Avec les cadres contre le Danemark (1-2) ou avec les remplaçants en Croatie (1-1), deux versions de l’équipe de France ont été traversées par les mêmes maux, compromettant la défense du titre en Ligue des nations.

Corps émoussés

Les rassemblements de juin ne sont jamais une partie de plaisir pour les sélectionneurs, confrontés à des joueurs éreintés par leur saison à rallonge. Celui de juin 2022 est d’autant plus particulier qu’il réserve quatre matches en 11 jours, une conséquence de la programmation du Mondial-2022 en hiver qui bouleverse le calendrier.

Et forcément, les corps grincent.

Lundi à Split, le Monégasque Aurélien Tchouaméni et le Marseillais Mattéo Guendouzi ont disputé leur 60e match de la saison toutes compétitions confondues… Et ils sont nombreux dans le groupe France à compter plus de 50 matches dans les chaussettes.

" Ces situations de fin de saison sont compliquées pour beaucoup de joueurs. Il y a beaucoup de blessures. Ces joueurs ont forcément moins de fraîcheur ", a constaté Didier Deschamps, privé sur blessure de Paul Pogba et Raphaël Varane (forfaits), et obligé de ménager quelques titulaires touchés (Kylian Mbappé, N’Golo Kanté).

Adaptation et bouleversement

Ce tunnel de matches et les états de forme précaires ont conduit Deschamps à opérer des " changements contraints et forcés ", selon sa formule.

Entre Saint-Denis et Split, dix joueurs différents étaient alignés au coup d’envoi (avec Tchouaméni comme unique rescapé), un remaniement aux proportions inédites depuis l’intronisation du sélectionneur il y a dix ans, en 2012. Les titulaires comptaient moins de 17 sélections en moyenne et avaient peu de repères (en défense) voire aucun (milieu et attaque) ensemble.

" Ce n’est pas une excuse, mais il y a forcément moins d’automatismes ", a reconnu " DD ", insistant sur le manque de " vécu et d’expérience " des joueurs de son plan B.

Avec ces cartes en mains, Deschamps est revenu à son ancien système fétiche à quatre défenseurs (deux axiaux, deux joueurs de côté), comme s’il doutait de celui à trois axiaux pourtant utilisé toute la saison.

Fragiles fins de match

L’équipe de France avait deux visages à Saint-Denis et à Split mais elle s’est faite punir à chaque fois en fin de rencontre, de surcroît à cause des mêmes erreurs. " Il faut travailler sur nos fins de match ", a d’ailleurs relevé le milieu Matéo Guendouzi.

Les Bleus n’ont pas assez " cadré " le porteur de balle adverse, laissant le danger se rapprocher de la surface, et ont péché dans l’alignement défensif. Interrogé sur ces fautes de placement, Deschamps a évoqué des points " qu’on peut toujours améliorer, ce n’est pas spécifique au nombre de défenseurs ".

Les entrants, comme Antoine Griezmann et Jonathan Clauss à Split, n’ont pas stabilisé l’équipe et celle-ci s’est affaissée en fin de rencontre contre le Danemark (but vainqueur de Cornelius à la 88e) et la Croatie (égalisation à la 83e). Les Bleus se font renverser en juin, après avoir été renversants à l’automne contre la Belgique et l’Espagne au " Final 4 " de la Ligue des nations.

En Autriche, pas le droit à l’erreur

Avec un point en deux rencontres, " on n’est pas placé dans la meilleure disposition ", a reconnu Deschamps. La défense du titre en Ligue des nations n’est même plus entre les mains des Tricolores, distancés par le Danemark qui compte cinq points d’avance sans avoir joué le moindre match à domicile.

Vendredi (20h45, Beyrouth) à Vienne contre l’Autriche, où les cadres de l’attaque (Benzema, Mbappé, Griezmann) sont espérés au coup d’envoi, une défaite éliminerait quasiment les Bleus de la course au " Final 4 ", surtout si le Danemark enchaîne un troisième succès de rang dans le même temps face aux Croates.

Et il faudrait alors se battre pour éviter la dernière place, synonyme d’une relégation en deuxième division qui ferait tache pour les champions du monde à l’approche du Qatar.