©Leader du parti d'extrême droite Frères d'Italie, Giorgia Meloni, pourrait devenir la première femme Premier ministre du pays, suite aux élections anticipées qui auront lieu en septembre prochain. (AFP)
Suite à la chute du gouvernement de Mario Draghi, ancien directeur de la Banque centrale européenne (BCE), les craintes se propagent quant à la possibilité qu'un gouvernement de droite radicale prenne sa succession. En effet, les partis Fratelli d'Italia (post-fasciste) et la Lega (anti-immigration), avec la formation de Silvio Berlusconi, sont crédités de 40% des intentions de vote. Une telle alternance au pouvoir aboutirait en un véritable changement de cap, le très atlantiste Mario Draghi laissant la place à des leaders connus pour leurs affiliations avec le président Poutine et leurs positions russophiles.
Le président italien Sergio Mattarella a annoncé la dissolution du Sénat et de la Chambre des députés, ce qui provoquera automatiquement la tenue d'élections anticipées. (AFP)
Leurs formations, Fratelli d'Italia (post-fasciste) et la Lega (anti-immigration), sont créditées de près de 40% des intentions de vote dans les derniers sondages parus, à un peu plus de deux mois d'élections anticipées. En ajoutant Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, l'alliance des droites recueillerait entre 45 et 48% des suffrages.
Hormis le commissaire européen Paolo Gentiloni qui a vertement dénoncé les "irresponsables" ayant poussé dehors le Premier ministre italien Mario Draghi, les premières réactions de dirigeants occidentaux ont été mesurées. Le président français Emmanuel Macron s'est contenté de saluer en Mario Draghi "un grand homme d'État".
Mais en coulisses, les Européens "nourrissent des inquiétudes" car Draghi, qui s'était rendu à Kiev en juin avec Emmanuel Macron et Olaf Scholtz, "était un important facteur de stabilité", selon un diplomate en poste à Rome. "Quelle que soit la couleur politique du futur gouvernement, il faut que le soutien politique, économique et militaire à l'Ukraine continue sans entraves."
Répondant à certains titres libéraux de la presse italienne, Luca Ciriani, patron de Fratelli d'Italia au Sénat, s'est élevé mercredi contre "les fake news annonçant les barbares aux portes" de Rome. "Nous avons montré notre sérieux en politique étrangère, en nous rangeant aux côtés de l'Italie, de l'UE, de l'Otan et de l'Ukraine alors que cela pouvait nous coûter très cher sur le plan électoral."
De fait, au nom de la souveraineté des Etats, Giorgia Meloni a condamné sans ambiguïté l'agression russe en Ukraine et défendu l'aide à Kiev. Mais Matteo Salvini, admirateur déclaré de Vladimir Poutine, peine à se défaire de son image, tandis que Silvio Berlusconi, ami personnel du maître du Kremlin, est resté quasiment muet.
Une potentielle fissure dans le front occidental
Le Premier ministre italien Mario Draghi a présenté sa démission après l'effondrement de son gouvernement de coalition d'unité nationale. (AFP)
Pour le géopoliticien Alfio Sciaresa, "une coalition nationaliste-conservatrice aurait probablement une politique sinueuse, avec un tas de tensions internes liées aux divers positionnements internationaux des trois partis".
L'engagement atlantiste de l'Italie "ne peut être remis en cause" mais "nous pourrions assister à des initiatives isolées des partis de gouvernement qui mineraient la confiance envers notre pays et affaibliraient la politique occidentale vis-à-vis de Poutine", prévient-il.
Dans un éditorial, le journal français Le Monde dit redouter "le bouleversement géopolitique que constituerait le retour au pouvoir, à l'occasion de prochaines élections, en pleine inquiétude énergétique à l'approche de l'hiver, de ces formations au lourd passé de complaisance avec Vladimir Poutine".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est fendu d'un tweet très diplomatique jeudi. Tout en rendant hommage au chef de l'exécutif déchu, il s'est dit convaincu que Rome resterait aux côtés de Kiev : "Sincèrement reconnaissant à Mario Draghi pour son soutien sans faille à l'Ukraine dans son combat contre l'agression russe et la défense des valeurs européennes communes – la démocratie et la liberté".
"Nous continuerons à travailler pour renforcer la coopération entre l'Ukraine et l'Italie. Je suis convaincu que le soutien actif des Italiens à l'Ukraine continuera", a-t-il affirmé.
Mettre fin à la dépendance au gaz russe
Le Premier ministre italien Mario Draghi et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont récemment signé une déclaration commune, dans lequel l'Algérie s'est engagé à augmenter ses exportations de gaz à l'Italie. (AFP)
Autre enjeu crucial pour les Occidentaux, "le futur exécutif devra poursuivre les énormes efforts pour réduire la dépendance de l'Italie à l'énergie russe entrepris par Mario Draghi", qui signait encore en début de semaine un gros contrat d'achat de gaz à l'Algérie, souligne le diplomate européen interrogé par l'AFP.
Hasard du calendrier ? Jeudi matin, les livraisons de Gazprom à l'Italie ont bondi de 70%, à 36 millions de m3/j au lieu des 21 livrés quotidiennement ces derniers jours.
