Nouveauté détonante aux Jeux de Paris en 2024, le breaking n’est assuré que d’un show olympique. Afin de poursuivre l’aventure, ce sport issu de la culture hip-hop doit convaincre Los Angeles, ville-hôte des JO-2028, de le désigner encore comme sport additionnel.

Présenté en 2018 à Buenos Aires aux Jeux olympiques de la Jeunesse, le breaking a conquis le président du CIO, Thomas Bach. Mais pas seulement, selon Pierre Fratter-Bardy, en charge des nouveaux sports au CIO.

" Tous les acteurs du CIO et du mouvement olympique ont été séduits par le sport, son énergie, ses athlètes, explique-t-il à l’AFP. C’était une entrée absolument réussie de la part du +break+ à Buenos Aires. Il sera pour la première fois au Jeux de Paris et après ça sera entre la Fédération internationale et le comité d’organisation de Los Angeles 2028 de voir s’il y a un intérêt à poursuivre l’aventure et soumettre le sport pour une inclusion (au programme olympique, ndlr). "

Le sujet devrait être tranché au premier trimestre 2023. Et Nenad Jeftic, vice-président de la Fédération internationale de danse (WDSF), dont dépend le breaking, se dit " très optimiste ".

" Le breaking est un sport vraiment unique et inhabituel pour les Jeux, combinant la musique et le mouvement. Les gens aiment vraiment ça. Et il ne s’agit pas d’un format fixe comme dans d’autres sports. C’est modulable, avec peu d’infrastructures et un nombre d’athlètes pas trop important pendant la compétition. Tout cela porte à croire que le breaking sera aussi à Los Angeles ", affirme à l’AFP Jeftic, qui espère rallier à sa cause en juillet le comité d’organisation des JO-2028.

Du Bronx à LA –

Du 7 au 17 juillet se tiendront les Jeux mondiaux à Birmingham (Etats-Unis) avec notamment le breaking, modulé au format olympique. " Des représentants du comité des Jeux de Los Angeles seront présents, nous aurons des réunions avec eux et ils pourront voir en personne à quoi ressemble le breaking ", indique Jeftic, qui rappelle que le sport a ses racines aux Etats-Unis.

Car c’est à New York, dans les quartiers défavorisés du Bronx, que le hip-hop naît dans les années 70, à la fin du disco. Suscitant l’intérêt des médias, le breaking s’envole dans les années 80 pour conquérir l’Asie et l’Europe – et notamment la France, où le sport reste très présent. En 1984, des breakers font même sensation lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de… Los Angeles.

" Je pense que Los Angeles va garder le breaking, c’est aux Etats-Unis que tout a commencé ", fait valoir à l’AFP la Bgirl américaine Snap1, entre deux battles lors de la première étape du circuit mondial de " Breaking for Gold World Series " à Montpellier. " La Californie adore les sports d’action et Los Angeles, c’est le New York de la côte ouest, il y a une longue histoire de la culture de la rue. Alors j’espère qu’ils prendront leur décision sur ces bases-là et si cela arrive, cela voudra dire que le breaking sera à jamais un sport olympique. "

Terrain de prédilection

Beaucoup d’Américains avaient fait le déplacement pour participer au Festival international des sports extrêmes et urbains (Fise), événement de référence basé en France qui témoigne du soutien du pays pour ce sport, contrairement aux Etats-Unis selon Bgirl Snap1.

" Le breaking est toujours présent mais il prospère mieux dans d’autres endroits du monde. Peut-être qu’avec les Jeux, le gouvernement américain verra que c’est quelque chose de génial qui mérite autant d’investissement que n’importe quel autre sport ", défend la breakeuse trentenaire originaire d’Alaska.

Son compatriote Miguel Angel Rosario, connu comme Bboy Gravity, déplore le sous-traitement accordé au breaking dans son pays.

" Les Etats-Unis sont un terrain de prédilection majeur pour le breaking. Si on gagne des compétitions, cela montrera qu’on est dominant et que le breaking doit être aux Jeux à Los Angeles. C’est là que tout a commencé, comment ne pourrions-nous pas l’avoir ? ", s’interroge Bboy Gravity.