Des baskets, une combi, un binôme et un grain de folie: durant dix heures, ils alternent sans cesse à un rythme d’enfer la course à pied dans le massif pyrénéen et la nage en mer Méditerranée lors d’une compétition de swimrun, un sport récent venu de Suède.

En Occitanie, 1.100 mordus de défis hors-normes se sont lancés sur des sentiers souvent montagneux et se sont jetés dans la mer parfois démontée, lors de la septième édition de la Swimrun Côte Vermeille. Le tout sous une chaleur accablante.

Parmi eux, 92 adeptes de l’ultra endurance se sont alignés sur le plus long parcours, soit 63 km et 2500 m de dénivelé positif dans le pur esprit de l’origine de ce sport, né en 2002 d’un pari entre copains lors d’un dîner arrosé. En 2006, la compétition Ötillö (" d’île en île " en suédois) voit le jour et le swimrun se développe en tant que sport.

Devant le phare de Cerbère, les 43 duos hommes et 3 duos femmes ont pris le départ de l’ultra dès 6h30 samedi pour un périple alternant 18 sections de course (environ 54 km au total) et 17 sections de natation (environ 8 km).

" C’est vraiment un grand sport parce que vous le faites ensemble. Vous devez être fort tout le long, c’est éprouvant. Et vous devez constamment faire en sorte que l’autre ne soit pas en difficulté. C’est un sentiment très spécial quand vous arrivez et que vous avez accompli tout ça ", raconte à l’AFP Terese Osteraas, une Norvégienne de 39 ans installée en Suède.

Combat contre la nature

La Scandinave est en tandem avec une Française, Marine Beaury, qui parle d’un " truc d’entraide et d’émotions qui se vit à deux ".

" Le swimrun est un combat contre la nature. S’il y a du vent marin, on va être dans des vagues de 1,50 m. L’année dernière aux Championnats du monde je me suis blessée au 50e km, Terese a réussi à m’amener jusqu’à l’arrivée, il restait quand même encore 25 km ! Et quand j’ai été blessée, des binômes se sont arrêtés pour m’aider ", se souvient-elle.

En swimrun, les sportifs sont attachés par une longe à leur coéquipier et la distance entre eux ne doit pas excéder 10 mètres sous peine de disqualification. La plupart porte une combinaison de triathlon et des chaussures de trail. Ils sont équipés d’un pull buoy (petit flotteur) et de plaquettes pour un meilleur appui dans l’eau.

Ils ne se changent jamais, courent donc trempés et nagent baskets aux pieds.

Sur la Côte Vermeille, ils sont passés par des criques rocheuses, ont grimpé jusqu’à la tour Madeloc, située à 650 m de hauteur (massif des Albères) et débarqué notamment sur des plages où quelque dizaines de personnes bronzaient sous les 36 degrés de température.

Engouement croissant

" Ce qui fait la beauté de l’événement, c’est la mer. C’est vivant, ce matin (samedi) il y avait une mer d’huile et maintenant la mer est démontée et les concurrents doivent se battre. On les met sur des sentiers très techniques, on les fait sortir de l’eau à des endroits improbables, ils descendent sur des sentiers où il faut limite mettre les mains. Et le partage sublime tout ", souligne à l’AFP le co-fondateur avec Olivier Serra de l’événement, Sylvain Rousselat, qui relève le fort engouement pour ce sport.

" Lors de la première édition en 2016, il y avait 450 inscrits et nous n’étions que deux organisateurs en France. Deux ans plus tard, il y avait 85 épreuves ", dit-il.

Au bout de 9 heures 32 d’efforts, Rémi Champinot et Moulay Mtir se sont imposés après avoir franchi la ligne à Argelès-sur-Mer.

" On est contents d’arriver ! On a eu des moments de moins bien mais ce n’est pas une option d’abandonner, on sait qu’à un moment ça reviendra ", lance Mtir, adepte de longue date du triathlon et qui a en ligne de mire les Mondiaux de swimrun en 2023.

La prochaine édition des Championnats du monde, baptisés Ötillö (à l’instar de " Ironman " par exemple), se tiendra le 5 septembre en Suède sur un terrain plat, et sur une seule distance: les 75 km originels.

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