Dans ce même espace, à l’hôpital psychiatrique où Camille Claudel, la sculpteuse française, élève et amante de Rodin a été internée en 1913 et est décédée trente ans plus tard, a été jouée lors du Festival d’Avignon sur deux jours consécutifs la pièce écrite par de Sophie Jabès: Camille, Camille, Camille, mise en scène par Jean-Pierre Texier.
Née en 1864, Camille Claudel, éprise de sculpture dès son jeune âge, et après avoir été élève d’Alfred Boucher, rejoint à 18 ans l’atelier d’Auguste Rodin en tant qu’élève et devient très vite sa collaboratrice, son assistante, son amante et sa muse. «Mademoiselle Claudel est devenue mon praticien le plus extraordinaire, je la consulte en toute chose», dit-il. Et encore: «Je lui ai montré où trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle.»
Les deux artistes entretiennent une relation passionnée des années durant et pourtant, Rodin ne quitte pas sa compagne Rose Beuret qu’il finit même par épouser peu avant sa mort.
Camille Claudel est surtout reconnue pour ses sculptures La Valse, réalisée entre 1883 et 1905 et symbolisant ses tourbillons passionnels avec Rodin, et L'Âge Mur, en 1899, une double allégorie du temps et de la fin de leur passion, et où l’on voit deux êtres en avant, notamment Rodin et Rose, et à demi-agenouillée derrière eux une femme à genoux, implorante… elle. «On me reproche, Ô crime épouvantable, d’avoir vécu toute seule», écrit-elle.
Un avortement en 1892 marque l’année de la rupture Camille-Rodin. Camille Claudel est dévastée. Elle sombre dans la dépression, la solitude et la paranoïa. En 1913, à la mort de son père, son seul protecteur, sa mère et son frère tant adoré, Paul Claudel, célèbre poète et écrivain, qu’elle surnommait «mon petit Paul», signent son internement dans un hôpital psychiatrique.
Le musée Rodin possède de nos jours une salle consacrée à Camille Claudel, à la demande de Rodin trois ans avant sa mort. Son génie étant reconnu bien après son décès en 1943, un musée dédié à Camille Claudel ouvre ses portes à Nogent-sur-Seine en 2017.
La pièce Camille, Camille, Camille révèle trois Camille aux trois âges: 18 ans, emportée par la passion et la soif de sculpter; 48 ans, avant son internement; et 78 ans. La Camille âgée essaie en vain de convaincre ses deux plus jeunes versions de changer leurs choix de vie. Trois Camille se retrouvent, en effet, miroir sur un banc, face au destin infaillible et à un futur impossible. Des mots sensibles, empathiques, que ceux de Sophie Jabès, qui dévoilent des femmes à fleur de peau dans leurs pulsions et leur rage de «vivre» et dont le texte est interprété par Harmony Devannes, Anne Texier et Farah Benamar de Saint-Germain, qui jouent respectivement les trois âges et incarnent chacune la facette d’une Camille universelle.
Les actrices sont conscientes de l’intensité de jouer dans le même espace où Camille Claudel a été internée. Anne Textier, épouse du metteur en scène Jean-Pierre Texier, appuyant la dimension universelle du ou des personnages, déclare: «Il y a une femme en chacune de nous qui a besoin d’être libérée.»
En guise d’introduction à la pièce, une conférence s’est tenue par André Castelli, conseiller départemental et auteur, mais aussi ancien infirmier en psychiatrie à l’hôpital de Montfavet.
Il affirme: «Depuis un peu plus de quarante ans, je suis attentif à l’histoire du mouvement social, syndical, associatif et politique du CH de Montfavet. J’ai donc dans cette histoire croisé très tôt l’histoire de Camille Claudel qui a été internée dans cet établissement (à l’époque Asile de Montdevergues les Roses) durant vingt-neuf ans, de 1914 à 1943. Cette longue troisième étape de sa vie a été celle d’une abandonnée. Elle a crié durant toute cette période son désespoir sans jamais être entendue par sa famille et notamment son frère. Je suis dans la finalisation d’un roman qui va porter cette histoire rythmée par les lettres de sa mère ordonnant qu’elle ne puisse être en contact qu’avec sa sœur et son frère, les seules douze visites de son frère et les événements de la vie dans l’asile dont elle a été un témoin. Mes conférences visent à sortir Camille Claudel de cet abandon, lui redonner sa liberté et sa dignité dans une santé mentale dégradée. Les conférences sont aussi des temps utiles pour m’assurer de l’intérêt que pourra revêtir mon roman.»
Pour clôturer cette rencontre désormais inscrite dans le temps, une visite du musée de Monfavet était offerte aux spectateurs de la pièce.
