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Nous clôturons cette série au sein de l’arène du football local sur une note résolument optimiste. Malgré les vicissitudes de la corruption, des détournements de fonds, de la partialité confessionnelle et du déficit criant d’infrastructures pour les générations à venir, une lueur d’espoir persiste pour l’avenir du beau jeu.

Les remèdes politiques

Heureusement, dans la classe politique, subsistent encore des acteurs passionnés de football qui s’efforcent de redorer le blason du sport local. Tout au long de notre enquête, nous avons mis en lumière les enjeux majeurs que la corruption a engendrés au sein de ce sport mondial. Celui-ci, malgré son pouvoir de dissoudre les conflits du monde dans le silence, reste en proie à des troubles. Néanmoins, sur le front politique, des solutions ont été proposées par le député Waddah el-Saddek, qui bataille ardemment pour le bon fonctionnement de la Fédération et propose des pistes pour faire avancer le sport: "La clé de ces problèmes réside dans l’investissement dans ces vastes enceintes. Les présidents des clubs Al-Ansar et Al-Nejmeh étaient tous deux prêts à s’engager. Nabil Bader, président d’Al-Ansar, était prêt à investir dans le stade municipal de Beyrouth, tandis que Mazen Zeeny, d’Al-Nejmeh, souhaitait injecter une somme considérable de 3 à 4 millions de dollars dans la Cité sportive."

Cependant, l’opposition politique au sein de la Féderation de football émane d’un puissant parti politique, qui crie au blocage pour rétablir l’équilibre dans la discipline: "Nous avons rencontré des difficultés lors du vote sur notre amendement de l’article 82 qui aurait dû être adopté. Le député Ali Hassan Khalil s’y est vigoureusement opposé lors de l’assemblée générale. L’article n’a même pas été discuté. Cela démontre qu’un seul député issu de la classe sociale dirigeante peut neutraliser les 127 autres. Ce député a privé le Liban et les amateurs de sport de stades respectables, pouvant accueillir les plus grandes compétitions locales et internationales avec une capacité de plus de 55.000 spectateurs.”

De vastes infrastructures peuvent permettre au sport d’accueillir des compétitions de grande envergure et de donner une image plus convaincante du Liban. Cela attirerait les passionnés de sport et les touristes au pays du Cèdre, comme c’était le cas dans le passé: "Entre 1997 et 2000, trois grandes enceintes ont été érigées au Liban. Citons le stade municipal de Saïda, la Cité sportive Camille Chamoun et le stade olympique de Tripoli. La construction de ces enceintes visait à accueillir la Coupe arabe, la Coupe asiatique en 2000, les qualifications pour la Coupe du monde et, bien sûr, à relever le niveau de la ligue locale."

Mais les investissements, la maintenance et le développement des infrastructures pour les jeunes ne suffisent pas. Il existe aujourd’hui au Liban des partis politiques qui recrutent des héros des temps modernes pour servir leurs idéaux extravagants. Selon le député, il y a un mois et demi, un groupe a réussi à voler des câbles d’une valeur de plus d’un million de dollars à la Cité sportive. "Comme ce groupe fait partie de la classe dirigeante, il est fort probable que cet acte soit passé inaperçu aux yeux de la justice et des services de sécurité."

Et pour les jeunes, que faire?

Il est indéniable que la jeunesse au Liban aspire également, sans grand espoir parfois, à s’imposer sur la scène locale et internationale. Quelles solutions sont envisagées pour opérer un changement porteur d’espoir pour ces jeunes pousses passionnées de football? Selon le député Waddah, un espoir reste envisageable si une gestion adéquate est instaurée au sein des instances dirigeantes: "Le football libanais détient tous les atouts nécessaires à son succès, des stades aux clubs, en passant par les présidents de clubs qui investissent des sommes considérables, etc. La FIFA octroie des financements astronomiques aux fédérations à travers le monde. Ce qui nous manque, c’est une bonne gouvernance de ce sport. Il est regrettable de constater que le président de la Fédération de football doit obligatoirement être chiite et affilié au mouvement Amal. Il est impératif de dépolitiser le football et de choisir des dirigeants compétents qui comprennent ce sport."

Effectivement, les financements de la FIFA sont détournés au sein de la fédération, notamment par le mouvement Amal, qui bénéficie du soutien de la majorité des clubs, des joueurs et de certaines figures politiques. Ces investissements pourraient insuffler de l’espoir à la jeunesse libanaise, lui offrant la possibilité d’exprimer leur potentiel. Ils pourraient être mieux orientés dans différents contextes, notamment le développement des jeunes et un travail à long terme. Hatem Eid, capitaine de la Sagesse, s’exprime à ce sujet: "Si nous disposons d’infrastructures convaincantes et d’une bonne gestion des fonds, nous pourrons suivre une cohorte de 20 à 30 jeunes talentueux sur une période de 15 à 20 ans, les accompagnant jusqu’à la catégorie des moins de 23 ans, créant ainsi une alchimie et une cohésion d’équipe prometteuses. Malheureusement, au Liban, tout le monde est considéré comme aisément remplaçable, car nous voulons des résultats rapides. C’est dommage parce que le sport nécessite du temps et c’est cela qui nourrit le désir de progresser."

Que faire? La réponse est claire. Les sommes colossales évoquées tout au long de cette série confirment que le football local détient toutes les cartes en main, mais que la Fédération corrompue jusqu’à la moelle. Il est primordial d’investir dans des programmes de développement du football de base, en fournissant des installations de qualité et des entraîneurs qualifiés dans les clubs et les écoles. Il faut également mettre en place des bourses ou des programmes de soutien financier pour les jeunes joueurs talentueux afin de les aider à couvrir les coûts associés à la pratique du football. Il faut aussi accroître la visibilité des compétitions de jeunes et des tournois locaux grâce à une couverture médiatique adéquate qui permettrait aux talents émergents d’être repérés et de se faire connaître. En combinant ces mesures, il sera alors possible de créer un environnement plus équitable, qui favorisera le développement et la progression des jeunes talents dans le football au Liban. Les idées et les ressources ne manquent pas pour ériger, dans les années à venir, une structure solide qui propulsera cette nation vers de nouveaux sommets sur la scène mondiale du football.

Il est évident que désormais, le principal obstacle au développement du football dans notre pays réside dans les partis politiques. Vu l’imbrication de politique, de sport et de jeux d’argent, il semble que la loterie confessionnelle à la naissance soit le seul moyen pour les aspirants footballeurs libanais de faire valoir leur talent. Nous avons également observé la frustration des joueurs au sein de la ligue, et même de nos jeunes, déchirés entre études et passion, touchant des salaires dérisoires et mettant leur santé en péril sur des complexes sportifs à moitié inondés. Affirmer qu’il n’existe pas de solution serait mentir à la population et aux passionnés de football. Les solutions sont là, mais la tête du serpent vert est encore enracinée dans les fondements de notre pays. À méditer.