Un navire de recherche chinois a accosté, mardi, à Hambantota, port sri-lankais sous gestion chinoise. Mais l’Inde et les États-Unis redoutent des activités d’espionnage. 

Un navire de recherche chinois a accosté mardi dans le port sri-lankais de Hambantota, sous gestion chinoise, ont annoncé les autorités portuaires, ce qui a poussé l’Inde et les États-Unis d’exprimer des craintes que Pékin ne se livre à des activités d’espionnage.

L’ambassadeur de Chine au Sri Lanka, Qi Zhenhong s’est voulu rassurant, déclarant que la visite du navire Yuan Wang 5 entrait "dans le cadre des échanges normaux entre les deux pays",  ajoutant que "la Chine et le Sri Lanka jouissent d’une amitié exceptionnelle".

L’ancien président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi à un événement célébrant le 65e anniversaire des relations diplomatiques entre leurs deux pays. (Ishara S. KODIKARA / AFP)

 

– Respect du droit international –

Accueilli par plusieurs députés sur un tapis rouge, le Yuan Wang 5 a été autorisé à accoster qu’à condition qu’il n’effectue aucune recherche pendant son séjour dans les eaux sri-lankaises, ont déclaré les responsables du port.

Le bateau devra également garder son système d’identification automatique (AIS) allumé dans la zone économique exclusive du Sri Lanka.

Le navire de recherche et d’enquête chinois, le Yuan Wang 5, arrive au port de Hambantota. (Ishara S. KODIKARA / AFP)

 

Présenté par des sites spécialisés comme un navire "de recherche et d’étude", il s’agirait en réalité, selon la chaîne indienne CNN-News18, d’un bâtiment d’espionnage à double usage. Employé pour le suivi de l’espace et des satellites il serait également utilisé pour les lancements de missiles balistiques intercontinentaux.

À Pékin, le ministère des Affaires étrangères a fait valoir mardi que les activités de recherches marines du Yuan Wang 5 étaient "conformes au droit international et aux pratiques internationales". "Elles ne portent atteinte à la sécurité ou aux intérêts économiques d’aucun pays", a déclaré le porte-parole Wang Wenbin, ajoutant: "Des tierces parties n’ont pas à s’y immiscer".

– Méfiance de l’Inde –

Le Yuan Wang 5 a quitté Jiangyin en Chine le 13 juillet. Il devait initialement faire escale le 11 août dans le port de Hambantota, géré par une entreprise chinoise, mais Colombo avait dû repousser sa venue devant les protestations indiennes.

Samedi, après d’intenses négociations diplomatiques, Colombo a finalement annoncé avoir autorisé le bateau à accoster à Hambantota et à y demeurer jusqu’au 22 août.

Le porte-parole du gouvernement sri-lankais Bandula Gunawardena avait souligné que "l’Inde et la Chine nous aident toutes deux dans cette période très cruciale où nous sommes confrontés à une crise économique sans précédent", souhaitant ainsi répondre "diplomatiquement" aux "inquiétudes" de New Delhi.

Lundi, à la veille de l’arrivée du navire, l’Inde a offert au Sri Lanka un avion Dornier 228 afin de renforcer ses capacités de surveillance maritime. L’appareil est chargé d’équipements permettant de surveiller et de brouiller les signaux électroniques. New Delhi s’inquiète de l’influence croissante de la Chine au Sri Lanka, qui s’est fortement endetté au fil des ans auprès de Pékin, pour développer de grands projets d’infrastructures. Elle a ainsi mis en garde contre "toute incidence sur la sécurité et les intérêts économiques de l’Inde (qui) prendrait toutes les mesures nécessaires pour les sauvegarder".

– L’essentiel créancier pékinois –

Pékin est le principal créancier bilatéral du Sri Lanka, détenant plus de 10% de sa dette extérieure.

En 2017, Colombo s’était retrouvé dans l’incapacité d’assurer le service de sa dette de 1,4 milliard de dollars contractée auprès de Pékin pour la construction de Hambantota. Le pays avait alors dû céder le port pour 99 ans à une entreprise chinoise.

Le Sri-Lanka fait face à la pire crise économique de son histoire, avec des coupures de courant et une pénurie de carburant. (AFP)

 

Le Sri Lanka, qui a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars mi-avril, est en négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI) en vue d’un éventuel renflouement.

Mais le soutien de Pékin est essentiel pour que le pays puisse restructurer sa dette avant de pouvoir prétendre à l’aide du FMI. En effet, l’île est confrontée à de graves pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments depuis fin 2021, faute de devises pour financer les importations essentielles.

Avec AFP