La reconnaissance tardive d’un immense talent, Olympia Dukakis l’a elle-même expérimentée durant sa carrière, puisque ce n’est qu’à l’âge de 56 ans qu’elle est vraiment sortie de l’ombre, en interprétant l’inoubliable mère de Cher dans Moonstruck (Éclair de lune, 1987) de Norman Jewison.

Née le 20 juin 1931 à Lowell, dans le Massachusetts, fille d’immigrants grecs, elle fait des études de physiothérapie à l’Université de Boston, et exerce le métier de physiothérapeute avant de suivre des études supérieures en arts du spectacle et d’obtenir une maîtrise en beaux-arts. Elle se fait connaître surtout en jouant sur scène, dans des compagnies shakespeariennes locales, fait de la figuration à Broadway dans les années 60, puis connaît un succès, après la fondation de sa propre compagnie, The Whole Theatre Company à Montclair, dans le New Jersey, en 1962, dans plusieurs adaptations, notamment d’Anton Tchekov ou de Tennessee Williams. Primée à plusieurs reprises, elle continuera de produire et de jouer sur scène jusqu’à la fin de sa carrière. Il en va de même pour les milieux de la télévision, qu’elle fréquentera intensivement des années 60 jusqu’à la fin de sa carrière, jouant dans plusieurs séries qui lui vaudront des récompenses.

Au cinéma, elle fait d’abord de la figuration dans plusieurs grands films: Lilith (1964) de Robert Rossen, avec Warren Beatty et Jean Seberg, John and Mary (1969), petite gemme oubliée de Peter Yates avec de très jeunes Dustin Hoffman et Mia Farrow, ou encore The Rehearsal (1974) de Jules Dassin et Death Wish (1974) de Michaël Winner avec Charles Bronson. Elle obtient également des rôles dans The Wanderers (1979) de Philip Kaufman et The Idol Maker (1980) de Taylor Hackford, mais le septième art ne semble pas être son espace de prédilection.

C’est finalement grâce à sa prestation sur les planches de Broadway pour High Security (1986) qu’elle retient l’attention du réalisateur Norwan Jewison. Grâce à Moonstruck et ce rôle de maman pleine d’humour, cynique et déjantée, elle rafle toutes les récompenses, y compris l’Oscar de meilleure actrice dans un second rôle. C’est le début d’une avalanche de rôles qui l’impose, durant une décennie, comme une grand dame du cinéma, dans plusieurs films à succès, parmi lesquels l’amusant Working Girl (1988) de Mike Nichols, aux côtés de Mélanie Griffith, Harrison Ford et Sigourney Weaver; Look Who’s Talking (1989) d’Amy Heckerling, avec John Travolta et Kirstie Alley (et ses deux suites); ou encore le poignant Steel Magnolias (1989) de Herbert Ross, dans lequel elle excelle aux côtés de Shirley MacLaine, Sally Field, Dolly Parton, Dary Hannah et Julia Roberts.

Dans les années 1990, elle joue notamment dans Mighty Aphrodite (1995), l’un des meilleurs crus de Woody Allen, ou Mr. Holland’s Opus (1995) de Stephen Herek. Elle n’arrête pas de tourner jusqu’à la fin de sa carrière. On peut la voir notamment dans l’excellent Away from Her (2006) de Sarah Polley sur la maladie d’Alzheimer, avec une Julie Christie époustouflante de vulnérabilité et de dignité, The Infiltrator (2016) de Brad Furman, et puis tout récemment dans Not to Forget (2021) de Valerio Zanoli.

En dehors du cinéma, Dukakis était la cousine du candidat démocrate malheureux à la présidentielle de 1988 face à George H. W. Bush, Michaël Dukakis. Ardente défenseure des droits de la femme et des causes environnementales, elle était également engagée dans la lutte pour le féminisme et contre la maladie d’Alzheimer, le diabète et l’ostéoporose. Elle meurt le 1er mai 2021, à New York, à l’âge de 89 ans.

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