Avant de revenir vers le football américain, Devon Allen a fait des Championnats du monde d’athlétisme à Eugene (Oregon, 15-24 juillet) son grand objectif. Quatre jours après avoir frôlé le record du monde du 110 m haies, l’Américain enchaîne les compétitions en Ligue de diamant à Oslo jeudi, puis Paris samedi.

Quand son contrat de trois ans avec les Philadelphia Eagles avait été officialisé en avril, le sprinter de 27 ans avait résumé son plan de bataille dans la presse locale: " L’objectif, c’est de courir aux Mondiaux, de gagner, de battre le record du monde, et quand ils seront terminés, de partir en stage la semaine suivante " avec la franchise de NFL.

Même si le football américain lui a valu deux déchirures des ligaments croisés, au genou droit début 2015, puis au gauche en septembre 2016, et qu’il n’y a plus joué depuis.

" Est-ce que je suis capable de retrouver mon niveau ou mieux encore, qui sait ? Pour l’instant, je me sens très bien. C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Quand je joue, je ne sens pas vraiment de différence avec 2014 et 2016 ", expliquait-il au printemps à World Athletics.

Troisième chrono de l’histoire

En attendant, Allen, dans l’élite du 110 m haies depuis 2016 mais encore jamais monté sur un podium mondial ou olympique, a à coeur de corriger cette anomalie, lui qui s’est classé cinquième aux Jeux de Rio et quatrième – pour quatre centièmes – à ceux de Tokyo l’été dernier.

En toute fin de saison dernière, le hurdler avait franchi un cap significatif, quand il était passé pour la première fois de sa carrière sous la barre des 13 secondes (12.99) à Zagreb.

" Je savais que je l’avais en moi (un chrono sous les 13 sec, ndlr), déjà au cours de la préparation olympique (…), mais ce n’était pas arrivé, retrace-t-il. Je suis content d’avoir fini par casser cette barrière, maintenant je peux passer à mon prochain objectif: le record du monde et une médaille internationale ".

A New York dimanche, Allen s’est approché tout près de la première partie: précisément à quatre centièmes du chrono de référence établi il y a dix ans par son compatriote Aries Merritt (12.80). Ses 12 sec 84 sont le troisième meilleur temps de l’histoire sur 110 m haies. Seuls deux hommes ont couru plus vite sur la distance: Merritt donc, et le champion du monde en titre américain Grant Holloway (12.81).

À Paris en 2024 ?

A moins d’un mois du coup d’envoi des Mondiaux et à une semaine des sélections américaines (23-26 juin), également sur les terres de son université à Eugene, accélèrera-t-il encore à Oslo, malgré le voyage transatlantique ?

Face à lui notamment, le Jamaïcain Omar McLeod, champion olympique 2016, et le Français Wilhem Belocian.

Du record du monde, Allen, attendu ensuite à Paris samedi, dit en tout cas qu’il " ne le voit pas tenir beaucoup plus longtemps que cette saison ".

" J’ai promis à mon entourage que si je battais le record du monde pendant cette tournée européenne, je ne le ferais pas de beaucoup, pour pouvoir l’améliorer encore à Eugene ", sourit à la veille du meeting d’Oslo le sprinter, qui " espère ne plus courir au-dessus des 13 secondes ".

Même quand il se sera remis au football américain, Allen ne compte pas tirer un trait sur l’athlétisme pour autant. Au contraire, il imagine retrouver les pistes au printemps, après la saison de NFL, à condition d’être " en forme " et en prenant gare au " volume ". Il a même les Jeux de Paris dans un coin de la tête.

Sur les haies version longue distance en revanche, une absence de marque dans la capitale norvégienne: celle du phénomène norvégien Karsten Warholm, champion olympique en titre et détenteur du record du monde, victime d’une blessure musculaire à la cuisse droite début juin à Rabat et dont la participation aux Mondiaux est depuis incertaine.