Les combats continuent de faire rage entre l’armée israélienne et des centaines de combattants du Hamas, infiltrés depuis la bande de Gaza, faisant plusieurs centaines de victimes des deux côtés, dont une majorité de civils. C’est dans ce contexte que les États-Unis ont annoncé une aide militaire supplémentaire à Israël à qui ils ont commencé, dès dimanche, à fournir des armes et des munitions.

Washington a envoyé un porte-avions " Ford ", un destroyer et des munitions pour aider à " protéger le peuple israélien ", selon le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin. Un premier lot devait arriver dimanche en Israël.

Dans un communiqué, il a expliqué que cette assistance a été ordonnée par le président américain, Joe Biden, " à la suite de l’attaque terroriste sans précédent menée par le Hamas " contre Israël.

L’aide a été confirmée par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui avait un peu plus tôt annoncé que Washington donnerait dès dimanche les détails de cette nouvelle assistance militaire à Israël.  Selon le média israélien Haaretz, les États-Unis rapprocheraient leurs navires et avions militaires d’Israël en signe de soutien.

Dans des déclarations à la presse, M. Biden avait réitéré son soutien tous azimuts à Israël. Il avait également lancé une mise en garde à " toute partie hostile à Israël " qui chercherait à tirer profit du conflit, dans une allusion à peine voilée à l’Iran.

Réunion du Conseil de sécurité

Face au regain des hostilités, le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit dimanche soir, à l’appel du Brésil, afin d’éviter une escalade entre Palestiniens et Israéliens ". Israël, qui a officiellement déclaré la guerre au Hamas samedi, a d’ores et déjà annoncé qu’elle demanderait le vote d’une résolution condamnant les agissements de ce groupe palestinien.

Il convient de rappeler qu’Israël ne dispose actuellement pas de voix au Conseil de sécurité, de même que la Palestine, en sa qualité d’État observateur, non membre des Nations Unies. Le Conseil de sécurité de l’ONU est actuellement composé de l’Albanie, du Brésil, des Émirats arabes unis, de l’Équateur, du Gabon, du Ghana, du Japon, de Malte, du Mozambique et de la Suisse en plus des cinq membres permanents qui sont la France, les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni.

De nombreux pays ont exprimé leur solidarité avec Israël, accusant le Hamas d’avoir provoqué les hostilités en perpétrant des actions " terroristes " en territoire israélien. Certains, au contraire, ont applaudi la " résistance palestinienne " et la défaite stratégique qu’elle aurait imposée à " l’occupant israélien ". Malgré les divergences, la majorité des pays ont appelé à une désescalade et à la retenue.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a plaidé en faveur d’efforts diplomatiques afin de prévenir l’extension du conflit, rappelant que " seules les négociations visant à la mise en œuvre d’une solution (au conflit israélo-palestinien) fondée sur l’établissement de deux États, peuvent conduire à la paix ". Le chef des droits de l’homme des Nations-Unies, Volker Türk, a exigé un arrêt immédiat des violences, exhortant toutes les parties à désamorcer la tension, afin d’éviter toute nouvelle " effusion de sang ".

 

Les pays occidentaux condamnent le Hamas

À l’instar des Etats-Unis, les pays occidentaux ont affiché un front uni, exprimant leur solidarité avec l’État hébreu suite aux attaques menées par le Hamas et ses alliés. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné univoquement les " attaques perpétrées par les terroristes du Hamas ", estimant qu’Israël a le droit de se défendre " face à des attaques aussi odieuses ". Quant au chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, il a appelé à la libération immédiate des otages.

Le président Emmanuel Macron a " condamné fermement les attaques terroristes qui frappent actuellement Israël ", et a exprimé sa " pleine solidarité " avec les victimes. Paris a aussi " réaffirmé son rejet absolu du terrorisme et son attachement à la sécurité d’Israël ". Les lieux de culte juifs font actuellement l’objet d’une surveillance renforcée dans le pays, face aux craintes d’une recrudescence des hostilités envers la communauté juive forte de 500,000 individus.

Le parti de gauche radicale la France insoumise a déclaré pour sa part, que " toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose: la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même ", provoquant une série de critiques de la part de la classe politique, dont la première ministre Elizabeth Borne qui a évoqué " une forme d’antisémitisme ".

Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a, lui, qualifié les combattants du Hamas de " terroristes ", dénonçant les attaques " horribles " contre des civils israéliens et soulignant le " droit absolu " d’Israël de " se défendre ". Le ministère de l’Intérieur a annoncé augmenter les patrouilles dans certains quartiers de Londres, appelant à une " tolérance zéro " contre la " glorification du terrorisme ".

