus offensif des équipes présentes dans le dernier carré, mais son jeu attrayant cache des rancœurs profondes au sein de l’équipe.

La 6e nation mondiale continue de gérer les répliques du séisme de septembre 2022, lorsque 15 internationales ont annoncé qu’elles ne voulaient plus porter le maillot de leur sélection en raison de désaccords avec la gestion de Vilda.

Cette crise, inédite à ce niveau, a menacé l’émergence de l’Espagne comme puissance du foot féminin, portée notamment par les investissements récents du FC Barcelone, vainqueur de la dernière Ligue des champions, ou du Real Madrid.

Mais, en Océanie, l’entraîneur, soutenu par sa Fédération, a défendu sa légitimité à travers des résultats exceptionnels pour une équipe qui n’en est qu’à sa troisième participation à une Coupe du monde.

" Je veux profiter de chaque jour comme si c’était le dernier ", a déclaré Jorge Vilda, 42 ans, en poste depuis 2015.

L’Espagne a éliminé la Suisse (5-1) en huitièmes puis les Pays-Bas finalistes en 2019 (2-1 a.p.) pour atteindre les demies pour la première fois de son histoire.

Ce parcours porte la marque des risques tactiques de Vilda, adepte du turn-over autour de son 4-3-3 axé sur la conservation du ballon et le contre-pressing: " Nous avons 23 titulaires. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des faits ", a-t-il expliqué.

Le pari Cata Coll

Il a, par exemple, évincé la gardienne titulaire Misa Rodriguez, qui a joué les trois matches du groupe, après la défaite contre le Japon (4-0), pour lancer la jeune doublure Cata Coll lors de la phase à élimination directe.

Le choix est d’autant plus osé que Coll, 22 ans, est aussi remplaçante au Barça, derrière la N.1 Sandra Paños, l’une des " frondeuses " qui a demandé sa réintégration, en vain.

Contre la Suisse et les Pays-Bas, Vilda a aussi décidé ne pas titulariser la double lauréate du Ballon d’or en titre, Alexia Putellas, l’une des stars de la compétition revenue juste à temps pour le tournoi, après une longue blessure à un genou.

Ces changements ont laissé place à certains nouveaux visages comme la milieu Teresa Abelleira (23 ans) ou l’attaquante Salma Parellelo (19 ans), qui a marqué le but de la qualification face aux Pays-Bas.

Elles sont entourées par l’expérience de certaines " rebelles " qui ont fait marche arrière –seules trois d’entre elles ont été convoquées, Aitana Bonmati, Mariona Caldentey et Ona Batlle.

La Suède, l’anti-Roja ?

La " fronde des 15 " a été un moment " très dur ", mais c’est " quelque chose qui appartient au passé ", a assuré dimanche la joueuse Irene Guerrero.

" Nous sommes très concentrées sur ce qui nous unit, sur ce qui nous attend, sur l’esprit de cette équipe (…). Je me vois avec toutes mes coéquipières en train de soulever la coupe. C’est un rêve et pour qu’il devienne réalité, il faut en rêver ", a ajouté la milieu de l’Atlético Madrid.

L’Espagne affiche son unité au moment d’affronter la Suède, troisième nation mondiale, qui a éliminé les Etats-Unis doubles tenants du titre (0-0 ap, 5-4 tab) puis le Japon (2-1).

Les Suédoises avancent sans faire de bruit derrière leur sélectionneur Peter Gerhardsson, qui a fait de la cohésion l’une des valeurs cardinales de son équipe.

" L’entente au sein du groupe est cruciale pour nous. Si vous êtes heureuse hors du terrain, ça se voit sur le terrain ", a assuré la capitaine Kosovare Asllani.

Pour l’Espagne aussi, c’est le moment de le montrer.

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