A 25 ans, Marie Wattel, championne d’Europe du 100 m papillon, a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques, à Rio en 2016 et l’été dernier à Tokyo, où elle a fini 6e de sa course favorite. Jusqu’aux JO de Paris, elle raconte son parcours à l’AFP.

Dans ce deuxième épisode, quelques jours avant le début des championnats du Monde à Budapest, elle détaille sa nouvelle façon de travailler à Marseille, plus axée sur la technique, et sa quête d’émotions pour nager vite.

" Depuis que je travaille à Marseille avec Julien Vaquier, le plus gros changement, c’est l’aspect technique. C’est quelque chose que je n’avais jamais travaillé et Julien, qui est très calé là-dessus, m’apporte beaucoup. J’ai une nage qui me vient très naturellement. Je n’ai jamais su mettre des mots sur ma façon de nager et je ne suis pas capable d’expliquer un mouvement. Ma technique est loin d’être parfaite, pleine de petits défauts. C’est en partie compensé par ma grande souplesse d’articulations, qui me permet d’attraper l’eau très, très loin et qui masque mes imperfections. Jusqu’ici, j’avais réussi à trouver mes propres sensations et des solutions par moi-même. Mais j’ai besoin d’aide et Julien m’apprend énormément sur ce qui va ou pas dans ma nage, il me fait comprendre cette mécanique dont je n’avais pas conscience. Il me donne beaucoup d’informations et on verra ce qu’on garde ou ce qu’on ne garde pas. Pour l’instant, ça fait beaucoup de choses à assimiler mais je pense que c’est le truc qui peut faire la différence à Paris. On peut se permettre de tenter, on est encore à deux ans des Jeux. Mais quand tu as fait une nage toute ta vie et que tu penses trop à un geste technique sans arriver à mettre toute ta puissance parce que tu réfléchis trop, ça ne vaut pas le coup non plus. Il le sait et il me dit parfois +Ne te prends pas la tête, fais ce que tu sais faire+. "

" Une grosse claque "

" J’ai été déçue par mes championnats de France. Le 100m papillon a même été une grosse claque. Quand tu nages à deux secondes et demie de ton meilleur temps, ça fait mal. Mais ça a été un mal pour un bien, ça m’oblige à toujours me remettre en question, à m’entraîner toujours plus dur. On a échangé et analysé avec Julien sur cette performance et plus on en parle, plus je comprends d’où elle vient. Je n’avais pas eu assez d’entraînements, j’avais enchaîné maladies et blessures, j’avais beaucoup de doutes mentalement sur une nouvelle technique et je n’avais pas non plus la flamme sur des championnats de France. Je sais que ça n’est pas mon niveau mais je ne suis pas inquiète. Au final je remporte trois titres et je me qualifie pour quatre épreuves aux Mondiaux, donc je vois qu’il y a du chemin qui a été fait. "

Chercher la flamme

" De toutes façons, ma chance et ma malchance, c’est que je ne suis pas capable de +perfer+ toute l’année, de faire toujours des trucs incroyables. A Tokyo, j’ai fait de très bons Jeux, j’ai explosé mes temps, puis en septembre j’ai fait une +compet’+ et j’ai pris une grosse claque. J’avais bâti de la confiance et en une +compet’+ j’ai compris que je repartais à zéro. Je sais que je dois tout le temps me remettre en question, chercher quelque chose de nouveau, sinon les perfs ne viennent pas, elles ne sont jamais acquises. Et puis je nage vite quand il y a des émotions, de l’enjeu, quand ça me parle. Le reste du temps, même avec de l’argent à gagner, ça ne m’attire pas, ça ne me motive pas. Il n’y a pas ce truc, il n’y a pas la flamme. La flamme, je ne l’ai pas tout le temps, seulement dans des moments particuliers, et ça aide à la performance. Si je voulais refaire la même course qu’à Tokyo, je pense que j’en serais incapable parce qu’on n’est pas aux JO tous les jours. "

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