©Le prince héritier Mohammed ben Salmane est arrivé mercredi soir en France, et dînera avec le président Macron jeudi soir à l'Élysée. (AFP)
Quatre ans après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, qui avait provoqué une véritable mise au ban du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, celui-ci rencontre à l'Élysée le président Emmanuel Macron jeudi soir. Ce "dîner de travail" a principalement pour but de convaincre l'Arabie Saoudite d'augmenter sa production de pétrole, pour réduire l'inflation des prix énergétiques, ainsi que l'importation par Ryad d'armements français. Une rencontre contestée par de nombreuses ONG et personnalités politiques, qui ont déploré l'abandon des droits de l'homme au profit du pragmatisme.
À l'agenda de ce "dîner de travail", la production saoudienne d'hydrocarbures, clefs pour réduire l'inflation des prix énergétiques, et la vente à Ryad d'armements français. (AFP)
Emmanuel Macron reçoit jeudi 28 juillet à dîner le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont c'est la première visite en Europe depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, et ce, malgré la vive colère des défenseurs des droits de l'Homme qui fustigent une visite hautement inappropriée.
Cette rencontre signe un peu plus la "réhabilitation" du dirigeant de facto du royaume, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, qui a définitivement consacré le retour de "MBS" sur la scène internationale, dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l'énergie.
Mohammed ben Salmane est arrivé mercredi soir à l'aéroport parisien d'Orly, où il a été accueilli par le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.
"La visite de MBS en France et de Joe Biden en Arabie saoudite ne changent rien au fait que MBS n'est autre qu'un tueur", a déploré auprès de l'AFP Agnès Callamard, qui avait mené une enquête sur l'assassinat par des agents saoudien de Jamal Khashoggi lorsqu'elle était rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires.
Chroniqueur du Washington Post, critique du pouvoir saoudien, le journaliste avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage.
"Le journaliste saoudien avait notamment appelé à rendre au royaume sa +dignité+ en mettant fin à la guerre +cruelle+ au Yémen, ou encore dénoncé les nouvelles vagues d'arrestations (en Arabie saoudite) consécutives à l'intronisation de MBS", rappelle Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué.
Les services de renseignement américains avaient pointé la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans l'assassinat du journaliste. Le prince héritier dément avoir ordonné l'assassinat, même s'il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant.
La réhabilitation internationale de "MBS"
Le président Macron s'était déjà rendu à Ryad en décembre dernier, participant à la réhabilitation du prince héritier saoudien, ostracisé après le meurtre de Jamal Khashoggi en 2018. (AFP)
En déplacement en Afrique, dont il est revenu jeudi après-midi, le président français Emmanuel Macron reçoit MBS pour un "dîner de travail", prévu à 20H30 de Paris (18H30 GMT) à l'Élysée.
Salué pour ces réformes, MBS est toutefois critiqué à cause de la répression menée contre les dissidents dans les milieux religieux, politique, intellectuel, économique et même au sein de la famille royale. Son image de réformateur avait été mondialement ternie par l'assassinat de Jamal Khashoggi.
Si le "fist bump", salut poing contre poing, échangé entre les deux hommes à Jeddah lors de la visite de M. Biden, a scellé le retour du président américain sur sa promesse de campagne de traiter le royaume en "paria", le premier déplacement de MBS au sein de l'Union européenne passe mal chez les défenseurs des droits de l'Homme.
"MBS peut apparemment compter sur Emmanuel Macron pour le réhabiliter sur la scène internationale malgré le meurtre atroce du journaliste Jamal Khashoggi, la répression impitoyable des autorités saoudiennes contre toute critique, crimes de guerre au Yémen", a taclé sur Twitter la directrice pour la France de Human Rights Watch, Bénédicte Jeannerod.
Son retour en grâce auprès de chefs d'État occidentaux est "d'autant plus choquant que nombre d'entre eux ont exprimé à l'époque leur dégoût (pour le meurtre) et leur engagement à ne pas ramener MBS dans la communauté internationale", a-t-elle dit.
