
Les États-Unis ont dénoncé lundi avec virulence l'initiative franco-saoudienne d'une conférence internationale à l'ONU sur la solution à deux États, israélien et palestinien, parlant d'un "coup de publicité" mal avisé.
«Cette semaine, l'ONU accueillera à New York une conférence improductive et inopportune sur la solution à deux États. Il s'agit d'un coup de publicité qui intervient au milieu d'efforts diplomatiques délicats visant à mettre fin au conflit», a déclaré la porte-parole du département d'État, Tammy Bruce, dans un communiqué.
Il n'y a «pas d'alternative» à la solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité, a plaidé lundi la France à l'ouverture d'une conférence internationale sur cette question à l'ONU.
«Seule une solution politique à deux États permet de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens à vivre en paix et en sécurité. Il n'existe pas d'alternative», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, appelant à des «mesures concrètes» pour préserver la perspective d'un État palestinien «viable».
Après l'annonce jeudi du président français, Emmanuel Macron, qu'il reconnaîtra l'État palestinien formellement en septembre, la conférence convoquée par l'Assemblée générale des Nations Unies, et coprésidée par Paris et Ryad, espère enclencher une dynamique en la matière.
Parmi les grandes puissances que la France aimerait convaincre de sauter le pas figure le Royaume-Uni. Mais le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a répété vendredi qu'une reconnaissance devait «s'inscrire dans un plan plus global». L'Allemagne, pour sa part, ne l'envisage pas «à court terme».
«Tous les États ont la responsabilité d'agir maintenant», a insisté le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa, se disant prêt au déploiement d'une force internationale pour protéger la population palestinienne.
Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 142 des 193 États membres de l'ONU, en comptant la France, reconnaissent désormais l'État palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
En 1947, une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU avait décidé le partage de la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux États indépendants, l'un juif et l'autre arabe. L'année suivante, l'État d'Israël était proclamé.
«Platitudes»
Depuis plusieurs décennies, la grande majorité de la communauté internationale soutient le principe d'une solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité.
Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d'annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d'un État palestinien ne soit physiquement impossible gagne du terrain.
D'où l'idée de cette conférence, qui a lieu toutefois en l'absence d'Israël et des États-Unis.
«Un État palestinien indépendant est la clé de la paix dans la région», a plaidé le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, en ouvrant la conférence.
Mais «nous sommes à un point de rupture. La solution à deux États est plus éloignée que jamais», a alerté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. «Soyons clairs, l'annexion insidieuse de la Cisjordanie est illégale, ça doit s'arrêter. La destruction à grande échelle de Gaza est intolérable, ça doit s'arrêter», a-t-il martelé, dénonçant les actions «unilatérales» qui pourraient «saper à jamais» la solution à deux États.
Au-delà de créer une dynamique pour la reconnaissance de l'État palestinien, la conférence se concentrera sur trois autres axes: la réforme de la gouvernance de l'Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, et enfin la normalisation des relations avec Israël par les États arabes qui ne l'ont pas encore fait.
Aucune annonce de normalisation avec Israël n'est attendue cette semaine, selon une source diplomatique française.
La pression internationale ne cesse de s'intensifier sur Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre 2023.
La catastrophe humanitaire dans le petit territoire ravagé devrait donc être au cœur des discours des représentants de plus de 100 pays annoncés à la tribune de lundi à mercredi, même si Israël a déclaré dimanche une pause quotidienne des combats à des fins humanitaires dans certains secteurs.
Dans ce contexte, «plus de platitudes sur la solution à deux États et le processus de paix n'aideront pas à atteindre les objectifs de la conférence ni à arrêter l'extermination des Palestiniens à Gaza», a lancé Bruno Stagno, de Human Rights Watch, appelant les gouvernements à prendre des mesures «concrètes» contre Israël, notamment des sanctions ciblées, un embargo sur les armes et une suspension des accords commerciaux.
AFP
Commentaires