Maître incontesté du saut à la perche à seulement 23 ans, le Suédois Armand " Mondo " Duplantis, favori aux Mondiaux de Budapest samedi, campe sur la même stratégie d’entraînement depuis ses plus jeunes années.

" Je ne veux pas trop changer car il travaille bien et il continue de progresser ", a expliqué à l’AFP en juin sa mère et entraîneure Helena Duplantis.

Cette ex-heptathlète et volleyeuse suédoise, installée en Louisiane (Etats-Unis), s’occupe de la préparation physique et de la technique de course de son fils, son point fort, quand son mari américain Greg Duplantis supervise le décollage et le franchissement des barres.

Et ce, depuis que Mondo est en âge de s’entraîner, lui qui est né perche en mains et s’est initié sur le sautoir du jardin familial.

" Au lycée, les entraîneurs locaux n’étaient pas à la hauteur, donc nous avons gardé la main, indique Mme Duplantis. Nous avons conservé le même fonctionnement depuis. "

" Je n’avais pas prévu de devenir coach, mais il fallait bien quelqu’un pour guider Mondo. J’ai participé à des formations avec l’USATF (Fédération américaine d’athlétisme). Nous avons aussi regardé ce qui avait fonctionné ou pas pour Greg, ex-perchiste de très bon niveau (record à 5,80 m) et pour moi. Nous nous sommes appuyés sur notre expérience ", ajoute celle qui préfère habituellement rester dans l’ombre.

" Naturellement rapide "

Sur la piste du lycée ou dans le jardin, au milieu de ses trois frères et soeur, Mondo répète les mêmes gestes, s’amuse à sauter, et s’énerve face à l’échec. Avant de rejoindre le circuit international en 2019 et de voyager sur tous les continents.

" Je n’avais pas imaginé cette vie. Nous avons su assez tôt qu’il battrait le record du monde, mais je ne pensais pas qu’il le battrait aussi souvent aussi jeune, s’étonne sa mère. Avant son premier record, ses entraînements étaient exceptionnels, il y sautait 6 m. "

Après l’or européen en 2018 puis l’argent mondial en 2019, Duplantis explose en effet à l’hiver 2020 lorsqu’il bat pour la première fois le record du monde avec un saut à 6,17 m à Torun (Pologne), et le porte à 6,18 m une semaine plus tard.

Après le titre olympique en 2021, il franchit 6,19 m, puis 6,20 m en 2022 en salle, avant d’être sacré champion du monde à Eugene (Oregon, Etats-Unis) avec un saut à 6,21 m en juillet.

Relativement fin pour un perchiste (1,81 m, 78 kg), Mondo tire sa force de sa course d’élan, céleste et agressive.

" Mondo est naturellement rapide. Nous avons tout de suite mis l’accent sur la vitesse de sa course d’élan, explique sa mère. Aujourd’hui il pourrait sûrement courir le 100 m en 10 sec 40, il aurait juste des soucis à sortir des starting-blocks. Grâce à sa vitesse, il utilise les mêmes perches que Sergueï Bubka, en étant plus léger de huit kilos. "

" Plus costaud "

Il faut en effet un mélange de force et de vitesse pour plier ces morceaux de fibre de verre de 5,20 m de long, aux différents indices de dureté. Presque chaque année, Mondo garnit son étui d’une perche plus dure que la saison précédente.

" Quand il atteindra un plateau on verra, il faudra réfléchir de nouveau, anticipe Helena Duplantis. Pour l’instant il continue à devenir de plus en plus rapide à l’entraînement. Pour l’instant, ça a été facile de le faire progresser, il était jeune, il n’avait pas encore atteint sa pleine maturité physique. "

" Il pourra devenir plus costaud, tant qu’il garde sa sensibilité avec sa perche. Je veux dire fort comme un gymnaste, pas comme un haltérophile, pas en volume. Il aura surement quelques kilos en plus ", prédit-elle.

De toute façon, le petit génie de la perche " n’aime pas trop la nouveauté ". " Il n’aime pas faire de nouveaux exercices de gammes à l’entraînement juste histoire de changer. Ça ne le dérange pas de répéter les choses, de se préparer comme ça, mois après mois " entre Stockholm et Lafayette (Louisiane), où il possède deux appartements.

A Budapest, la chaleur et l’absence de vent devraient lui proposer des conditions parfaites, propices à un record, puisqu’il en a l’habitude.