Des députés français condamnent «l'apartheid» israélien, sitôt accusés d'antisémitisme
©Députée et membre de la coalition de gauche "Nupes", Aurélie Trouve prend la parole lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris. (AFP)

Une vingtaine de députés communistes, ainsi que des élus de la France Insoumise et des socialistes, ont signé une proposition de résolution condamnant le "régime d'apartheid institutionnalisé" par Israël contre les Palestiniens. Ils se sont attirés vendredi une condamnation d'associations qui parlent "d'antisémitisme". Ce débat a déjà divisé la société française par le passé, alors que le président Emmanuel Macron avait réaffirmé à Toulouse en mars dernier, lors de la commémoration des dix ans de la série d'attentats commis par Mohammed Merah, que "l'antisémitisme et l'antisionisme sont les ennemis de notre République".


Le texte accuse Israël d'avoir "mis en place un régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématique par un seul groupe racial".
Coexistence de "deux États"

Le texte accuse Israël d'avoir "mis en place un régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématique par un seul groupe racial". "Depuis sa création en 1948, Israël mène une politique visant à instituer et entretenir une hégémonie démographique juive", est-il encore écrit. Le texte soutient une solution au conflit israélo-palestinien fondée sur "la coexistence de deux États sur la base des frontières de 1967" (avant la guerre des Six-Jours et la prise de la Cisjordanie et Jérusalem-Est notamment, Ndlr).Pour aider à y parvenir les signataires invitent le gouvernement français à "reconnaître l'État de Palestine" mais aussi, à appeler à l'ONU à un embargo sur les fournitures d'armes à Israël, et à imposer des "sanctions ciblées" contre les responsables israéliens "les plus impliqués dans le crime d'apartheid". Enfin, ils demandent la levée des entraves instituées en France aux appels au boycott des produits israéliens.

L'affaire de l'assassinat de la journaliste palestinienne et américaine Shirine Abou Akleh a récemment crée une commotion internationale.
Levée de boucliers

Le texte déposé par le communiste Jean-Paul Lecoq est signé par une vingtaine d'élus de son groupe, dont l'ancien candidat à la présidentielle Fabien Roussel, ainsi que par des élus de La France insoumise (LFI, gauche radicale) comme Adrien Quatennens, la socialiste Christine Pires-Beaune, ou les écologistes Aurélien Taché et Sabrina Sebaihi.


Pour être débattu à l'Assemblée nationale, il faudrait qu'il soit inscrit à l'ordre du jour par le groupe communiste à l'occasion d'une journée réservée à ses textes. Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a vivement réagi en dénonçant une tentative "violente et mensongère" de "délégitimer" l'État d'Israël.

"Cette stigmatisation est le reflet d'un antisémitisme qui s'affuble du masque de l'antisionisme", estime le Crif, pour qui cela contribue à "attiser la haine" en France "au mépris de la sécurité des Français juifs". "Nous ne laisserons pas s'exprimer cet antisémitisme obsessionnel d'une certaine gauche, qui déshonore la République et cherche à enflammer l'opinion", a aussi tweeté la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).

Le député socialiste Jerôme Guedj s'est lui aussi élevé contre cette initiative. "La résolution soutient qu’Israël est un régime d'apartheid, demande la légalisation du boycott des produits israéliens et plaide pour la reconnaissance officielle de la Palestine. Si je peux défendre ce dernier point, les 2 premiers sont inacceptables. Je les condamne", écrit-il sur Twitter.

Avec AFP

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