Quant à l’Allemagne, elle a condamné fermement les attaques " terroristes " et souligné le risque " d’escalade régionale majeure ". La porte de Brandebourg, monument emblématique de Berlin, a été illuminée durant plusieurs heures avec le drapeau israélien, qui a été hissé de même devant la Chancellerie, le Bundestag (Parlement allemand) et la présidence de la République. La diplomatie allemande a notamment annoncé son intention de revoir son aide humanitaire aux Palestiniens suite aux développements récents.

L’Italie a rejoint les autres pays européens dans la condamnation de l’attaque, déclarant que " la terreur ne prévalera jamais ". L’Italie est actuellement engagée, aux côtés d’autres pays européens, dans des efforts de médiation visant à mettre fin aux hostilités.

 

Une communauté internationale divisée 

La diplomatie russe s’est montrée plus modérée, appelant les belligérants à un " cessez-le-feu immédiat " et exprimant " sa plus grande préoccupation " après l’offensive. Elle a nié son implication dans le conflit, affirmant que, si elle s’y attendait, elle aurait " tout fait pour l’empêcher ". La diplomatie russe a exprimé son soutien à un processus de paix visant à créer les conditions d’une paix " globale, durable et longuement attendue ".

En Turquie, des milliers de personnes ont participé à Istanbul à une marche pour soutenir les Palestiniens, tandis que l’opinion publique semble globalement en faveur du Hamas. Cependant, le gouvernement turc a adopté une position équilibriste entre les deux parties, appelant Israël et les forces palestiniennes à " agir raisonnablement et s’abstenir d’agir avec impulsion ". La diplomatie turque a de même déclaré être prête à mener des efforts de médiation régionales.

En Iran, le président Ibrahim Raisi a dit soutenir la " légitime défense de la nation palestinienne ", tenant Israël pour " responsable " de l’escalade. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche dans plusieurs grandes villes, en solidarité avec le peuple palestinien. Plusieurs drapeaux israéliens ont été brûlés lors de ces rassemblements, tandis que des feux d’artifices ont été tirés dans plusieurs localités iraniennes.  Yahya Rahim Safavi, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, a salué une " opération fière ", réitérant le soutien iranien au peuple palestinien " jusqu’à la libération de la Palestine et de Jérusalem ".

La Chine a déclaré être " profondément inquiète " vis-à-vis de l’escalade régionale et a appelé les deux parties à faire preuve de calme. Le Japon a, lui, critiqué l’enlèvement de plusieurs Israéliens, dont de nombreux civils.

Condamnant les agissements " terroristes " du Hamas, le Premier ministre Narendra Modi a déclaré que son pays était " solidaire d’Israël en cette heure difficile ".

 

Dans les pays arabes, inquiétude et prudence

Du côté des pays arabes, aucun consensus ne semble pour l’heure émerger. Les pays qui ont normalisé leurs relations avec Israël (Maroc, Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Égypte et Jordanie) ne semblent pas savoir sur quel pied danser, tandis que les autres pays arabes font preuve de prudence quant aux développements sécuritaires, craignant pour la stabilité régionale. La Palestine ainsi que l’Irak et le Maroc ont demandé une réunion interministérielle urgente de la Ligue arabe afin d’aboutir à une position commune quant à la situation en Palestine.

Ainsi, le roi de Jordanie Abdallah II s’est entretenu au téléphone avec le président Joe Biden, appelant les pays occidentaux à une intensification des efforts afin de mettre fin à l’escalade militaire. Il a de même averti qu’une escalade militaire prolongée aurait des conséquences négatives sur la région, appelant à la retenue et au respect du droit international humanitaire. Des centaines de manifestants jordaniens se sont rassemblés devant l’ambassade israélienne à Amman, scandant leur soutien à l’opération " déluge d’al-Aqsa ".

L’Égypte et l’Arabie saoudite ont appelé à un " arrêt immédiat des hostilités ", ainsi qu’à l’application de la solution à deux États. En Égypte, les forces de sécurité sont sur le qui-vive, après la mort de deux ressortissants israéliens dimanche.

Des partisans d’un groupe pro-iranien ont organisé dimanche un cortège de voitures dans le centre de Bagdad. Samedi, une centaine de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville de Bagdad, brandissant des drapeaux palestiniens. Des manifestants ont piétiné et mis le feu à des drapeaux d’Israël et scandé " non aux États-Unis, non à Israël ". Quant au gouvernement irakien, il a condamné les agissements israéliens et a affirmé son soutien continu au peuple palestinien. Le porte-parole du gouvernement a appelé la communauté internationale à mettre fin à " l’injustice " que subissent les Palestiniens et à intervenir pour " restaurer leurs droits ".

À Sanaa, des manifestants se sont également réunis en soutien aux Palestiniens et ont brûlé des drapeaux israélien et américain. Des miliciens houthis, soutenus par l’Iran et qui contrôlent Sanaa, chantaient " Mort à l’Amérique, mort à Israël ". Le leadership des Houthis a applaudi " l’opération héroïque " des forces palestiniennes.

Sami Erchoff avec AFP