Le bilan des morts s’est alourdi, jeudi, alors qu’Israël a poursuivi pour la deuxième journée une opération militaire de grande envergure en Cisjordanie , en dépit des préoccupations des Nations unies qui estiment que cette opération "alimente une situation déjà explosive".

Israël a lancé des raids coordonnés dans les villes de Jénine, Tubas et Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, tôt mercredi, dans le cadre de ce que l’armée a appelé une opération de "contre-terrorisme".

Des colonnes de véhicules blindés israéliens soutenus par des troupes et des avions de guerre ont été envoyés avant que les soldats n’encerclent les camps de réfugiés de Tubas et de Tulkarem, ainsi que de Jénine, et n’échangent des coups de feu avec des militants palestiniens.

L’armée a déclaré avoir tué cinq militants à Tulkarem au cours des dernières opérations menées en Cisjordanie jeudi, ce qui porte le bilan à 14 morts.

"Après des échanges de tirs, les forces ont éliminé cinq terroristes qui s’étaient cachés dans une mosquée à Tulkarem", a déclaré l’armée dans un communiqué.

Le groupe militant palestinien Jihad islamique a confirmé la mort de Mohammad Jabber, également connu sous le nom d’Abou Choujaa, son commandant dans le camp de réfugiés de Nour Chams à Tulkarem.

Les violences ont causé d’importantes destructions, notamment à Tulkarem, dont le gouverneur a qualifié les raids de "sans précédent" et de "signal dangereux".

Des images de l’AFPTV ont montré des bulldozers arrachant l’asphalte des rues de la ville par précaution contre des explosifs dissimulés. Les autorités ont fait état de dégâts considérables aux infrastructures, notamment aux réseaux d’eau et d’égouts.

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré que 12 Palestiniens avaient été tués au cours de la première journée de l’opération.

Jeudi matin, des habitants ont rapporté à l’AFP que l’armée israélienne s’était retirée du camp d’Al-Faraa, à Toubas, où plusieurs Palestiniens ont été tués mercredi.

Des soldats israéliens continuaient également d’opérer à Tulkarem, selon un autre journaliste de l’AFP.

Le Jihad islamique a annoncé jeudi la mort de son "commandant" dans le camp de réfugiés de Nour Chams à Tulkarem, où l’armée israélienne a indiqué plus tôt avoir "éliminé cinq terroristes", parmi lesquels Mohammed Jabber, dit "Abou Choujaa".

"Abou Choujaa commandant de la brigade de Tulkarem des brigades Al-Qods", la branche armée du Jihad islamique, mouvement islamiste très implanté dans les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie, "est mort avec plusieurs des frères de sa brigade après un combat héroïque contre les soldats de l’occupation" israélienne, affirme le communiqué du groupe.

Mercredi, l’armée israélienne avait dit avoir "éliminé" neuf combattants palestiniens après avoir lancé, dans la nuit, des colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, où les groupes armés en lutte contre Israël sont particulièrement actifs.

Mercredi, le porte-parole de l’autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a déclaré que l’escalade des opérations militaires israéliennes en Cisjordanie, en même temps que la guerre à Gaza, "aurait des conséquences désastreuses".

Sanctions de l’UE contre des ministres israéliens

Entretemps, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell va demander aux Vingt-Sept d’imposer des sanctions aux ministres israéliens, coupables, a-t-il dit, de propager "la haine" contre les Palestiniens. Il a précisé avoir "lancé le processus pour demander aux États membres, s’ils le souhaitent", d’imposer des sanctions à des ministres ayant lancé "des messages de haine inacceptables contre les Palestiniens", sans pour autant les citer.

"Je pense que l’Union européenne ne doit pas avoir de tabous à recourir à ses outils pour faire respecter les droits humains", a-t-il souligné devant la presse peu avant le début d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

La proposition de M. Borrell vise le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité Itamar Ben Gvir, qui appartiennent à l’extrême droite, selon des diplomates.

Cette proposition a néanmoins peu de chance d’aboutir tant les divisions sont fortes entre les 27 depuis l’attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre dernier.

Plusieurs pays, dont la Hongrie, l’Autriche ou la République tchèque, reconnaissent le droit d’Israël à se défendre et bloquent l’adoption de mesures fortes contre les autorités israéliennes.

Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a ainsi qualifié de "dangereuse" la proposition de M. Borrell.

La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock s’est montrée de son côté réticente à l’idée de sanctions, rappelant l’unanimité nécessaire pour prendre une décision.

Les sanctions européennes prévoient une interdiction pour les personnes visées de se rendre sur le territoire de l’Union et une saisie des biens qu’ils détiennent dans l’UE.

Avec AFP

 

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