"Macron avait déjà fait le plus gros du travail de réhabilitation en visitant lui-même MBS" à Ryad en décembre dernier, observe Quentin de Pimodan, expert du royaume sunnite à l'Institut de recherche pour les études européennes et américaines, interrogé par l'AFP. "Mais là, on atteint un autre niveau. Il arrive en France, Macron n’est pas là. MBS ne prend plus du tout les pincettes qu’il aurait pu prendre il y a un an ou deux. Il se déplace comme il l’entend", poursuit-il.
Le retour de la realpolitik, au détriment des droits de l'homme
L'affaire Khashoggi semble mise sous le tapis, ce qui a provoqué l'indignation d'élus de la NUPES qui ont déploré une politique du "pétrole et des armes". (AFP)
Moins de quatre ans après l'affaire Khashoggi, l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février a provoqué un affolement des prix de l'énergie.
Les pays occidentaux cherchent depuis lors à convaincre l'Arabie saoudite, le premier exportateur de brut, d'ouvrir les vannes afin de soulager les marchés et limiter l'inflation. Mais Ryad résiste aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.
Face à "des prix de l’énergie qui explosent, (...) clairement, les droits de l’Homme en Arabie saoudite ne sont plus vraiment la priorité dans l’agenda" des pays occidentaux, qui rivalisent de "pragmatisme", relève Camille Lons, chercheuse associée à l'Institut international pour les études stratégiques.
Cette visite controversée a été fustigée par l'ancien candidat écologiste à la présidentielle française Yannick Jadot. "Au menu du dîner entre Emmanuel Macron et MBS, le corps démembré du journaliste Khashoggi ? Le chaos climatique ? La paix et les droits humains (...) Non ! Du pétrole et des armes ! L'exact opposé de ce qu’il faut faire !", a-t-il dénoncé sur Twitter.
Au contraire, la cheffe de file des députés du parti présidentiel Renaissance, Aurore Bergé a jugé "important que le président de la République puisse recevoir un certain nombre de ceux qui sont de facto ses interlocuteurs (...) d'autant plus dans le contexte que l'on connaît, lié (...) aux enjeux énergétiques majeurs que nous avons".
Avec AFP
À l'agenda de ce "dîner de travail", la production saoudienne d'hydrocarbures, clefs pour réduire l'inflation des prix énergétiques, et la vente à Ryad d'armements français. (AFP)
Emmanuel Macron reçoit jeudi 28 juillet à dîner le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont c'est la première visite en Europe depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, et ce, malgré la vive colère des défenseurs des droits de l'Homme qui fustigent une visite hautement inappropriée.
Cette rencontre signe un peu plus la "réhabilitation" du dirigeant de facto du royaume, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, qui a définitivement consacré le retour de "MBS" sur la scène internationale, dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l'énergie.
Mohammed ben Salmane est arrivé mercredi soir à l'aéroport parisien d'Orly, où il a été accueilli par le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.
"La visite de MBS en France et de Joe Biden en Arabie saoudite ne changent rien au fait que MBS n'est autre qu'un tueur", a déploré auprès de l'AFP Agnès Callamard, qui avait mené une enquête sur l'assassinat par des agents saoudien de Jamal Khashoggi lorsqu'elle était rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires.
Chroniqueur du Washington Post, critique du pouvoir saoudien, le journaliste avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage.
"Le journaliste saoudien avait notamment appelé à rendre au royaume sa +dignité+ en mettant fin à la guerre +cruelle+ au Yémen, ou encore dénoncé les nouvelles vagues d'arrestations (en Arabie saoudite) consécutives à l'intronisation de MBS", rappelle Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué.
Les services de renseignement américains avaient pointé la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans l'assassinat du journaliste. Le prince héritier dément avoir ordonné l'assassinat, même s'il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant.
