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Caramnob Sagaipov, judoka d’origine tchétchène, se prépare à représenter le Liban aux Jeux olympiques de Paris 2024. Âgé de 27 ans, cet athlète talentueux, désormais naturalisé libanais, semble incarner un bon espoir de médaille pour le pays du Cèdre. Son parcours vers la nationalité libanaise reste cependant entouré de mystère.

Né en 1997 dans le village de Chiri-Yurt en Tchétchénie, Sagaipov a commencé le judo en 2006. Son talent précoce l’a rapidement conduit à rejoindre l’équipe nationale russe pour les cadets et les juniors. Cependant, en 2018, il a fait le choix de représenter le Liban sur la scène internationale, motivé par l’encouragement de son mentor libanais, François Saadé Junior.

"Représenter le Liban est un honneur immense pour moi", précise Sagaipov devant un parterre de journalistes écoutant ce judoka venu d’ailleurs. "C’est l’occasion de montrer au monde notre potentiel et de donner de l’espoir à notre pays."

Naturalisation express

La route vers les Jeux olympiques est parsemée de défis. Caramnob Sagaipov n’en est que plus déterminé. "Chaque jour d’entraînement est une étape de plus vers mon rêve olympique", ajoute-t-il dans un anglais approximatif. Son quotidien est rythmé par des séances d’entraînement intensives, visant à perfectionner chaque aspect de son judo.

"Caramnob est un athlète exceptionnel", affirme son entraîneur François Saadé Jr. "Il a le talent et la détermination nécessaires pour réussir à Paris. Nous avons travaillé dur pour nous préparer à cette compétition et je suis convaincu qu’il fera honneur au Liban."

Mais comment a-t-il été naturalisé libanais? François Saadé Senior, président de la Fédération de judo libanaise, élude la question: "Sa mère est libanaise, originaire du Liban-Nord précisément." Difficile de faire mieux en termes de langue de bois.

L’acquisition de la nationalité libanaise est notoirement difficile pour les étrangers, même pour ceux ayant des racines libanaises par leur mère, en raison des lois restrictives sur la transmission de la citoyenneté. Cependant, pour Sagaipov, le processus semble avoir été expédié rapidement. Ce cas particulier rappelle celui de Nacif Élias, un judoka brésilien également naturalisé libanais pour participer aux JO de Rio en 2016. Comment cet originaire d’un petit village de Tchétchénie a-t-il été déniché par les Saadé? Il faudra repasser pour les réponses.

Compétiteur redoutable

Cela dit, Sagaipov a rapidement prouvé qu’il était un compétiteur redoutable. Depuis son intégration dans l’équipe libanaise, il a participé à de nombreuses compétitions internationales, accumulant les victoires et les podiums dans la catégorie des moins de 90kg. Son style de judo, alliant technique et force, lui a valu de se faire un nom sur la scène mondiale.

"Chaque victoire est une motivation supplémentaire", confie-t-il. "Je suis déterminé à donner le meilleur de moi-même à Paris."

Pour Caramnob, les Jeux de Paris représentent bien plus qu’une simple compétition. Sagaipov est déterminé à honorer ses nouvelles couleurs nationales. "C’est un honneur de représenter le Liban aux Jeux olympiques. Mon objectif est de montrer au monde le potentiel du judo libanais", déclare-t-il avec fierté.

Son entraîneur partage cette ambition: "Nous avons une stratégie claire pour Paris. L’objectif est de rester concentré, de donner le meilleur et de viser le podium. Caramnob a tout pour réussir."

L’énigme qui entoure sa naturalisation ne fait qu’ajouter à l’aura de cet athlète déterminé à marquer l’histoire des Jeux olympiques sous les couleurs du Liban.

"Voir le drapeau libanais flotter à Paris serait une immense fierté", conclut Sagaipov. "Je veux inspirer les jeunes Libanais à croire en leurs rêves."