Depuis quelques années, avec la multiplication des matches de football sur les chaînes télévisées, les grands clubs européens de football se sont vus disposer d’un nouveau public extraterritorial. De nombreux supporters, vivant à l’étranger et qui ne résident pas dans l’environnement direct des clubs, participent dès lors à l’enthousiasme local. Les clubs l’ont vite compris et ont rapidement évalué les multiples bénéfices de créer des liens avec ces supporters à distance, qui manifestent le même enthousiasme que les supporters locaux.
C’est dans cet esprit que l’Olympique de Marseille, seul club français à avoir gagné la Ligue de Champions (à ce jour), lance les OM Fans Clubs pour rassembler les supporters de Marseille à l’étranger : un réseau qui prend de l’ampleur et gagne en notoriété très rapidement dans le monde.
Les OM Fans Clubs sont aujourd’hui présents dans plus d’une vingtaine de villes à travers le monde : de Shanghai à Los Angeles en passant par Dakar, Abidjan, Montréal, Santiago, Tokyo ou Barcelone, la ferveur de la communauté marseillaise ne connaît pas de limite.
Les conditions pour créer un club sont assez simples : réunir 30 membres dans une même ville. Un ensemble d’avantages a été créé pour motiver les fans à se regrouper : bénéficier d’un lien direct avec le club, organiser des événements exclusifs, voyager en groupe à Marseille dans des conditions privilégiées, mais surtout intégrer un réseau international de passionnés. C’est cette passion qui pousse Habib Lahoud et son fils Karim à contacter la direction de l’OM pour créer un club local. De passage en France, ils prennent contact avec Jacques-Henri Eyraud, alors président de l’OM, qui les invite au Vélodrome pour discuter du projet avec Laurent Colette, le directeur général. Quelques semaines plus tard, lors d’une réunion à la Commanderie, un accord est vite trouvé avec Jeremy Sauvan et Alejandro Requena, chefs de projet de l’OM à l’international.
L’OM Fan Club Beirut est officiellement créé le 24 octobre 2018, devenant l’un des premiers OM Fan Club au monde. Il est présidé par Karim Lahoud qui n’aura aucun problème à réunir bien plus que les 30 membres requis. Bien que le dernier trophée de l’OM date de 2012, le club attire beaucoup de jeunes. " L’OM, c’est plus qu’un club, c’est un état d’esprit. C’est une osmose entre une équipe et un peuple, c’est ce qui explique cet engouement ", confie Habib Lahoud. " L’OM est mon club de cœur tout simplement parce qu’aucun autre club n’a pu remplir mon cœur avec une telle passion et rage de vaincre ", souligne quant à elle Tamara, jeune cadre dans une société médicale. " L’OM c’est un club avec une ferveur qu’on ne retrouve nulle part, avec des valeurs et une histoire, un club à l’image de sa ville, un des derniers exemples de foot populaire " s’exclame Albert, jeune étudiant en droit. " L’OM et Marseille sont à l’image des Libanais. Leurs caractère et valeurs se ressemblent ", renchérit pour sa part Carl, interne en médicine. " Tu ne choisis pas l’OM, l’OM te choisit ", conclut Karim, directeur marketing.
On l’aura compris, les deux villes et peuples méditerranéens se ressemblent. Il y a beaucoup de Marseille dans Beyrouth et beaucoup de Beyrouth dans Marseille.
Cette nouvelle communauté commence à se créer des liens, organise des rencontres pour regarder ensemble des matches, mais plusieurs événements chamboulent les plans du groupe.
La crise du Covid-19 empêche les réunions du groupe et un déplacement à Marseille pour assister à OM-PSG. Mais c’est l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui bouleverse la vie du club. Cyril Kanaan, jeune cadre de 30 ans et membre du club trouve la mort durant ce jour funeste. " Cyril dans nos cœurs ! Et une pensée fraternelle et solidaire pour tout le peuple libanais " : le message du président Jacques-Henri Eyraud sur tous les réseaux sociaux de l’OM lie à jamais l’OM au Liban. L’Équipe Magazine consacre même un numéro spécial sur le Port et sur l’OM Fan Club de Beyrouth.
Quelques jours après l’explosion, le 9 août, les joueurs de l’Olympique de Marseille portent, lors d’un match de Ligue 1 face à Nîmes, un maillot sur lequel est floqué le drapeau libanais, en signe d’hommage à Cyril Kanaan et aux nombreuses victimes, et de soutien aux habitants de Beyrouth touchés par la tragédie. À la suite du match, 20 maillots des Olympiens sont vendus aux enchères par Maison R&C via Drouot online. La générosité des acquéreurs des tuniques marseillaises permet de récolter 52 110 euros qui sont entièrement reversés à la Croix-Rouge libanaise, comme le souhaite l’OM Fan Club Beirut. Enlevé pour 12 200 euros, c’est le maillot de Florian Thauvin qui fait le plus grimper les compteurs. Autre signe fort de solidarité : sept autres maillots sont envoyés au fan club de Beyrouth, qui organise des enchères entre les membres du club. Cette vente permet de récolter 30 millions de livres libanaises, entièrement versées à une ONG locale, Brick and Brick, pour la reconstruction de Beyrouth.
La mort de Bernard Tapie, président historique et idole de tout un peuple, a été un autre moment fort du club de Beyrouth, qui a participé à l’opération hommage des Fan Clubs du monde entier. " Tu es notre étoile sur le maillot pour l’éternité " : un message imprimé sur des banderoles et photographié devant des monuments, symboles de chaque ville ; les fans du Liban se sont réunis devant la statue de la Vierge à Harissa.
Ces événements douloureux n’ont fait qu’augmenter la solidarité entre les supporters libanais de l’OM Fan Club Beirut, mais tous ne rêvent que d’une chose, que leur club de cœur soulève enfin un trophée en fin de saison.

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