La réhabilitation internationale de "MBS"
Le président Macron s'était déjà rendu à Ryad en décembre dernier, participant à la réhabilitation du prince héritier saoudien, ostracisé après le meurtre de Jamal Khashoggi en 2018. (AFP)
En déplacement en Afrique, dont il est revenu jeudi après-midi, le président français Emmanuel Macron reçoit MBS pour un "dîner de travail", prévu à 20H30 de Paris (18H30 GMT) à l'Élysée.
Salué pour ces réformes, MBS est toutefois critiqué à cause de la répression menée contre les dissidents dans les milieux religieux, politique, intellectuel, économique et même au sein de la famille royale. Son image de réformateur avait été mondialement ternie par l'assassinat de Jamal Khashoggi.
Si le "fist bump", salut poing contre poing, échangé entre les deux hommes à Jeddah lors de la visite de M. Biden, a scellé le retour du président américain sur sa promesse de campagne de traiter le royaume en "paria", le premier déplacement de MBS au sein de l'Union européenne passe mal chez les défenseurs des droits de l'Homme.
"MBS peut apparemment compter sur Emmanuel Macron pour le réhabiliter sur la scène internationale malgré le meurtre atroce du journaliste Jamal Khashoggi, la répression impitoyable des autorités saoudiennes contre toute critique, crimes de guerre au Yémen", a taclé sur Twitter la directrice pour la France de Human Rights Watch, Bénédicte Jeannerod.
Son retour en grâce auprès de chefs d'État occidentaux est "d'autant plus choquant que nombre d'entre eux ont exprimé à l'époque leur dégoût (pour le meurtre) et leur engagement à ne pas ramener MBS dans la communauté internationale", a-t-elle dit.
"Macron avait déjà fait le plus gros du travail de réhabilitation en visitant lui-même MBS" à Ryad en décembre dernier, observe Quentin de Pimodan, expert du royaume sunnite à l'Institut de recherche pour les études européennes et américaines, interrogé par l'AFP. "Mais là, on atteint un autre niveau. Il arrive en France, Macron n’est pas là. MBS ne prend plus du tout les pincettes qu’il aurait pu prendre il y a un an ou deux. Il se déplace comme il l’entend", poursuit-il.
Le retour de la realpolitik, au détriment des droits de l'homme
L'affaire Khashoggi semble mise sous le tapis, ce qui a provoqué l'indignation d'élus de la NUPES qui ont déploré une politique du "pétrole et des armes". (AFP)
Moins de quatre ans après l'affaire Khashoggi, l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février a provoqué un affolement des prix de l'énergie.
Les pays occidentaux cherchent depuis lors à convaincre l'Arabie saoudite, le premier exportateur de brut, d'ouvrir les vannes afin de soulager les marchés et limiter l'inflation. Mais Ryad résiste aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.
Face à "des prix de l’énergie qui explosent, (...) clairement, les droits de l’Homme en Arabie saoudite ne sont plus vraiment la priorité dans l’agenda" des pays occidentaux, qui rivalisent de "pragmatisme", relève Camille Lons, chercheuse associée à l'Institut international pour les études stratégiques.
Cette visite controversée a été fustigée par l'ancien candidat écologiste à la présidentielle française Yannick Jadot. "Au menu du dîner entre Emmanuel Macron et MBS, le corps démembré du journaliste Khashoggi ? Le chaos climatique ? La paix et les droits humains (...) Non ! Du pétrole et des armes ! L'exact opposé de ce qu’il faut faire !", a-t-il dénoncé sur Twitter.
Au contraire, la cheffe de file des députés du parti présidentiel Renaissance, Aurore Bergé a jugé "important que le président de la République puisse recevoir un certain nombre de ceux qui sont de facto ses interlocuteurs (...) d'autant plus dans le contexte que l'on connaît, lié (...) aux enjeux énergétiques majeurs que nous avons".
Avec AFP
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