Les réactions locales fusent, mercredi, au lendemain de l’attaque de la banlieue sud, bastion du Hezbollah, par l’armée israélienne, qui s’est soldée pour l’instant, par quatre tués (selon les derniers chiffres du ministère libanais de la Santé), près de 79 blessés et des personnes encore portées disparues sous les décombres.

Une délégation parlementaire du Hezbollah, dirigée par le député Ali Ammar, s’est rendue sur les lieux de l’attaque à Haret Hreik. M. Ammar a souligné, à l’issue de sa visite d’inspection, qu’Israël avait pris pour cible une zone résidentielle. "Cela témoigne de l’intransigeance d’Israël et de son mépris des résolutions internationales", a-t-il aussi dénoncé, tout en assurant que le Hezbollah "fera tout ce qui est en son pouvoir pour y faire face".

Se rendant à son tour sur place à la tête d’une délégation parlementaire, le ministre sortant de l’Éducation, Abbas Halabi (Parti socialiste progressiste PSP) a fermement condamné "l’agression criminelle menée par l’ennemi israélien", ajoutant que le Liban ne veut pas la guerre.

Même son de cloche pour le ministre sortant de la Jeunesse et des Sports, George Kallas (Amal), qui a affirmé que "l’attaque israélienne contre la banlieue sud est une attaque contre tout le Liban et son peuple", appelant "la communauté internationale à la considérer comme un acte criminel".

À son tour, le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari (Marada) s’est dit s’attendre "à ce que le Hezbollah réponde à l’attaque dans la banlieue sud", tout en la condamnant fermement. Il a ajouté que les séances du gouvernement resteront ouvertes pour suivre l’évolution de la situation.

Le ministre sortant du Travail, Moustapha Bayram, a reconnu que "le Liban souffre mais qu’il ne tombera pas parce qu’il est fort, et la venue d’une délégation représentant le gouvernement à Haret Hreik confirme la solidarité du gouvernement avec son peuple". Pour lui, "le fait que les Israéliens ciblaient une personnalité ne justifies pas une attaque flagrante d’une telle ampleur contre des civils", estimant que l’Etat hébreu "a enfreint toutes les règles d’engagement".

Un flux de condamnations

Le mufti de la République, cheikh Abdel Latif Derian, et les muftis des régions libanaises, en visite à la Mecque, ont publié une déclaration condamnant "l’agression sioniste terroriste et barbare contre la banlieue sud", estimant qu’il s’agissait d’une agression contre toutes les régions libanaises. Ils ont appelé à l’"union des rangs pour épargner le Liban".

Dar al Fatwa a aussi exhorté "la Ligue arabe, la communauté internationale et tous les peuples libres à dissuader l’ennemi sioniste, qui pratique le terrorisme contre notre peuple au Liban-Sud, à Gaza et en Palestine (…) sans aucune distinction morale ou humanitaire, et ce au mépris de toutes les résolutions internationales.

Condamnant fermement la frappe contre la banlieue sud, l’ancien Premier ministre, Fouad Siniora, a demandé à la communauté internationale de "mette fin à la persistance d’Israël dans sa criminalité et sa violation des lois internationales afin que la paix et la stabilité puissent revenir au Liban-sud". Il a également déploré les morts et les blessés dans les rangs des citoyens de la région de Haret Hreik.

De son côté, le député Ghassan Atallah, membre du bloc parlementaire "Liban fort", a estimé lors d’une interview accordée à la chaîne locale Al-Jadeed que "la situation était très dangereuse" et que "nous devons réfléchir de manière équilibrée à la manière de reconstituer le pouvoir au Liban". Nous serons tous solidaires face à toute agression israélienne, et la position d’aujourd’hui est de défendre le Liban, et il n’y a pas de temps pour les querelles politiques.

Sur son compte X, le chef du rassemblement politique "Koullouna Li Beyrouth" et ancien ministre des Télécoms, Mohamed Choucair, a appelé "le Secrétaire général des Nations unies, le Conseil de sécurité, les pays amis du Liban et les personnes raisonnables du monde entier à intervenir pour convaincre Israël de mettre fin à ses agissements malveillants au Liban, à Gaza et dans toute la région". Il a aussi accusé Israël de vouloir "entraîner toute la région dans une guerre ouverte et destructrice", appelant les responsables libanais à rejeter "la division et la haine durant cette période fatidique".

De son côté, le secrétaire général du Haut Comité de secours, le général Mohammad Kheir, a affirmé son soutien à toutes les personnes ayant perdu leur domicile.

Amal: crime contre l’humanité 

"Le crime commis par l’entité israélienne visant Beyrouth et sa banlieue sud est une lâche agression, un crime contre l’humanité qui nécessite non pas des condamnations verbales, locales, arabes et internationales mais une action globale des parties citées et onusienne urgente pour arrêter la machine à tuer israélienne et son agression", a déclaré la présidence du mouvement Amal dans un communiqué.

Pour ce dernier, Israël a "non seulement franchi les frontières géographiques, mais aussi les lois et les règles morales".

Pour le mouvement Amal, "avec ce un raid perfide qui a visé les personnes en sécurité dans leurs maisons et leurs magasins, l’entité sioniste veut ramener la banlieue sud de Beyrouth à la guerre de juillet 2006".

Diplomates en mission au Liban: pour un apaisement de la situation

Exprimant sa "profonde préoccupation face aux bombardements revendiqués par Israël contre la banlieue sud de Beyrouth densément peuplée et faisant de nombreuses victimes civiles", la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a estimé qu’"il n’y avait pas de solution militaire à la situation actuelle".

Elle a alors exhorté "Israël et le Liban à utiliser toutes les voies diplomatiques pour cesser les hostilités et à s’engager à nouveau dans la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité".

De son côté, l’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, a rappelé que la France a beaucoup œuvré pour éviter l’escalade et le dérapage en appelant les parties concernées à le faire. Et de poursuivre: "Aujourd’hui, nous sommes dans une situation que nous avons toujours redoutée."

À l’issue de sa visite mercredi au Sérail, le diplomate français s’est dit "inquiet", assurant "poursuivre les efforts pour apaiser la situation".

L’ambassadrice des États-Unis, Lisa Johnson, a quitté le Sérail sans faire de déclaration.

Pour sa part, l’ambassadeur de l’Iran au Liban, Mojtaba Amani, a indiqué que "tous les développements politiques, y compris l’agression de Dahyé (Haret Hreik), font l’objet d’un suivi et d’une attention particulière".

 

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