Avignon est généreuse en culture, mémoire, archives et scènes théâtrales de l’instant, qui rendent hommage au passé et demeurent, éternelles.
Née en 1864, Camille Claudel, éprise de sculpture dès son jeune âge, et après avoir été élève d’Alfred Boucher, rejoint à 18 ans l’atelier d’Auguste Rodin en tant qu’élève et devient très vite sa collaboratrice, son assistante, son amante et sa muse. «Mademoiselle Claudel est devenue mon praticien le plus extraordinaire, je la consulte en toute chose», dit-il. Et encore: «Je lui ai montré où trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle.»
Les deux artistes entretiennent une relation passionnée des années durant et pourtant, Rodin ne quitte pas sa compagne Rose Beuret qu’il finit même par épouser peu avant sa mort.
Camille Claudel est surtout reconnue pour ses sculptures La Valse, réalisée entre 1883 et 1905 et symbolisant ses tourbillons passionnels avec Rodin, et L'Âge Mur, en 1899, une double allégorie du temps et de la fin de leur passion, et où l’on voit deux êtres en avant, notamment Rodin et Rose, et à demi-agenouillée derrière eux une femme à genoux, implorante… elle. «On me reproche, Ô crime épouvantable, d’avoir vécu toute seule», écrit-elle.
Un avortement en 1892 marque l’année de la rupture Camille-Rodin. Camille Claudel est dévastée. Elle sombre dans la dépression, la solitude et la paranoïa. En 1913, à la mort de son père, son seul protecteur, sa mère et son frère tant adoré, Paul Claudel, célèbre poète et écrivain, qu’elle surnommait «mon petit Paul», signent son internement dans un hôpital psychiatrique.
Le musée Rodin possède de nos jours une salle consacrée à Camille Claudel, à la demande de Rodin trois ans avant sa mort. Son génie étant reconnu bien après son décès en 1943, un musée dédié à Camille Claudel ouvre ses portes à Nogent-sur-Seine en 2017.
La pièce Camille, Camille, Camille révèle trois Camille aux trois âges: 18 ans, emportée par la passion et la soif de sculpter; 48 ans, avant son internement; et 78 ans. La Camille âgée essaie en vain de convaincre ses deux plus jeunes versions de changer leurs choix de vie. Trois Camille se retrouvent, en effet, miroir sur un banc, face au destin infaillible et à un futur impossible. Des mots sensibles, empathiques, que ceux de Sophie Jabès, qui dévoilent des femmes à fleur de peau dans leurs pulsions et leur rage de «vivre» et dont le texte est interprété par Harmony Devannes, Anne Texier et Farah Benamar de Saint-Germain, qui jouent respectivement les trois âges et incarnent chacune la facette d’une Camille universelle.
Les actrices sont conscientes de l’intensité de jouer dans le même espace où Camille Claudel a été internée. Anne Textier, épouse du metteur en scène Jean-Pierre Texier, appuyant la dimension universelle du ou des personnages, déclare: «Il y a une femme en chacune de nous qui a besoin d’être libérée.»
En guise d’introduction à la pièce, une conférence s’est tenue par André Castelli, conseiller départemental et auteur, mais aussi ancien infirmier en psychiatrie à l’hôpital de Montfavet.
Il affirme: «Depuis un peu plus de quarante ans, je suis attentif à l’histoire du mouvement social, syndical, associatif et politique du CH de Montfavet. J’ai donc dans cette histoire croisé très tôt l’histoire de Camille Claudel qui a été internée dans cet établissement (à l’époque Asile de Montdevergues les Roses) durant vingt-neuf ans, de 1914 à 1943. Cette longue troisième étape de sa vie a été celle d’une abandonnée. Elle a crié durant toute cette période son désespoir sans jamais être entendue par sa famille et notamment son frère. Je suis dans la finalisation d’un roman qui va porter cette histoire rythmée par les lettres de sa mère ordonnant qu’elle ne puisse être en contact qu’avec sa sœur et son frère, les seules douze visites de son frère et les événements de la vie dans l’asile dont elle a été un témoin. Mes conférences visent à sortir Camille Claudel de cet abandon, lui redonner sa liberté et sa dignité dans une santé mentale dégradée. Les conférences sont aussi des temps utiles pour m’assurer de l’intérêt que pourra revêtir mon roman.»
Pour clôturer cette rencontre désormais inscrite dans le temps, une visite du musée de Monfavet était offerte aux spectateurs de la pièce.
Avignon est généreuse en culture, mémoire, archives et scènes théâtrales de l’instant, qui rendent hommage au passé et demeurent, éternelles.
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