"Difficile de ne pas faire le lien avec la journée de mercredi, où tous les signes convergeaient pour une chute du gouvernement d'unité nationale de l'euro-atlantiste Draghi", avance la revue en ligne Formiche.net, très atlantiste.
Sauf que la Russie a aussi rouvert partiellement jeudi le robinet du gaz pour les autres pays d'Europe en redémarrant le gazoduc Nord Stream.
Avec AFP
Le président italien Sergio Mattarella a annoncé la dissolution du Sénat et de la Chambre des députés, ce qui provoquera automatiquement la tenue d'élections anticipées. (AFP)
Leurs formations, Fratelli d'Italia (post-fasciste) et la Lega (anti-immigration), sont créditées de près de 40% des intentions de vote dans les derniers sondages parus, à un peu plus de deux mois d'élections anticipées. En ajoutant Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, l'alliance des droites recueillerait entre 45 et 48% des suffrages.
Hormis le commissaire européen Paolo Gentiloni qui a vertement dénoncé les "irresponsables" ayant poussé dehors le Premier ministre italien Mario Draghi, les premières réactions de dirigeants occidentaux ont été mesurées. Le président français Emmanuel Macron s'est contenté de saluer en Mario Draghi "un grand homme d'État".
Mais en coulisses, les Européens "nourrissent des inquiétudes" car Draghi, qui s'était rendu à Kiev en juin avec Emmanuel Macron et Olaf Scholtz, "était un important facteur de stabilité", selon un diplomate en poste à Rome. "Quelle que soit la couleur politique du futur gouvernement, il faut que le soutien politique, économique et militaire à l'Ukraine continue sans entraves."
Répondant à certains titres libéraux de la presse italienne, Luca Ciriani, patron de Fratelli d'Italia au Sénat, s'est élevé mercredi contre "les fake news annonçant les barbares aux portes" de Rome. "Nous avons montré notre sérieux en politique étrangère, en nous rangeant aux côtés de l'Italie, de l'UE, de l'Otan et de l'Ukraine alors que cela pouvait nous coûter très cher sur le plan électoral."
De fait, au nom de la souveraineté des Etats, Giorgia Meloni a condamné sans ambiguïté l'agression russe en Ukraine et défendu l'aide à Kiev. Mais Matteo Salvini, admirateur déclaré de Vladimir Poutine, peine à se défaire de son image, tandis que Silvio Berlusconi, ami personnel du maître du Kremlin, est resté quasiment muet.
Une potentielle fissure dans le front occidental
Le Premier ministre italien Mario Draghi a présenté sa démission après l'effondrement de son gouvernement de coalition d'unité nationale. (AFP)
Pour le géopoliticien Alfio Sciaresa, "une coalition nationaliste-conservatrice aurait probablement une politique sinueuse, avec un tas de tensions internes liées aux divers positionnements internationaux des trois partis".
L'engagement atlantiste de l'Italie "ne peut être remis en cause" mais "nous pourrions assister à des initiatives isolées des partis de gouvernement qui mineraient la confiance envers notre pays et affaibliraient la politique occidentale vis-à-vis de Poutine", prévient-il.
Dans un éditorial, le journal français Le Monde dit redouter "le bouleversement géopolitique que constituerait le retour au pouvoir, à l'occasion de prochaines élections, en pleine inquiétude énergétique à l'approche de l'hiver, de ces formations au lourd passé de complaisance avec Vladimir Poutine".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est fendu d'un tweet très diplomatique jeudi. Tout en rendant hommage au chef de l'exécutif déchu, il s'est dit convaincu que Rome resterait aux côtés de Kiev : "Sincèrement reconnaissant à Mario Draghi pour son soutien sans faille à l'Ukraine dans son combat contre l'agression russe et la défense des valeurs européennes communes – la démocratie et la liberté".
"Nous continuerons à travailler pour renforcer la coopération entre l'Ukraine et l'Italie. Je suis convaincu que le soutien actif des Italiens à l'Ukraine continuera", a-t-il affirmé.
Mettre fin à la dépendance au gaz russe
Le Premier ministre italien Mario Draghi et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont récemment signé une déclaration commune, dans lequel l'Algérie s'est engagé à augmenter ses exportations de gaz à l'Italie. (AFP)
Autre enjeu crucial pour les Occidentaux, "le futur exécutif devra poursuivre les énormes efforts pour réduire la dépendance de l'Italie à l'énergie russe entrepris par Mario Draghi", qui signait encore en début de semaine un gros contrat d'achat de gaz à l'Algérie, souligne le diplomate européen interrogé par l'AFP.
Hasard du calendrier ? Jeudi matin, les livraisons de Gazprom à l'Italie ont bondi de 70%, à 36 millions de m3/j au lieu des 21 livrés quotidiennement ces derniers jours.
"Difficile de ne pas faire le lien avec la journée de mercredi, où tous les signes convergeaient pour une chute du gouvernement d'unité nationale de l'euro-atlantiste Draghi", avance la revue en ligne Formiche.net, très atlantiste.
Sauf que la Russie a aussi rouvert partiellement jeudi le robinet du gaz pour les autres pays d'Europe en redémarrant le gazoduc Nord Stream.
Avec AFP
Lire aussi
Commentaires